Khalil Brahim a grillé Déby lino – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 986 du 23 au 25 octobre 2006
Pour des raisons encore ignorées, Khalil Brahim, le leader du Mje a grillé son parrain Déby Itno en avouant publiquement qu’il l’avait aidé à reprendre la ville d’Adré des mains du Fucd.
Un des chefs rebelles soudanais, Khalil Brahim, vient d’avouer le 20 octobre dernier sur les antennes de Rfi l’information selon laquelle ses hommes du Mouvement pour la Justice et l’Egalité (Mje) avaient aidé les forces gouvernementales tchadiennes à repousser le raid des éléments du rebelle tchadien Mahamat Nour sur la ville d’Adré en avril 2006.
A l’époque du raid, un autre chef rebelle tchadien, Timane Erdimi, avait révélé cette information mais personne n’y avait accordé une attention.
A N’Djaména, on avait même ironisé en indiquant que c’était une campagne de propagande des rebelles tchadiens pour camoufler leur incapacité à prendre une localité. Aujourd’hui, tout le monde a le bec dans l’eau face à l’énormité de cet aveu qui rappelle une situation similaire de nos voisins centrafricains.
Ange Félix Patassé au pouvoir en RCA avait fait appel aux troupes d’un chef rebelle congolais, Jean Pierre Bemba, pour mater son opposant, le général François Bozizé soutenu par des libérateurs, des hommes fournis par Idriss Déby. Malgré les hommes de Jean Pierre Bemba, Ange Félix Patassé avait perdu face à François Bozizé.
Certes la RCA n’est pas le Tchad mais quelques traits de similitude dans ces deux situations poussent à l’inquiétude. Si le Soudan, en dépit des pressions des Occidentaux, se décide à soutenir à visage découvert les rebelles tchadiens, Idriss Déby prendrait à coup sûr le chemin de l’exil comme Ange Félix Patassé.
Bien qu’étant « l’alpha et l’Oméga » du drame « tchado-darfourien » , Idriss Déby jouit encore du soutien de la communauté internationale en cachant bien son double jeu dans ce conflit. Aussi, contrairement à ce qu’il a fait croire au monde,la fin du conflit au Darfour passe avant tout par le règlement de celui du Tchad, avec ou sans Déby au pouvoir. En d’autres termes, Déby qui alimente le conflit du Darfour ne voudrait pas que celui-ci prenne fin. Il n’est que de citer son parcours pour en témoigner.
De son rôle autoproclamé de médiateur du conflit du Darfour qu’il n’a d’ailleurs pas pu assurer avec loyauté, Idriss Déby s’est mué en partie prenante en torpillant la conclusion de l’accord entre les rebelles soudanais et leur gouvernement. Aujourd’hui, il apparaît comme le principal acteur de la déstabilisation du Soudan voisin en transformant les rebelles soudanais en supplétifs de son armée. Leur retour au bercail signifierait la fin de ses menées à l’Est du pays pour mater les rebelles du fucd et du Rafd.
L’aveu du leader du Mje, ajouté à l’attaque des troupes soudanaises stationnées à Cariari, la localité soudanaise située non loin de Bahaï, où les forces gouvernementales tchadiennes avaient pris bas, prouvent qu’il y a un accord entre les rebelles soudanais et Idriss Déby. Avec de tels actes, Déby continuera t-il à duper le monde que son pays est victime de l’agression soudanaise?
Jean Claude Nékim
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 986 du 23 au 25 octobre 2006