L’UE au chevet du Tchad – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 954 du 1er au 04 juin 2006

une On sait IDI spécialiste du fait accompli. Il a organisé, à sa manière, la présidentielle 2006. Ses amis ont com­mencé à lui envoyer des lettres de félicitation après sa très brillante et éclatante victoire. Ceux qui ne le feront pas se contenteront de la formule consacrée: nous pre­nons acte de votre élection. Ainsi, les jeux sont faits et c’est l’essentiel pour Déby Itno, le Mps et les partis satel­lites.Ceux qui ne l’auront pas compris n’ont qu’à aller se faire voir ailleurs. Les choses reprendront leur cours et il s’agira de continuer de garder le pouvoir pour certains et d’accéder à la mangeoire pour d’autres. Mais le Tchad dans tout cela? C’est bien là le problème. Cette élection n’est ni la fin de quelque chose, ni le début d’une autre. D’ailleurs, les récents propos des ténors du Mps au sujet d’un éventuel dialogue sont clairs. Il s’agit d’adhérer au programme du président élu. Lequel? Peut-on se deman­der. Car, bien avant la campagne comme pendant celle-ci, IDI n’a jamais fait un diagnostic de la situation nationale, ni proposé des solutions de sortie de crise. Or, le Tchad est en crise, une crise profonde que la situation au Dar­four a plus ou moins cachée. En tout cas, la crise au Darfour a servi de prétexte à la communauté internatio­nale pour ne pas être trop regardante sur la situation in­terne du pays. Maintenant qu’un accord, même partiel, a été obtenu au Soudan, la situation interne monte en sur­face dans l’agenda de la communauté internationale. Cela ressort clairement dans une missive signée de la Troïka de l’Union européenne en date du 11 mai et adressée à Déby Itno: « l’Union européenne reste cependant consciente de la fragilité de la situation et de la gravité des menaces qui pèsent sur les frontières du Tchad.

C’est précisément pour cette raison que l’UE est persuadée de l’importance d’une reprise d’un dialogue politique dans votre pays ». Plus loin, il est écrit: « l’UE a par ailleurs l’intention de prendre contact, dans les prochains jours, avec l’Union africaine, les Nations Unies et les Etats-Unis, afin d’élar­gir le soutien à un processus politique significatif, qui donnerait toute sa place aux forces politiques du pays ainsi qu’à la société civile tchadienne. Comme on peut le constater, l’heure est venue pour résoudre la crise tchado-­tchadienne faite d’un refus du dialogue avec l’opposition interne, une diabolisation de la société civile et la me­nace armée aux frontières. Pour la communauté interna­tionale, il ne peut y avoir de stabilité dans la sous-région sans qu’il y ait une paix à l’intérieur du Tchad. Assez curieusement, la lecture attentive de la dernière prési­dentielle confirme ce sentiment et rend plus qu’urgente l’amorce d’un dialogue politique. Il est certain que la com­munauté internationale s’y impliquera. D’ailleurs IDI lui­-même l’y a invité. Reste à savoir quelles sont les disposi­tions qu’il entend prendre dans ce sens. Dans tous les cas, il doit énoncer clairement ses intentions avant l’in­vestiture prévue pour début août.

La Rédaction
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 954 du 1er au 04 juin 2006


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