Tchad : M. Déby, votre hardiesse risque d’être punie – AfriSCOOP
Le président du Tchad, Idriss Déby Itno, à travers une sortie médiatique, a apporté une touche particulière à la célébration du 50ème anniversaire de l’accession de son pays à la souveraineté internationale.
Il a souhaité une reconsidération politique de « l’Opération Epervier » qui fait camper depuis 1986 des soldats français sur son territoire. Pour un régime qui doit presque tout à la France, doit-on lire à travers son geste une tentative de séduction de ses compatriotes ou une grande innovation en Afrique francophone ?
Les derniers gardiens du temple « Françafrique » à l’Elysée ont été assurément surpris par la déclaration d’Idriss Déby Itno le jour de la célébration des 50 ans d’indépendance du berceau de Toumaï (ancêtre de l’humanité). Le pouvoir de N’djamena est-il subitement devenu amnésique vis-à-vis de Paris ? Dans les premiers cercles du pouvoir français, on a toujours, à coup sûr, en mémoire les interventions des soldats français aux côtés de l’armée tchadienne qui était en déroute. Nous étions en 2006 et en 2008. Sans oublier qu’en 1986, l’opération militaire sus-décrite a été mise sur pied pour soutenir le Tchad qui était attaqué par la Libye. L’entretien des 1.000 soldats de « l’Opération Eperviers » coûte au contribuable français 40 millions d’euros (environ 26.240.000.000 de fcfa) par an. Côté tchadien, on estime que cette opération ne rapporte rien à l’économie locale car le matériel et le personnel « d’Epervier » sont exemptés de droits de douane. C’est notamment la position de la Chambre du commerce de ce pays et du président Déby Itno.
Une position que ne partage pas, indirectement, les dirigeants français en expliquant que la mise en place de « l’Opération Epervier » a permis de réaliser plusieurs œuvres sociales et humanitaires auprès des populations tchadiennes comme la construction d’écoles, la réalisation d’opérations chirurgicales, etc. En des termes plus clairs, les récentes déclarations du ministère français des Affaires étrangères indiquant que Paris est prête à concevoir sous un autre jour le bien-fondé « d’Epervier » n’est que du saupoudrage habile. Selon le chercheur français Rolland Marchal, N’djamena a visiblement besoin d’argent ; ce qui motive à ses yeux sa décision de reconsidérer la présence militaire française sur son sol.
Quand on jette un œil sur le coût de la simple location de la base de Djibouti qui envoie annuellement 30 millions d’euros (soit près de 19.680.000.000 de fcfa) dans les caisses de l’Etat djiboutien, on comprend mieux le bien-fondé et l’opportunité du discours précité de M. Déby. Une chose est d’avoir la volonté d’innover, une autre est de la concrétiser. Sur ce point, le président tchadien semble “jouer avec les nerfs