Beré-N’Djaména : Un voyage qui finit dans le fleuve Chari – Le Temps N°481 du 31 mai au 06 juin 2006

bere «La route ne tue pas mais c’est nous qui nous tuons à cause de notre mala­dresse mieux notre négligence». Ces propos sont ceux d’un musi­cien camerounais qui, constatant de nombreux accidents de circu­lation, a voulu attirer l’attention de ses concitoyens à plus de pru­dence quand ils sont à bord de leurs voitures.

La justesse de ces propos vient une fois de plus, dira-t-on, d’être vérifiée ce dimanche 28 mai autour de 9 heures, avec l’acci­dent survenu sur le pont de Chagoua. Un accident dont on pourrait de prime abord, imputer la responsabilité aux autorités de la commune de N’Djaména ou à celles du ministère des Infras­tructures. Cet accident vient une fois de plus matérialiser la négli­gence de nos autorités dans la gestion de la cité.

ber En effet, une partie du garde­-fou du pont de Chagoua a cédé il y a plus de deux mois sous la fausse manœuvre d’une benne de sable, occasionnant des morts. Mais cela n’a jamais tiqué les autorités qui, de fait, n’ont pas pensé à sa réparation. La Hiace immatriculée 18B 1002A en prove­nance de Koundoul est venue défoncer une porte ouverte sur le pont pour finir sa course dans le Chari, causant la mort de dix personnes et plusieurs blessés graves. La police du CA4 a trans­porté les morts et les blessés pour l’hôpital général de réfé­rence nationale. Les blessés ont des fractures ouvertes et après avoir perdu beaucoup de sang. Curieusement le sang est indis­ponible à la Banque de sang. Les victimes sont soignées avec des moyens du bord. L’ensemble de voyageurs n’a pas des pièces d’identité sur lui. Cet aspect a posé un peu de problèmes aux services de l’ordre, au moment de lancer des appels en direction des parents des morts et des bles­sés. La source policière note que sur la dizaine de blessés une seule personne se trouve dans un état moins inquiétant. A bord du bus il n’y a pas eu que des êtres humains. Il y a aussi un ca­bri et un coq, encore en vie mais, apparemment, pas pour long­temps.

«L’absence du garde-fou tôt ou tard fera des victimes. C’est un piège !». Ces propos sont te­nus tous les jours par les conci­toyens soucieux de la vie humaine, quand ils se trouvent de­vant ce garde-fou cassé. Mais qu’attend l’Etat depuis qu’une partie du pont est endommagée ? Manque des moyens? «Non, rétorque un passant, nous venons de sortir d’une campagne présidentielle, le potentiel candidat à la présidentielle du 03 mai 2006 à savoir Idriss Déby Itno a claqué près d’un milliard pour sa campagne et a promis de réaliser des infrastructure mais il avait oublié que certaines infrastructures existante sont défaillantes. Les morts que nous déplorons aujourd’hui sont à mettre à l’actif du chef de l’Etat et son gouvernement» Ce compatriote a peut-être raison quand on sait que la partie défectueuse du garde-fou ne porte aucun panneau de signalisation pour prévenir les usagers du danger qu’elle représente.

Sous d’autres cieux, un tel accident occasionnerait des départs en cascade des responsables concernés pour négligence. Mais rien de tout ça ! Un Tchad qui fonctionne sur une base de complaisance excluant la sanction de son système de fonctionnement quant il y a faute. C’est inadmissible pour un pays doté d’un ministère des infrastructures où l’on est incapable de remettre sur pied un garde-fou don le coût serait à moins de 10 millions de F CFA.

Dipombé Payébé
Le Temps N°481 du 31 mai au 06 juin 2006


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