Jeunesse sacrifiée – NDJAMENA BI-HEBDO N°958 du 15 au 18 juin 2006

Kaltouma Nadjina est décidément la seule hiron­delle du ciel sportif tchadien. Depuis une semaine les yeux des spectateurs sont rivés sur le petit écran pour suivre les différentes rencontres de la coupe du monde. Le cœur de nos compatriotes, à défaut de vi­brer pour nos gars, vibrent pour les autres joueurs africains qui participent à cette compétition. Beau­coup désespèrent de voir notre pays prendre part à ses joutes qui paraissent à jamais interdits à notre pays abonné à d’autres jeux.

Une fois de plus, la rai­son que l’on donne à l’absence ou aux piètres presta­tions de nos sportifs est que notre pays a connu plu­sieurs décennies de guerre. Que dire alors de l’Angola qui a connu une longue guerre de libération avant de’ connaître une guerre civile qui n’a pris fin qu’en 2002? Et le petit Togo qui est englué dans une crise politique; et est l’objet d’une mise en quarantaine par l’Union européenne. Ces deux pays participent pour la pre­mière fois de leur histoire à cette grande manifesta­tion internationale. Les Angolais et les Togolais sont très fiers de cette prouesse qui, pour un temps, fait oublier les nombreux clivages qui traversent ces na­tions.

C’est que ces pays accordent une importance à la jeunesse et des dispositions sont prises pour assurer un encadrement adéquat aux jeunes sportifs. Ainsi, l’An­gola par exemple rafle tous les trophées en basket-ball masculin depuis une décennie. Ce n’est pas un hasard. Des infrastructures parmi les plus performantes sont disponibles. De nombreux compatriotes ont fait de déplacement de Luanda pour faire éclore leurs talents. Un particulièrement a été plusieurs fois champion de l’Angola. Il est actuellement au Portugal et envisage une carrière en NBA. Ceci explique tout.

Ici chez nous, on ne cesse de rabattre nos oreilles du slogan «la jeunesse, fer de lance de la nation». Mais concrètement qu’est ce que l’on fait pour permettre à cette jeunesse de s’épanouir et de représenter l’avenir de demain? Rien sinon très peu. Que l’on en juge par l’état vétuste des infrastructures scolaires qui man­quent cruellement de matériels didactiques? Quant aux équipements sportifs, on se rend bien compte que le stade Idriss Mahamat Ouya qui est le plus grand du pays est loin d’être aux normes internationales. Le sport se meurt chaque jour, presque dans l’indifférence totale des dirigeants. Il faut attendre l’approche des compétitions internationales pour voir s’activer les dirigeants des disciplines sportives. Que penser de la mise à disposition des moyens pour assurer la prise en charge des sportifs et leur acheminement sur les lieux de compétitions? Lors du récent tournoi de Bata, les joueurs ont eu mille et un problèmes pour atteindre la Guinée équatoriale. Certains de nos compatriotes qui ont payé de leur poche leur déplacement attendent d’être remboursés.
D’un autre côté, le pays continue d’enregistrer la mort de nombreux jeunes dans une guerre absurde qui endeuille les familles chaque jour. Qui a dit que la jeunesse tchadienne est sacrifiée?

NDJAMENA BI-HEBDO N°958


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