Tchad / Justice internationale: Le gouvernement tchadien accepte que Habré soit jugé en Belgique – Rfi
Bruxelles a demandé, la semaine dernière, à la Cour internationale de justice (CIJ) d’ordonner au Sénégal de poursuivre l’ancien président tchadien, actuellement en résidence surveillée à Dakar, ou de l’extrader vers la Belgique.
Hissène Habré est accusé, notamment, de complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité quand il était au pouvoir, de 1982 à 1990. Le président Wade du Sénégal avait récemment menacé de le remettre à l’Union africaine (UA) à cause du manque de soutien financier international pour organiser un procès. Pour les autorités tchadiennes, l’important maintenant c’est de juger Hissène Habré, en Belgique ou ailleurs.
Le 20 février dernier, les autorités belges avaient demandé à la CIJ d’ordonner au Sénégal de poursuivre pénalement Hissène Habré ou de l’extrader pour qu’il soit jugé en Belgique. Des plaintes contre l’ancien dictateur avaient été déposées à Bruxelles en 2000 et 2001 par un ressortissant belge d’origine tchadienne et par des Tchadiens.
Dans sa requête à la CIJ, la Belgique rappelle que l’ancien président tchadien, réfugié au Sénégal depuis sa chute du pouvoir en 1990, avait été inculpé en 2000 à Dakar pour complicité de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et torture d’opposants pratiqués par son régime. Plusieurs plaintes ont été déposées devant la justice belge par des Belges ou des Tchadiens, mais le Sénégal a rejeté, en 2005, une demande d’extradition formulée par les autorités de Bruxelles qui craignent que Habré puisse s’enfuir de son pays d’exil.
18 milliards de francs CFA
Le président sénégalais Abdoulaye Wade avait déclaré, le 3 février dernier, qu’il pouvait mettre un terme au régime de résidence surveillée de M. Habré et le remettre à l’Union africaine (UA), soulignant que la communauté internationale n’était pas disposée à financer le procès de l’ancien dictateur tchadien. En 2006, l’UA avait mandaté le Sénégal pour juger Habré, mais aucune information judiciaire n’a été ouverte.
Les bailleurs de fonds considèrent excessif le montant de 27 millions d’euros (18 milliards de francs CFA) demandé par Dakar pour ce jugement. Plusieurs organisations humanitaires et associations de victimes du régime Habré se sont plaintes, à plusieurs reprises, des lenteurs de la justice sénégalaise ; elles ont même appelé les Nations unies à obliger le Sénégal à démarrer le procès.
Pour les autorités du Tchad, l’important est que l’ancien dictateur soit jugé. Ndjamena serait même favorable à une extradition de l’ancien président tchadien vers la Belgique. Le ministre tchadien des Droits de l’homme, Abderamane Djasnabaye, considère que « l’important c’est de le juger, quitte à ce que la justice belge s’en charge à la place de la justice du Sénégal », où s’est réfugié Hissène Habré depuis près de vingt ans.
Abderamane Djasnabaye, Ministre tchadien des Droits de l’homme: « L’Union africaine a confié l’affaire au Sénégal et depuis cette affaire n’avance pas. »