Tchad/Ebodé: "interrogatoire musclé" – Afp

Le journaliste camerounais Innocent Ebodé, directeur de l’hebdomadaire privé tchadien La Voix, qui a été enlevé avant-hier et expulsé du Tchad, a affirmé avoir subi un « interrogatoire musclé » avec « des coups de poing » à N’Djaména.

« On m’a bousculé, j’ai reçu des coups de poings sur les côtes. Ils (les kidnappeurs, NDLR) m’ont soumis à un interrogatoire musclé« , a expliqué Innocent Ebodé, joint par téléphone depuis la ville camerounaise de Kousséri, frontalière du Tchad.

Dimanche, « au moment où je sortais de chez moi (à N’Djamena) avec un collègue, une voiture (…) s’est arrêtée brusquement devant nous et un monsieur en costume et lunettes noires » en est sorti « et m’a poussé » dans le véhicule où se trouvait un autre homme, a expliqué le journaliste.

« On est arrivé dans un endroit désert, une espèce de no man’s land. Il y avait plusieurs carcasses de voitures. Quatre autres personnes habillées en costumes et lunettes noires sont sorties de nulle part derrière nous« , a expliqué Innoncent Ebodé. « On m’a introduit dans une pièce sombre, sur la table il y avait des pistolets en évidence. (…) On m’a demandé qui est le propriétaire du journal, qui le finance, si le financement vient de l’extérieur« , a-t-il précisé. « On m’a dicté un texte qui dit en substance que je ne dois plus mettre les pieds au Tchad, texte que j’ai signé sous la menace« , a ajouté le journaliste camerounais.

Expulsé du Tchad mi-octobre officiellement pour séjour irrégulier, Innocent Ebodé était retourné à N’Djamena début décembre. Il a été interrogé par les services de sécurité tchadiens avant-hier puis « reconduit à la frontière », a affirmé ce matin une source militaire camerounaise.

Le 3 décembre, la justice tchadienne avait ordonné la saisie de toutes les publications de La Voix, estimant que le journal n’était pas en règle sur le plan administratif. Pour son avocat, l' »enlèvement » vise à empêcher Innocent Ebodé d’assister à une audience prévue cette semaine, qui aurait permis de constater que la décision de saisie « est devenue caduque ».


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