L’Undr cassera-t-il le licou? – N’DJAMENA BI-HEBDO N°983 du 12 au 16 octobre 2006

Dans ses propos à la clôture des journées de réflexion sur la situation économique et socio-politique du Tchad, le président de l’Undr a laissé pantois plus d’un Tchadien. Est-ce le début de la fin de la coalition agissante des partis de l’opposition?

Celui qui aura pris l’initia­tive de quitter la Coordi­nation des partis politiques pour la défense de la Consti­tution, a-t-on écrit, aura pris, en même temps, la respon­sabilité de casser la solida­rité recherchée depuis belle lurette au sein de l’opposition politique tchadienne, et qui a été retrouvée avec la création de la Cpdc. Cependant, l’ana­lyse des propos du président de l’Undr, Saleh Kebzabo, nous fait dire que la cohésion tend à se rompre.

L’Undr, il est vrai, réaffirme, à cette occasion, son appar­tenance à ce regroupement de partis politiques de l’op­position, qui a, depuis sa création, boycotté les élec­tions. La nouveauté, c’est que le président du parti a estimé que la coalition doit prendre des positions plus réalistes. En effet, a-t-il dit à l’ouverture de ces journées, à l’endroit de la Cpdc,  » Si nous sommes convaincus de la justesse de nos positions et de la majo­rité à nos côtés, alors agis­sons avec plus de détermina­tion et d’engagement; ne soyons jamais absents de la scène politique et ne nous laissons pas doubler par nos adversaires; prenons des ini­tiatives hardies et courageu­ses pour nous imposer; ne nous enfermons pas dans des positions dogmatiques, anachroniques et archaï­ques; ne nous laissons pas déstabiliser par nos adver­saires qui tenteront toujours de nous affaiblir pour nous éliminer de la scène politi­que, bref faisons encore preuve de plus d’imagination, d’unité et de cohésion face à un gouvernement qui ne nous fera aucun cadeau ».

Ces propos de Saleh Kebzabo sont les vrais pro­pos d’un homme politique, qui devaient influer sur les débats qui allaient suivre. Et c’est justement ce qui s’est passé, même si les termes du discours de clôture sont assez mesurés. En effet, à la clôture de la rencontre, le pré­sident de l’Undr a été clair en disant qu’un parti est créé pour la conquête du pouvoir, donc pour participer aux élec­tions. « II n’est pas créé pour boycotter les élections », a-t-il signifié.

La lecture cumulée de ces deux discours renseigne donc quelque peu sur l’inten­tion des responsables de l’Undr. Si le boycott « systéma­tique » des élections par la Cpdc peut, imaginons-le, in­téresser Saleh Kebzabo et les autres responsables, il n’est certainement pas du goût des autres militants, qui visent peut-être les postes de députés ou autres maires de leurs régions respectives. La réalité, c’est que le parti de la calebasse est fatigué du boycott. Un observateur s’est, à ce titre, poser la question de savoir « ce que vaudrait un parti s’il n’a pas de représen­tants élus quelque part, à l’As­semblée nationale ou aux communales ».

De toute façon, selon le pré­sident de l’Undr, Saleh Kebzabo, le parti examinera « au cas par cas » les condi­tions de sa participation aux futures échéances électora­les. Au niveau de la Cpdc, l’Undr a, depuis longtemps, été l’objet des suspicions de la part des autres partis. En effet, certains le voyaient par­tant pour la présidentielle du 3 mai 2006; d’autres l’ont vu plus tard partant pour le dia­logue politique. Il ne s’est pas désolidarisé à ces occa­sions. Non pas parce que la Cpdc l’en a dissuadé, mais parce que la base n’était pas d’accord. Cette fois-ci, l’exa­men « au cas par cas » donne une marge de liberté plus grande à l’Undr, qui a déjà pris acte des résolutions du dialogue organisé en début août par le gouvernement. « L’exercice auquel s’est livré le gouvernement en s’entou­rant de ses alliés pour un dia­logue politique est assuré­ment réducteur. Nous ne de­vrions pas pour autant en re­jeter les conclusions, mais les considérer comme une contribution du pouvoir à un prochain dialogue national plus que jamais incontourna­ble », a en effet dit le président de l’Undr, Saleh Kebzabo.

Toutes ces manœuvres, s’il faut considérer ainsi ces ac­tions de l’Undr, participent d’une stratégie visant à con­duire la Cpdc à une partici­pation aux prochaines con­sultations électorales, dont l’enjeu est évidemment diffé­rent du référendum du 6 juin 2006 et de la présidentielle du 3 mai 2006. Le président de l’Undr a annoncé que ces journées de réflexion organi­sées par son parti, mar­quaient sa rentrée politique et que celles des autres par­tis suivraient dans les jours suivants. Mais les autres membres de la Cpdc feraient-­ils également une autocriti­que de leurs positions, comme l’a fait l’Undr? C’est possible, mais ce qui se laisse lire c’est que l’Undr ira aux prochaines élections, quitte à rompre la cohésion au sein de la coalition. La réa­lité étant que depuis belle lu­rette, chacun attend de savoir qui brisera le premier la co­hésion.

Alladoum Nadingar
N’DJAMENA BI-HEBDO N°983 du 12 au 16 octobre 2006


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