Le front du refus s’organise à l’Est: N’DJAMENA BI-HEBDO N° 940 du 6 avril 2006

Timane Après avoir rassemblé les différents groupes armés, déserteurs de l’armée nationale tchadienne, Timane entre à nouveau en pourparler avec le Rdl pour constituer un grand front uni des opposants de l’Est du pays pour combattre le régime de son oncle Idriss Déby Itno.

Un communiqué de presse daté du 1er avril 2006 signé de Allafoza Loni, un ancien directeur de la Société Hydraulique du Tchad (Sth), indique que les différents groupes militaires qui ont déserté, ces derniers temps, les rangs de l’Armée nationale ont mis en place au cours d’un congrès un cadre d’action politico-militaire unique dénommé « Rassemblement des Forces démocratiques » Il s’agit entre autres du groupe du Général Séby Aguid, du Socle pour le changement et la démocratie (Scud) de Yaya Dilo, du groupe du Colonel Bokhit Ramadan, auteur du coup d’Etat manqué du 14 mars dernier et enfin du groupe du Colonel Dassert, auteur égaIement des casses du camp de la garde nationale et du centre d’Instruction de Koundoul dans la nuit du 13 au 14 novembre 2005.

Ce cadre d’action politico-militaire, présidé par Timane Erdimi secondé par Allafoza Loni, a pour philosophie le « Rafd », le propre sigle de ce cadre qui signifie en arabe « le refus », Les auteurs de ce sigle le justifient par « leur refus de l’impunité, de l’injustice et du pillage du Tchad par le régime immoral et corrompu d’Idriss Déby ». Aussi, le Rafd lance t-il un double appel. Sur le plan militaire, il appelle d’abord les forces politico-militaires pour une unité d’action. Ensuite, Il demande à toutes les garnisons et toutes les forces de défense et de sécurité de cesser de se battre pour une cause perdue d’avance et de se joindre aux forces de l’opposition pour une cause nationale. Enfin, à l’endroit des Tchadiens qui combattent dans les rangs des politico-militaires qui défendent la cause qui n’est pas la leur de quitter immédiatement pour se joindre au Rafd pour une cause nationale. Cet appel s’adresse en fait aux Tchadiens du Mje et du Mls, les deux mouvements du Darfour.

Sur le plan politique, le Rafd demande à l’opposition politique de l’intérieur et à la société civile d’user de tous les moyens constitutionnels pour contrer toute action tendant à pérenniser le régime d’Idriss Déby. Ensuite, à la communauté des partenaires au développement de cesser d’apporter leur concours à un régime en déperdition. Enfin à l’endroit de la France, le Rafd lance un appel solennel pour qu’elle observe une stricte neutralité dans les affaires intérieures du Tchad et de ne pas cautionner le hold up électoral en cours.

D’autres sources indiquent que ce ne sont pas tous les opposants à Idriss Déby qui ont adhéré à ce front de refus. En effet, une querelle de leadership aurait éloigné Abakar Tollimi de ce rassemblement. Pour le Colonel Dassert, alors qu’un de ses représentants séjourne à khartoum pour les discussions de ce cadre d’action, un autre représentant et porte-parole de l’organisation de Dassert dénommée Mouvement pour la paix, la reconstruction et le développement (Mprd) réagit depuis la France en affirmant que son mouvement n’a pris aucun engagement. Ce démenti a valu une mise au point de la part du porte-parole du Rafd, Allafoza Loni, qui a précisé que les raisons de cette rétractation sont ailleurs.

Aux dernières nouvelles, nous apprenons que le Rafd est en pourparler avec le Rdl malgré la malheureuse expérience du Fucd pour un grand front uni des opposants à l’Est du pays. Aussi, pour marquer leur collaboration qui n’a jamais été rompue, le Rdl a, en guise de libération, transféré au Rafd à Hadjer Marfaine, une vingtaine de militaires gouvernementaux faits prisonniers lors de l’attaque du 30 mars 2006 à Moudéina. Parmi ces prisonniers, il y a le Colonel Adoum Berouami. Certains de ces prisonniers blessés sont transférés à l’hôpital d’EI-Djinéné, une ville soudanaise située à 30 kms de la frontière tchadienne

Jean Claude Nékim
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 940 du 6 avril 2006


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