La grève de l’Ust paralyse l’administration – N’DJAMENA BI-HEBO N° 957 du 12 au 14 juin 2006

Suite à la a grève d’une semaine sur toute l’étendue du territoire lancée le 5 juin dernier par l’Union des syndicats du Tchad, l’administration a cessé de fonctionner au grand dam des usagers.

Les travailleurs du secteur public ont presque unani­mement observé le mot d’or­dre de la grève de l’Ust. Un tour dans un bon nombre de services, le 7 mai 2006, nous a permis de nous en rendre compte. Au Palais du gouver­nement, seuls les cabinets des ministres, leurs proches et autres personnalités haut placées étaient dans leurs bureaux. En dehors d’eux, rares sont ceux qui sont venus au bureau pour faire normale­ment leur travail.

Une femme rencontrée dans son bureau au Palais du gouvernement, ministère de la Fonction publique, refuse de nous recevoir. « Nous sommes en grève. Donc, c’est par chance que vous me voyez ici ». « Mais vous êtes au bu­reau, madame », lui répond­-on. « Je suis venue pour une urgence ». Puis elle replonge le regard dans la paperasse devant elle, qu’elle s’occupe â feuilleter. Des dossiers d’in­tégration déposés la plupart en 2001, tout poussiéreux.

Au rectorat, un agent tient le même langage à de jeunes étudiants venus retirer leurs diplômes. « Je suis censé res­ter à la maison parce que l’ad­ministration est en grève. Mais je vous donne quand même parce que je vous connais », leur fait-il savoir. A la question de savoir pourquoi il n’est pas resté carrément à la maison, il répond qu’il craint d’être sanctionné par ses supé­rieurs parce qu’il n’a pas sa carte d’adhésion à l’Ust. « Donc à l’heure actuelle, il n’y a rien qui me couvre ». L’agent en question dit qu’il n’est pas un fonctionnaire mais un con­tractuel.

Ne sont là que des exem­ples. Mais partout les locaux des services sont déserts. Certaines langues disent que ce n’est pas le mot d’ordre de grève lancé par l’Ust que les fonctionnaires respectent; c’est plutôt, disent-elles, parce qu’ils n’ont pas perçu le mois de mai. Le gouverne­ment a, en effet, privilégié le paiement des sa­laires des enseignants dont le débrayage en cette période d’examens risque de compli­quer bien de choses.

Dans son communiqué du 3 juin 2006 appelant à cette grève, l’Union des syndicats du Tchad a motivé sa déci­sion par le fait que le gouver­nement ne veut pas appliquer l’augmentation générale des salaires de 5% qu’il a promis d’appliquer à compter de jan­vier 2005 et malgré la conces­sion faite par l’Ust en accep­tant l’application de cette aug­mentation à compter de jan­vier 2006. L’assemblée gé­nérale de l’Ust qui a décidé de la grève a également « recommandé au gouvernement d’adopter le plus tôt possible les statuts particuliers du per­sonnel de greffe et des profes­sionnels de la communica­tion ». Sans quoi, les syndica­listes envisagent au cours de leur Ag du 10 juin, une grève générale sèche et illimitée dans tout le pays.

En somme, qu’il s’agisse de l’observation de la grève de l’Ust ou du non versement du mois de mai aux fonction­naires, la grève d’une se­maine a réellement perturbé, pour ne pas dire paralysé le fonctionnement des services publics. Les plus gros per­dants sont naturellement la basse classe des usagers des services publics. Les plus nantis pouvant toujours se payer ces services. Même en période de grève!

Alladoum Nadingar
N’DJAMENA BI-HEBO N° 957 du 12 au 14 juin 2006


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