La Une de N’DJamena BI-HEBDO N° 938 du 30.03.06
A vaincre sans péril…
Désormais les choses sont claires: après avoir apporté la démocratie au peuple tchadien en décembre 1990, IDI peut tout aussi souverainement mettre fin à l’expérience. C’est ainsi qu’il convient d’interpréter la tournure des événements avec la clôture de la liste des candidats à la présidentielle 2006. Depuis plus de deux ans, les principaux ténors de l’opposition, individuellement comme collectivement, ont exprimé à l’exécutif leurs préoccupations quant à la situation générale du pays et aux conditions minimum pour la tenue des consultations électorales. Ils ont fait preuve d’une constance remarquable illustrée par le yo-yo du recensement post-referendum d’abord, puis le fiasco du referendum lui-même.
Sûr de son affaire et sans doute encouragé dans l’entêtement par certains appuis extérieurs, IDI qui ne considère la démocratie que comme un moyen et non une fin a fait la sourde oreille à toute note discordante à la musique qu’il a concoctée pour le Tchad. En fait, 101 et ses principaux conseillers nationaux et étrangers de naguère avaient tissé la toile qui enveloppe le pays aujourd’hui. Tout le monde savait que la mise en place d’une armée notoirement clanique était une grande entrave à l’instauration d’une démocratie véritable au Tchad. Les Français qui ne pouvaient l’ignorer ont laissé la chose se faire. Bien plus, ils ont financé à grands frais une réforme qui n’a jamais vu le jour et se sont farouchement opposés à ce que d’autres partenaires et expériences soient tentées dans ce domaine.
Pendant longtemps les partenaires et notamment les Français ont fait valoir la division et l’inconstance de l’opposition tchadienne comme étant le principal argument militant pour leur appui à un IDI dont chacun peut mesurer l’inefficacité et l’inaptitude à résoudre les problèmes du pays qui vont de la cohabitation raisonnable entre les communautés nationales à la gestion transparente des finances publiques.
La preuve est désormais administrée qu’il n’a réussi nulle part. Le Tchad demeure le pays le plus instable de l’Afrique comme en témoigne la cascade de coups d’Etat et autres complots. Rien que les derniers événements donnent une mesure des dépenses énormes qu’il faut consentir pour assurer la sécurité. D’autres méthodes auraient pu avoir des effets plus efficaces, et sûrement à moindre coût. IDI n’est pas homme à privilégier ces méthodes. Il préfère la méthode forte en toute circonstance.
Aujourd’hui, on peut constater qu’il ne reste plus à IDI qu’à faire la guerre. Il doit guerroyer contre les différentes rébellions qui pullulent dans le pays. Le coût en pertes humaines et destruction de biens sera certainement important sans que la paix ne soit jamais établie. Les seize années de cette pratique l’illustrent à merveille.
De l’autre côté, il faut noter que la bataille sera rude pour assurer une certaine crédibilité à une consultation biaisée de bout en bout. L’unanimité dont fait montre l’opposition actuellement est la meilleure réponse à opposer à ceux qui n’ont de cesse de demander: qui en dehors de IDI? Maintenant qu’il est seul, on mesurera la vanité de cette affirmation. Sans adversaire de poids, le roi sera certainement nu.
La Rédaction de N’DJamena BI-HEBDO