Retour à la case de départ: La Une de N’DJAMENA BI-HEBDO N° 939 du 3 avril 2006

bih Pendant que le gouvernement annonçait vendredi que la localité de Moudéina est entièrement sous le contrôle de l’Armée nationale tchadienne, d’autres sources bien informées indiquent que les combats continuaient entre les rebelles du Fucd et les forces gouvernementales. Selon ces sources, les combats du vendredi n’ont pas été aussi violents et dévastateurs pour le gouvernement que l’attaque de la veille où les forces gouvernementales sont tombées dans une embuscade tendue par des rebelles. Si ces dernières ont eu le dessus à Hadjar Marfaïne, à Moudéina, c’est la rébellion qui les a matées. Match nul donc.

Le pouvoir a cherché à les écarter du débat, ils viennent de s’y inviter, et de quelle manière? La semaine dernière, Idriss Déby Itno a déclaré solennellement avoir mis fin au désordre et à toutes les aventures. C’était en commentaires des opérations menées par l’Ant contre les rebelles à Hadjar Marfaine. Ces propos du Président Déby signifiaient que plus rien ne pouvait s’opposer à l’organisation, à ses conditions, de la présidentielle du 3 mai 2006. D’ailleurs, dans la foulée, les négociations avec l’opposition démocratique prirent fin et le calendrier connut un coup d’accélérateur avec le dépôt et la clôture des candidatures. Loi Mahamat Choua et les autres n’ont que leurs yeux pour pleurer et leur langue pour fustiger Berçot, en attendant que le peuple déserte les urnes le fameux 3 mai.

Les partenaires du Tchad aussi ont baissé les bras, pensant que tout est joué et qu’une fois de plus IDI aura eu raison de tout le monde, confirmant leur sentiment qu’il est le seul à pouvoir tenir le pays.

Comme au Tchad, les choses ne se passent pas comme ailleurs, voilà que l’on annonce que des violents combats ont opposé l’Ant à d’autres éléments armés à l’Est. Le gouvernement attribue l’attaque aux Djandjawid, dont on a cessé de parler depuis quelque temps. Les rebelles tchadiens disent que ce sont leurs bases qui ont été attaquées. Dans tous les cas, le bilan de l’attaque de Moudéhina est lourd, très lourd et va peser sur la suite des événements.

En effet, on imagine mal que les rebelles puissent s’arrêter à la bataille du 30 mars. Ils n’attendaient que l’occasion pour en découdre. Elle vient de leur être offerte, puisque selon certaines sources, c’est l’Ant qui a pris l’initiative des combats en comptant sur l’effet surprise, comme à Hadjar Marfaine. Les combats se sont déroulés en territoire tchadien et si ce sont effectivement les rebelles tchadiens qui ont fait face, il est exclu que les éléments français interviennent. D’ailleurs, le Soudan en fermant les yeux sur l’incursion tchadienne sur son territoire la semaine dernière, s’est mis à couvert. Donc l’affaire ne peut être que tchado-tchadienne. Comme en décembre 1990.

Quant à l’Ant, à en croire les informations, elle a perdu des officiers de grande valeur et de surcroît proches parents du président. C’est dire que le moral risque d’être atteint; en tout cas, il y aura un certain flottement avant que les nouveaux chefs ne prennent bien les choses en mains.
Entre-temps, la sérénité que IDI a voulu créer avec l’attaque de Hadjar Marfaine n’aura été que de courte durée. La réalité tchadienne reprend le dessus: les conditions ne sont pas réunies pour aller à des élections. Il faut que tout le monde en convienne, surtout ceux qui se réclament amis du Tchad alors qu’en réalité ils soutiennent IDI contre tout bon sens.

La Rédaction
La Une de N’DJAMENA BI-HEBDO N° 939 du 3 avril 2006


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