Communication du gouvernement à l’Assemblée nationale sur les événements à l’Est – N’DJAMENA BI-HEBDO N° 988 du 30 octobre au 1er novembre 2006

Au lieu d’apprécier à sa juste valeur l’incursion de l’Ufdd de Mahamat Nouri et de Acheik Ibn Oumar, le Premier ministre, chef du gouvernement a, devant les députés, préféré entonner le refrain d’un disque usé. L’Assemblée nationale, en choeur à la chanson du PM, a adopté à son tour une résolution de soutien au président de la République. Un acte qui ne résulte pas du contrôle de l’action gouvernementale.

Dimanche dernier 22 octo­bre, une nouvelle coalition de groupes armés, dénom­mée Union des forces pour la démocratie et le développe­ment (Ufdd) dirigée par Mahamat Nouri et Acheik Ibn Oumar, contournant les posi­tions des forces armées et de sécurité déployée à l’est du pays, s’est infiltrée à Goz­ Béida, sans combat, y est res­tée quelques heures avant de s’aventurer jusqu’à Am­ Timan, lundi 23 octobre où le même scénario d’infiltration puis de retrait a été appliqué. Les infiltrés, certainement bien informés du fait que Goz­ Beida et Am-Timan n’étaient pas suffisamment renforcés en présence militaire n’ont fait du reste que de démontrer leur présence sur le territoire na­tional dans le cadre d’une stra­tégie de leurre médiatique et de déstabilisation psycholo­gique.

A l’heure actuelle, les infil­trés tentent de regagner leurs bases arrières en territoire soudanais, convaincus qu’ils n’avaient aucune chance de conquérir un territoire et de l’occuper durablement. D’autant plus que les forces armées et de sécurité ont im­médiatement pris des mesu­res de contre-attaques par la mobilisation de tous les moyens matériels, logistiques et en forces combattantes pour écraser cette nouvelle coali­tion hétéroclite constituée après l’échec de celle qui avait été défaite en avril dernier aux portes de N’Djaména.

Dans cette nouvelle aven­ture comme dans les précé­dentes à Adré, Hadjar Marfaine et à N’Djaména, l’implication du Soudan ne fait l’ombre d’aucun doute.

Les infiltrés sont arrivés à bord de plus de 70 véhicules tout terrain, équipés d’armes lourdes dont les missiles qui ont servi à tirer sur un avion de reconnaissance français. Ceci constitue une violation de tous les accords de normalisation des relations avec le gouver­nement soudanais et sème le doute sur les intentions vérita­bles du gouvernement souda­nais au moment où le Tchad donne toutes les preuves de sa bonne volonté pour voir se normaliser durablement ses relations avec ce pays. La preuve de cette volonté tcha­dienne est la remise aux auto­rités soudanaises des militai­res qui s’étaient réfugiés au Tchad après les combats qui les ont opposés à leurs rebel­les.

La représentation nationale doit savoir que notre pays est toujours sous menace de dés­tabilisation orchestrée à partir du Soudan qui entretient, en­cadre, équipe et utilise des groupuscules armés pour dé­jouer l’attention de l’opinion internationale sur le drame qui sévit dans le Darfour.

Le Gouvernement estime que face à ce péril, la nation tout entière doit faire bloc derrière les forces armées et de sécu­rité, parce que toute déstabi­lisation remet en cause tout le processus démocratique en cours et compromet tous les projets de développement en cours.

La défense de la patrie, de la démocratie et de l’unité na­tionale, ne doit pas faire l’ob­jet de querelles politiciennes.
Le Gouvernement se féli­cite de l’attitude responsable et patriotique de certains lea­ders politiques et des asso­ciations de la société civile qui ont condamné sans am­bages cette agression des mercenaires à la solde du Gouvernement Soudanais. II déplore et condamne les lea­ders des partis ou associa­tions qui, au lieu de condam­ner, ces agressions répétées contre notre pays, font des contorsions que nous som­mes en droit de considérer comme la trahison et l’intelli­gence avec l’ennemi, faits pré­vus et condamnés par le Code Pénal de notre pays.

A l’avenir, les auteurs de ces faits seront traduits en justice pour répondre de leurs actes.
Le Gouvernement vient à tra­vers cette communication sol­liciter un soutien de toute la nation tchadienne représentée par l’Assemblée Nationale.

Je vous remercie de votre at­tention et me mets ainsi que l’ensemble des membres du Gouvernement pour répondre aux questions que Mesdames et Messieurs les Députés voudraient bien lui poser.

Résolution sur la sécurité à l’Est du Tchad adoptée par l’Assemblée nationale

L’Assemblée Nationale réunie en séance plénière le jeudi 26 octobre 2006 a examiné et adopté la résolution dont la teneur suit:
a) Considérant la communication du Gouvernement sur la sécurité à l’Est du pays:
b) Gravement préoccupé par les agressions incessantes dont le Tchad est victime
c) Considérant que ces agressions appuyées par l’étranger engendrent des massacres et désolations au sein des paisibles citoyens
d) Rappelant que le Gouvernement tchadien a signé des accords de paix avec le Gouvernement du Soudan ;
e) Saluant l’engagement, la détermination et le patriotisme des forces armées et de sécurité ;
f) Appréciant la prise de position de l’Union Africaine et de certains pays amis sur la situation qui prévaut en ce moment à l’Est du Tchad;
1. Prend acte de la communication du Gouvernement ;
2. condamne avec force toute tentative de prise de pouvoir par les armes;
3. lance un appel à tous les Tchadiens qui se laissent manipuler par l’étranger contre leur propre pays de se ressaisir et de revenir à la raison dans l’intérêt supérieur de la nation;
4. invite le Gouvernement du Soudan au respect et à la mise , en oeuvre des accords de paix signés avec le Gouvernement du Tchad;
5. apporte son soutien sans faille aux vaillantes forces années et de sécurité dans leur mission salvatrice ;
6. soutient le Président de la République et le Gouvernement Tchadien dans leurs inlassables efforts pour la restauration de la paix dans notre pays ;
7. demande au Gouvernement de se donner les moyens nécessaires pour faire face à ces adressions répétées;
8. se félicite de la grande compréhension de l’Union Africaine et de certains pays amis face à l’agression dont le Tchad est victime;
9. demande aux pays amis de s impliquer davantage au côté du gouvernement tchadien pour la préservation de la stabilité de notre pays.

N’DJAMENA BI-HEBDO N° 988 du 30 octobre au 1er novembre 2006


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