Le règne de copains et des…. – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 986 du 23 au 25 octobre 2006
La vérité finit toujours par triompher, dit l’adage. C’est sans doute ce qui se produit aujourd’hui chez nous. Hier, c’était IDI lui-même qui a reconnu que le dossier pétrole a été mal négocié, donnant raison, à son corps défendant, à ceux qu’il avait voué aux gémonies pour avoir osé affirmer la même chose au moment des discussions avec les différents partenaires au projet exportation du brut de Doba.
A présent, c’est Pascal Yoadimnadji qui découvre que les nominations dans les différentes fonctions publiques de la haute administration et cabinets ministériels n’obéissent pas aux critères de compétence, de savoir-faire et de probité morale. Elles sont plutôt fondées sur la base « de considérations subjectives et prennent de l’ampleur et confortent nos détracteurs qui se font fort de noter une distance entre les discours et les actes que nous posons ». Venant d’un ténor de l’opposition ou de la presse mal pensante, on aurait crié à l’exagération. Pourtant, ce qui semble être un aveu, un peu tardif, est le tableau réel de la situation du pays où aucune règle, aucun critère objectif, ne guide la décision des responsables dès qu’il s’agit de pourvoir à un quelconque poste. Le plus étonnant est que le Premier ministre, qui a longtemps exercé au ministère des Finances ne se rende compte, maintenant seulement du fait.
Combien sont ceux de ses collègues ou collaborateurs rompus aux arcanes de ce ministère qui passent le clair de leur temps sous les neemiers ou sont confinés dans des bureaux exigus où la seule distraction est la combinaison du Pmu?
Dans le même temps, ce sont des jeunes à peine sortis des établissements de formation à la réputation un peu suspecte, en tout cas non encore bien établie et sans une période d’essai obligatoire qui sont propulsés à des postes de haute technicité. Certes, aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années, mais en l’occurrence, on en fait un peu trop. Moralité: l’administration tchadienne n’est pas en mesure d’assumer son rôle au moment où le pays commence à disposer de ressources importantes et que le défi est justement comment mieux utiliser cet atout décisif.
En plus d’une mauvaise utilisation des compétences, la manière de faire est une atteinte grave au principe de l’égalité de chances entre les citoyens. Il est clairement établi que le système encourage l’incompétence tout en créant une injustice criarde et une frustration qui débouche sur une démotivation générale. Ainsi, de proche en proche, la mystique du travail et de l’effort déserte l’esprit des jeunes, notamment élèves et étudiants qui se disent à quoi bon trimer au travail alors qu’il existe un chemin plus court et plus efficace.
Maintenant, après le constat il reste à ce que Pascal Yoadminadji et son gouvernement remettent les pendules à l’heure. C’est sans doute plus coriace qu’on ne l’imagine, mais c’est le défi qui les interpelle.
La Rédaction
N’DJAMENA BI-HEBDO N° 986 du 23 au 25 octobre 2006