Tchad : Alerte sur la sécurité alimentaire 24 novembre 2008 – Relief
La recrudescence de l’insécurité civile entrave les actions humanitaires à l’Est
L’insécurité causée par les actes de banditisme et la résurgence du conflit interethnique continue d’altérer la situation humanitaire de quelques 580 000 personnes dans la zone d’accueil des réfugiés et personnes déplacées de l’Est. Alors que les organisations humanitaires sont particulièrement ciblées par le banditisme armé à Adé, Dogdoré, Goz Beida, Iriba, Guéreda, et Abéché cette année (Figure 1), la reprise du conflit intercommunautaire Zakawa-Tama en novembre dans la zone de Guereda a conduit au déplacement des centaines de familles Tama. Cette montée de l’insécurité civile a réduit la capacité opérationnelle des agences humanitaires et pourrait compromettre une amélioration alimentaire et nutritionnelle des personnes vulnérables avec les nouvelles récoltes en cours. Une assistance supplémentaire est nécessaire avant le commencement de la prochaine saison pluvieuse, à partir de juin 2009.
L’insuffissance du contrôle civil, la présence des bandes d’hommes armés, et la fin de la saison pluvieuse ont conduit à une augmentation soutenue de l’insécurité civile dans l’est du Tchad au cours des derniers mois. Les actes répétés de banditisme sur les agences humanitaires, notamment à partir du mois de septembre, ont contraint certaines organisations humanitaires à réduire leur staff ou suspendre temporairement les activités dans certaines zones. Cette situation a limité le volume d’intervention et de prévention dans ces zones, occasionnant une détérioration des conditions de santé et nutritionnelles. Les taux de Malnutrition Aigue Globale (poids/taille Z-score <-2 écarttype) entre juillet et août 2008 excédent 10 pour cent dans la majorité des 12 camps de l’Est, reflètent une détérioration comparée à l’année 2006. La zone fait également face à une pénurie d’eau sur certains sites dans le Département d’Assoungha, une épidémie de la poliomyélite au pays, et une hépatite E qui sévit à Dogdoré et qui pourrait se propager faute d’un dispositif de suivi.
La recrudescence de l’insécurité civile actuelle menace aussi les opérations de récoltes et la mise en place des cultures de contre saison, limite l’accès au pâturage, et perturbe les flux commerciaux des produits agricoles et d’élevage. Une persistance de l’insécurité pourrait conduire à une perturbation des approvisionnements, affecter le pré positionnement avant la prochaine saison pluvieuse, et conduire à des ruptures de stock avec l’impraticabilité des routes pendant l’hivernage. Le manque d’accès aux sources de revenus et alimentaires et la dépendance accrue sur les marchés, en raison des attaques, des déplacements, et la diminution d’assistance humanitaire, pourraient faire monter les prix – déjà élevés – pour les denrées alimentaires et produits de base, menaçant la sécurité alimentaire des ménages pauvres et moyens.
Le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) aide actuellement les réfugiés soudanais, les déplacés internes, et les populations hôtes de l’Est, intégrant une contingence en cas de conflit. Toutefois, le pipe line alimentaire connaîtrait des pénuries sévères à partir de mars 2009 (31 321 tonnes) et les ressources supplémentaires pour le pré positionnement sont nécessaires avant la saison pluvieuse, tandis que les interventions urgentes (les soins de santé, couverture vaccinales, fourniture d’eau potable et d’assainissement) devraient être augmenté. En outre, en dépit de l’assistance humanitaire d’urgence en cours, un suivi supplémentaire est nécessaire pour prévenir une détérioration alimentaire de plus de 350 familles Tama déplacées en novembre, du fait des dégâts et perturbations occasionnés par le conflit sur leurs récoltes pluviales et la conduite de leurs cultures de contre saison d’hiver. Les mesures prises récemment par le gouvernement et ses partenaires (les augmentations des forces chadiens et du MINURCAT, l’intensification des patrouilles de l’EUFOR, et les échanges des ambassadeurs entre le Tchad et le Soudan) pourraient améliorer la sécurité civile et l’accès humanitaire.
Toutefois, d’autres forces de sécurité, y compris la relève à temps des éléments de l’EUFOR dont le Mandat expire en mars 2009 par des forces onusiennes, pourraient renforcer davantage les conditions sécuritaires dans la zone.