La rébellion inflige un échec à l’Ant: N’DJAMENA BI-HEBDO du 3 avril 2006
De sérieux affrontements ont eu lieu dans la matinée du 30 mars 2006 entre les forces gouvernementales et les rebelles du Front uni pour le changement démocratique (Fucd). L’Armée nationale tchadienne a enregistré de lourdes pertes lors de ce combat.
Qui a lancé l’attaque? De chaque côté, on rejette la responsabilité de l’attaque sur l’autre partie. « La représentation extérieure du Front uni pour le changement démocratique porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale qu’une fois encore et en l’espace d’une semaine, les mercenaires d’Idriss Déby ont récidivé en attaquant cette matinée du 30 mars à 11 H ses positions dans la localité de Moudéina », indique le représentant extérieur et porte-parole du Fucd, Laona Gong Raoul, dans un communiqué de presse signé le même jour à Paris.
Selon ce communiqué, « comme à Hadjer Marfaïne le 20 de ce mois, la horde des mercenaires à la solde de l’autocrate ont eu la réplique qu’ils méritent et ont été mis en déroute et les survivants en débandade sont activement pourchassés par les forces du front uni pour le changement démocratique ».
Cette information est démentie par le ministre de l’Administration du territoire, Mahamat Abdallah Nassour, dans une communication relative à cette attaque, qu’il a faite le 31 mars 2006. Selon le gouvernement, l’attaque de l’armée tchadienne a été perpétrée par des éléments soudanais. Actuellement, la localité de Moudéina est entièrement sous le contrôle des forces gouvernementales, a indiqué le ministre de l’Administration du territoire.
Par rapport au bilan de cette attaque, le communiqué des rebelles indique: « En attendant de porter à votre connaissance le bilan définitif de l’action aventurière des mercenaires, nous indiquons à titre provisoire ce qui suit. Les forces du changement ont infligé aux aventuriers de lourdes pertes humaines dont celle du colonel Bahr Bahr Sini, com-ops de Tiné et neveu de Déby. Le général youssouf Abakar Itno, commandant de l’armée de terre a été grièvement blessé. Sur le plan matériel, les forces du changement ont récupéré deux chars et en ont détruit un. 28 Toyota ont été saisies. Nous comptabilisons plusieurs centaines de prisonniers dont un général et de nombreux ralliements d’officiers et de soldats dont la liste complète sera portée à votre connaissance dans les prochaines heures ».
Mahamat Ali Abdallah Nassour indique pour sa part que l’Ant déplore une dizaine de morts, dont le chef d’Etat major de l’armée de terre, le général Abakar Youssouf Mahamat Itno, neveu du président de la République. Des blessés du côté gouvernemental, le ministre parle d’une cinquantaine. Par contre, du côté rebelle, le ministre de l’Administration du territoire signale qu’il y a eu de lourdes pertes humaines: des dizaines de morts ainsi que de nombreux blessés et d’importantes pertes matérielles.
Des deux côtés, on parle des mercenaires dans le camp ennemi. Ainsi en est-il de l’armée nationale qui serait truffée de mercenaires angolais et libériens selon les sources rebelles. Des rumeurs indiquent que c’est grâce à ces mercenaires que les forces gouvernementales sont venues à bout des rebelles dans la localité de Hadjar Marfaïne.
Du côté gouvernemental, on indique que la rébellion est fortement appuyée par la présence dans ses rangs de nombreux éléments soudanais. Ce sont ces éléments soudanais qui ont attaqué la localité de Moudéina, selon le ministre de l’Administration du territoire, Mahamat Ali Abdallah. Celui accuse le Soudan d’avoir violé l’accord signé en février à Tripoli entre le Tchad et le Soudan, qui devait mettre un terme au conflit qui les opposait depuis des mois. Le président la République, Idriss Déby Itno, lui-même a déjà stigmatisé, le 23 mars dernier à Adré, la position du Soudan par rapport aux mouvements rebelles de l’est.
Alors que Déby disait la semaine passée avoir mis fin à toutes aventures, l’attaque de Moudéina vient le démentir de façon cinglante. La perte de ses deux derniers fidèles des fidèles et braves militaires, selon certaines sources, est une perte que le président aura bien difficilement digérée.
Alladoum Nadingar
N’DJAMENA BI-HEBDO du 3 avril 2006