Il s’appelait Nguéyam! – N’DJAMENA BI-HEBDO N°983 du 12 au 16 octobre 2006
53 ans, le juriste-financier Nguéyam Djaibé est décédé dans un tragique accident sur la route de Maroua-Kousseri, au Nord Cameroun. Qui était cet homme dont le nom a apparu dans la scène politique tchadienne depuis seulement trois ans?
Le 23 juin 2003, en effet, Nguéyam Djaïbé est appelé par son ami Moussa Faki, ancien étudiant de l’université Marien Ngouabi de Brazzaville, arrivé à la tête du gouvernement, pour occuper le poste de ministre délégué auprès du ministre des Finances chargé du budget. Maintenu à ce poste pendant plus de deux ans, Nguéyam Djaïbé est promu ministre de l’Economie et des finances le 3 février 2005, avec la nomination à la tête du gouvernement de Pascal Yoadimnadji. Son ardeur dans les différentes campagnes électorales et autres manifestations en faveur du Mps, le parti d’Idriss Déby Itno, l’ont mis sous les feux de la rampe. Comme il y a quelques jours, ce don de quelque 10 millions de FCFA aux forces armées nationales, au nom du Bureau blanc dont il a été le coordinateur.
Les Djaïbé sont connus par l’intermédiaire du médecin, dont la clinique, La Providence, est une référence, et de l’avocat, actuellement bâtonnier de l’ordre national des avocats. Le Nguéyam, dont on aurait aimé parler au présent mais que la mort, hélas, a fauché, n’a commencé à être vraiment connu des Tchadiens que depuis juin 2003.
Nguéyam Djaïbé, s’il n’est connu que ces dernières années au Tchad, était pourtant cadre de l’administration tchadienne depuis déjà plus de trente ans. Depuis 1972, il est intégré comme administrateur civil au contrôle financier auprès de la présidence de la République. Il a continué en même temps ses études à l’Ecole nationale d’administration de N’Djaména où il est sorti major de sa promotion en 1974. La même année, il a obtenu sa licence en droit et sciences juridiques à l’université du Tchad. Nanti de ces parchemins, il a quitté pour la France où il est entré à l’Institut d’études politiques de Paris. Sorti diplômé de cette école, il a fait une maîtrise en droit à l’université de Paris Il en 1977, un DEA à l’université Paris V – Sorbonne en 1978, puis un DESS en gestion bancaire et prospective des institutions financières dans la même université en 1980.
Après ses études, Nguéyam Djaïbé est recruté à la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale, à Brazzaville. Il a occupé différents postes de responsabilité dans cette institution: cadre supérieur stagiaire, juriste à la division juridique, chef de la division juridique à la direction générale, chef de service des affaires juridiques et du contentieux à la direction générale, conseiller juridique du directeur général de l’institution, etc.
Nguéyam Djaïbé a été également juriste consultant au bureau régional de l’Oms pour l’Afrique, puis pour la mission de restructuration du conseil national d’appui au mouvement associatif et coopératif (Conamac, Pnud/Bit).
Nguéyam Djaïbé, poussière, qui regagnera la poussière demain vendredi 13 octobre, n’a plus que faire de ces références. Ainsi, le Tchad perd en Nguéyam Djaïbé un de ses cadres valeureux. Adieu Djaïbé!
Alladoum Nadingar
N’DJAMENA BI-HEBDO N°983 du 12 au 16 octobre 2006