De Toumaï à Sapiens, les origines de notre espèce à la Cité des Sciences – L’Express
Du plus vieil hominidé jamais découvert dans le désert du Tchad à l’homme moderne, la quête de nos origines est au centre de l’exposition « De Toumaï à Sapiens, la ruée vers l’homme » qui se tient du 12 février au 17 juin à la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris.
Le crâne de Toumaï (Sahelanthropus tchadensis), mis à jour en 2001 au Tchad, considéré par de nombreux paléontologues comme le « doyen de l’humanité » et vieux de 7,04 millions d’années, y est exposé pour la première fois en Europe.
Le « père » scientifique de Toumaï, le professeur au Collège de France Michel Brunet, a jalousement gardé le crâne qui n’a été exposé jusqu’ici qu’une seule fois au Japon, en 2005.
A la Cité des Sciences « un film opacifiant a été posé pour masquer les détails » car le Pr Brunet veut encore garder le monopole des travaux de recherche sur le crâne, a expliqué à l’AFP, Alain Labouze, concepteur de l’exposition.
Le statut de plus vieil hominidé de Toumaï, s’il compte encore beaucoup de détracteurs, est aujourd’hui accepté par le paléontologue Yves Coppens, conseiller scientifique de l’exposition, que le crâne sahélien a fait renoncer à sa théorie de l’East Side Story.
Selon cette dernière, les hommes seraient apparus à l’est de la vallée du Rift, en Afrique de l’Est, tandis que les grands singes peuplaient l’ouest du continent.
« Plus on s’approche chronologiquement de la séparation entre hommes et singes (il y a 10 à 7 millions d’années), plus les fossiles présentent des caractères mélangés, propres aux deux lignées », explique un panneau de l’exposition.
Une chose est sûre, « nous sommes tous tropicaux et Africains » d’origine, a déclaré M. Coppens lors d’une conférence de presse mercredi à la Cité des Sciences.
« Comme les cochons et les chevaux, nous sommes apparus par nécessité d’adaptation à un changement climatique », a poursuivi le paléontologue.
Face à ceux qui remettent encore en question les découvertes de Darwin, M. Coppens a déclaré que « l’évolution n’est plus à débattre: ce n’est pas une hypothèse, ni une théorie, c’est un fait. Ce qui se discute, ce sont les modalités de l’évolution », a souligné Yves Coppens.
Au total, seuls 2.000 fossiles humains ont été découverts dans le monde, ce qui est très peu au regard des 10 milliards d’humains ayant vécu depuis les origines du genre Homo. « On est méritants de raconter une histoire avec ce qu’on a », a encore dit M. Coppens.
Des panneaux présentent les outils et les dernières techniques de la paléontologie, comme le comptage d’atomes de potassium et d’argon pour la datation, qui permettent de remonter beaucoup plus loin dans le temps que le carbone 14, qui s’arrête à 50.000 ans.
D’autres expositions sur le thème de l’évolution de notre espèce se déroulent à partir du 12 février à Auxerre, Besançon, Blois, Bourges, Chartres, Dijon, Marseille, Nantes, Orléans et Strasbourg, et plus tard courant 2009 à Aix-en-Provence, Clermont-Ferrand, Montébliard et Montpellier.