Situation militaire au Tchad : Kebzabo accuse le gouvernement – N’DJAMENA BI-HEBDO N°991 du 9 au 12 novembre 2006

Saleh Kebzabo Le 6 novembre 2006, l’Undr a organisé, au domicile de son président une conférence de presse sur les questions d’actualité. Saleh Kebzabo a donné une place de choix à la situation militaire que connaît le pays.

« Notre position vis-à-vis de la rébellion ne souf­fre d’aucune ambiguïté. L’Undr a toujours condamné la prise du pouvoir par les armes. Ce n’est pas parce que nous di­sons comprendre ceux qui ont pris les armes que nous les soutenons. C’est parce que les gens étouffent dans ce pays. Il n’ y a aucune petite fenêtre qui puisse aérer quoi que ce soit », a indiqué le président de l’Undr Saleh Kebzabo. Ceci étant l’Undr refuse de condamner systématiquement les rebel­les mêmes si, indique son pré­sident son parti désapprouve certaines de leurs pratiques.

D’où, pour le président de l’Undr, la plus grande incerti­tude se trouve actuellement dans le domaine militaire, « parce que depuis quelques mois, notre vie quotidienne est ponctuée assez régulièrement d’annonces de combats, en particulier à l’Est du pays ». Pour lui, le bilan des différents combats: Addé, Adré, Moudeina, Hadjar Marfaïne, Am Timan, Goz Beida, etc. sont catastrophiques du côté des forces gouvernementales. « Tout ce que nous savons c’est que les combats sont de plus en plus meurtriers. L’armée na­tionale rencontre beaucoup de difficultés et perd beaucoup d’hommes sur le terrain. Ce sont des dizaines et des dizai­nes de jeunes Tchadiens qui meurent lors de chaque affron­tement », a-t-il affirmé.

Saleh Kebzabo appelle les Tchadiens à une mobilisation car cette situation doit les in­terpeller; ils ne doivent pas con­tinuer à accepter que le gou­vernement et Déby Itno mè­nent à la ruine totale dans des affrontements de plus en plus meurtriers et dont on ne voit pas une issue.

Une autre pratique dénon­cée par l’Undr, est la discrimi­nation pratiquée au sein de nos forces de défense. En ef­fet, lors des derniers combats, les armes à N’Djaména, n’ont été distribuées qu’à une partie de la population. L’Undr con­damne donc avec la dernière énergie cette pratique, qui est une situation très grave, à la­quelle se livre le gouverne­ment lui-même. « C’est d’ailleurs une pratique que nous avons constaté depuis quelques mois, Il vous sou­viendra que cela a été annoncé de façon quasi-officielle dans la région d’Adé, dirigée d’ailleurs par des militaires qui ne sont plus dans l’armée mais qui sont très connus et sont appelés aujourd’hui à faire face aux rebelles. La même expé­rience a été donnée à Goz Béida où des milices ont été également créées. Qui dit mi­lices dit distribution d’armes aux populations. Enfin cela a été fait de façon beaucoup plus ratée à Am Timan où encore des armes ont été distribuées pour faire face à la rébellion. Malheureusement cela a dé­généré puisque quelques jours seulement après, une guerre intercommunautaire éclate dans la région où quasi­ quotidiennement des dizaines et des dizaines de morts sont enregistrés ».

Après avoir brossé un ta­bleau sombre de la situation militaire, le président de l’Undr appelle le gouvernement à choisir le chemin de la paix, tous les Tchadiens appelant de tous leurs voeux la paix. Pour cela, les Tchadiens, de toutes tendances confondues, doi­vent se mobiliser pour deman­der au gouvernement d’enga­ger un dialogue avec tous les Tchadiens. Le chemin de la paix dans notre pays passe obligatoirement par un dialo­gue.

Si l’Undr propose cela, c’est parce que la guerre coûte très cher aux Tchadiens. Le prési­dent du parti, exemple tiré de l’actualité à l’appui, explique ce que nous coûte la guerre. « Vous vous rappelez qu’il y a deux semaines, nous avons pu encaisser une somme d’en­viron 145 milliards de la part des compagnies pétrolières Chevron et Petronas. Nous avons fait la pression sur le gouvernement pour qu’il con­sente d’amener à l Assemblée nationale une loi des finances rectificative alors que cela de­vait se faire de façon automa­tique. Pour confirmer ce que j’ai dit dans mes appréhen­sions, de cette somme, et de façon quasi-officielle dans les documents qui accompagnent la loi rectificative, la somme de 43 695 000 000 a été dépen­sée dans une rubrique appe­lée dépense exceptionnelle de sécurité et d’accord de paix… »

Saleh Kebzabo de conclure que la guerre nous coûte très cher. Il est temps de l’arrêter pour passer à l’unité, à la paix et au développement.

Alladoum Nadingar
N’DJAMENA BI-HEBDO N°991 du 9 au 12 novembre 2006


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