Drôle de campagne: La Une de N’DJAMENA BI-HEBDO N° 940 du 6 avril 2006
Drôle de campagne que celle de la présidentielle 2006. Une campagne qui peine à démarrer parce que tout le monde s’accorde par avance à dire que cette consultation est sans enjeu. Ceux qui avaient programmé la tenue de cette consultation en dépit des conditions défavorables, ont misé sur la cupidité supposée des ténors de l’opposition qui, croyaient-ils, toute honte bue, auraient fini par emboîter le pas à IDI. Cela ne s’est pas réalisé et la pêche aux candidats, un tant soit peu crédibles pour accompagner le Mps, n’a pas été fructueuse. Moralité: on se retrouve avec un débat interne au système.
IDI et ses accompagnateurs, à l’exception de Ibrahim Koulamallah, ont jusqu’ici voté dans le même sens, tant à l’occasion du référendum constitutionnel que lors de la révision de la loi 001. On ne voit pas bien ce qui peut faire la différence entre un IDI et un Kassiré ou un Pahimi. D’autant que les uns et les autres se disent être des candidats du peuple à défaut d’avoir un programme politique bien précis pour sortir le pays de la crise. IDI et Kassiré ont exercé le pouvoir au plus haut niveau. Et si IDI, comme pour disqualifier les ténors de l’opposition, avait proclamé qu’il les avait tous utilisés les uns après les autres, cela est également valable pour Kassiré; tout comme pour Pahimi et Mahamat Abdoulaye. Le débat risque de ronronner.
Quant à IDI lui-même, on se rend compte que la méthode n’a guère varié: à la veille de l’ouverture de la campagne, l’on nous ressert les mêmes recettes pour appâter les populations. Ainsi, Pascal Yoadimnadji a parcouru le sud du pays pour inaugurer des chantiers de construction de châteaux d’eau et autres équipements sociaux présentés comme des dons personnels du président de la République. Evidemment, ni Kassiré ni Pahimi et autre Ibrahim Koullamallah ne sont en mesure de supporter la comparaison dans ce domaine.
Mais le plus grave réside dans le fait que la présidentielle actuelle met dans l’embarras les différents partenaires du Tchad. Le combat est par trop inégal et de surcroît la consultation ne permettra pas de résoudre les problèmes du Tchad au lendemain de cette présidentielle. Tout le monde sait que Idriss Déby qui a mis plus de quinze ans à la tête du pays n’est pas en mesure d’innover dans quelque domaine que ce soit. Or, dans la situation actuelle du pays, il s’agit de provoquer un électrochoc au sein de la population pour la remettre au travail. Ce n’est manifestement pas possible avec Idriss Déby Itno. Au contraire, sa reconduction à la tête du pays signifie la poursuite des destructions avec la guerre et les foyers de rébellion. Mais également l’extension de la misère et la mauvaise gestion des deniers publics.
C’est donc sans illusion aucune que les Tchadiens observent ce qui passe. Les états-majors des candidats s’agiteront alors que les citoyens, dans l’indifférence, vaqueront à leurs occupations habituelles avec le regard tourné vers l’Est, qui semble être la seule «distraction» dans ce climat de morosité qui entoure une campagne électorale décidément bien particulière.
La Rédaction
La Une de N’DJAMENA BI-HEBDO N° 940 du 6 avril 2006