Le Tchad ne veut pas d’une force militaire internationale – Reuters

Le gouvernement tchadien ne souhaite pas le déploiement d’une force des Nations unies dans l’est du pays, enproie à des violences, de crainte que ses voisins y voient une menace, a déclaré lundi le Premier ministre Nouradine Delwa KassireCoumakoye.

Interrogé par RFI, il a aussi exclu l’ouverture de discussions de paix avec les rebelles de l’Est tchadien tant qu’ils n’acceptent pas l’autoritédu gouvernement du président Idriss Déby.

Une mission de l’Onu s’est rendue au Tchad pour tenter de convaincre Déby d’accepter le déploiement d’une force d’interposition de l’Onuà la frontière orientale afin d’y éviter la propagation du conflit qui fait rage dans la région soudanaise du Darfour.

Des organisations humanitaires jugent que ce déploiement, préconisé par le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon, est nécessaire à laprotection des 234.000 réfugiés soudanais et des 120.000 civils tchadiens qui ont fui les attaques successives de groupes armés de part etd’autre de la frontière.

Mais le gouvernement tchadien, qui combat à l’Est des insurgés qu’il dit soutenus par le Soudan, se déclare prêt à accepter seulement uneforce de police de l’Onu et non le déploiement de casques bleus.

« Nous ne voulons pas de casques verts ou de casques bleus, nous ne voulons pas de la guerre« , a dit Coumakoye, en visite à Paris, enfaisant apparemment allusion aux forces de l’Union africaine et des Nations unies.

« Nous ne voulons pas donner une occasion pour que nos voisins pensent que nous avons amené des forces de la communautéinternationale pour combattre nos adversaires« , a-t-il ajouté sans préciser à quels voisins il faisait allusion.

RETICENCES DE KADHAFI

Depuis plusieurs mois, le Soudan s’oppose au déploiement d’une force internationale de maintien de la paix au Darfour où des violencesont fait quelque 200.000 morts depuis 2003.

Khartoum a néanmoins accepté récemment le renforcement par l’Onu d’une mission de maintien de la paix de l’Union africaine au Darfour.

Diplomates et observateurs notent que Déby doit aussi tenir compte des réticences du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, très hostile audéploiement à sa frontière sud d’une force multinationale contrôlée par les Occidentaux.

Coumakoye a déclaré que le gouvernement tchadien souhaitait que l’Onu soutienne le déploiement d’une force de police, et non demilitaires, pour protéger les réfugiés, les civils déplacés et les travailleurs humanitaires dans l’est du Tchad.

« Il faut que les Nations unies nous aident pour les moyens« , a-t-il dit.

Le Premier ministre tchadien a aussi posé la reconnaissance des institutions tchadiennes par les insurgés de l’Est comme préalable àl’ouverture de tout dialogue politique. « S’ils acceptent de ne plus remettre en cause les institutions, on peut dialoguer avec eux, c’est clair« ,a-t-il dit.

Les dirigeants de la rébellion, qui accusent le régime actuel de corruption et mettent en cause sa légitimité, réclament un dialogue politiquenational afin d’organiser des élections anticipées destinées à désigner un successeur à Déby.

Déby, qui s’est emparé du pouvoir en 1990 à la faveur d’une rébellion déclenchée dans l’Est, a été réélu l’an dernier au terme d’électionsboycottées par les principaux partis politiques.


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