Ngaoundéré : la communauté tchadienne aux abois – Le Message
De violentes rixes ont éclaté le samedi 14 aout au siège du SNCT situé en plein cœur de la gare marchandise de Ngaoundéré. D’un côté la bande à Mohomad Zen Hamad (Sg du SNCT) déterminé à en découdre avec l’autre clan managé par sieur Damane ABderkader Damane, un « dissident-rebelle du syndicat » à qui il est reproché d’avoir non seulement fondé un syndicat parallèle, le syndicat national (SYNACOR) des conducteurs routiers tchadiens), mais aussi de s’être accaparé des locaux du SNCT « qu’il refuse » mordicus de libérer.
A bout de finesse, ses détracteurs ont employé la méthode forte. C’était sans compter avec un quelconque laisser-faire des partisans du SYNACOR gonflé à bloc et presque sur la défensive. N’eut été l’intervention musclée du délégué régional de la sûreté nationale, les empoignades entre syndicalistes tchadiens auraient causé mort d’hommes.
A y regarder de près, ce bras de fer cacherait un conflit de clans. Ou plutôt une rivalité ethnique entre les Zakawa (dont est issu le président Idriss Déby Itno) et non les Zakawa résidents à Ngaoundéré. C’est en tout cas la ferme conviction de Damane a. Damane, « J’ai démissionné du Snct parce qu’il y a eu du désordre. Nous sommes du Synacor, nous défendons les intérêts des chauffeurs qui sont les employés des transporteurs. Le BNF n’a aucune relation avec le syndicat des chauffeurs. Donc maintenant il y a 3 syndicats. Il n’y a pas une convention sans les chauffeurs. Nous sommes là depuis au Cameroun. Les dégâts d’hier (Ndlr, 14 août) ce n’est même pas un dégât, c’est une agression (…) ils ont dit que ceux qui ne sont pas des Zakawa vont voir, qu’ils vont nous montrer » a pesté le fondateur du SYNACOR par un français approximatif. Le syndicaliste ne s’est pas empêché de brandir son récépissé de dépôt « légal » délivré au Tchad par le préfet du Chari-Baguirmi.
Les clameurs du syndicaliste « rebelle » sont balayées du revers de la main par Mohomad Zen Hamad, « ce type là, quand il était au SNCT ils ont détourné tout l’argent du syndicat avec tous les véhicules. Maintenant que les membres leur demande de rembourser, ils quittent pour aller créer un autre syndicat appelé SYNACOR. On ne peut pas les laisser continuer. S’ils veulent créer leur syndicat ils n’ont qu’à chercher leur bureau ailleurs. Ils ont cassé nos plaques pourquoi ? On ne peut pas continuer à travailler avec les voleurs». Le Sg du SNCT s’est interdit d’avancer un quelconque montant pour des raisons « de cuisine interne ».
Sentence à la dimension des bavures
Mardi 17 aout 2010. Une réunion de crise est convoquée dare dare par le gouverneur Enow Abrams Egbe dans ses services. Avec autour de la table les membres des syndicats tchadiens rivaux et le représentant du bureau national de fret (BNF) tchadien. Les concertations n’ont duré que le temps de la sentence (sans appel) prononcée par le gouverneur de l’Adamaoua. Et pour cause, « l’exercice de l’activité syndicale incombe strictement aux nationaux. Dans ce cadre là, il n’y a aucune loi qui autorise les syndicats des pays autres que le syndicat du pays qui héberge d’exercer ses activités. Ces syndicats nous ont échappés jusqu’à présent parce que nous ne savions même pas qu’ils existaient. Le Tchad étant un pays ami, nous avons de bonnes relations et la communauté tchadienne vivant ici est en paix. Nous venons de découvrir un problème qui a perturbé l’ordre public parce qu’il y a eu bagarres. Alors il est hors de question que les gens qui pour des raisons économiques ou politiques puissent quitter leur pays et viennent recoudre leur problème ici. Ca c’est un problème interne tchadien. Nous avons pris une décision énergique qui est celle de frapper tous les syndicats tchadiens concernés. Donc leurs activités sont suspendues à compter de ce mois, ce qui va être consacré par un décret. Parce qu’aucun pays ne peut laisser des nationaux d’un autre pays venir exercer et créer des rivalités dans son propre pays. L’interlocuteur valable des transporteurs tchadiens à Ngaoundéré c’est le BNF et nous le tenons responsable de tout dérapage qui aura lieu ».
La décision du gouverneur est justement saluée par le chef de la communauté tchadienne (Garba B. Kerim) et le chef d’agence BNF de Ngaoundéré. Id Djeroua Sougour Dindima se dit « très heureux parce qu’il y a eu beaucoup de désordre dans cette région. Le BNF est une représentation tchadienne par rapport à la convention en matière de transport routier entre la République du Tchad et la République du Cameroun. C’est le seul arbitre qui peut gérer tout ce qui se rapporte au transport entre les deux pays. Le gouverneur l’a dit il faut qu’on mette les choses en ordre. Il ne faut pas que les syndicalistes tchadiens viennent créer du désordre ici. Il y eu des syndicats qui se sont crées des nouveaux ; des bagarres et ça je ne le savais même pas. Je le redis, il y a pas de syndicalisme tchadien au Cameroun. ça c’est au Tchad uniquement »
Les choses semblent rentrées dans l’ordre à la gare marchandise de Ngaoundéré. Des scellés sont apposés sur ce qui tenait lieu de siège au SNCT ou au SYNACOR. Du côté du BNF l’on est plus que jamais prêt à réprimer toute éventuelle activité syndicale tchadienne à Ngaoundéré.