Baccalauréat 2006: Un véritable coup de bluff – Le Temps N°483 du 14 au 20 juin 2006

En dépit des mesu­res coercitives pri­ses par le comité interministériel pour crédibiliser le baccalauréat tchadien, la situation n’a fait qu’empirer et la fraude s’est aggravée. Certains éléments des forces de sécurité déployés pour la circonstance pour dissuader certains esprits malins se sont el­les mêmes rendu coupable de faux et usage de faux. Elles ont fait pire. Elles couvrent certains candidats moyennant quelques billets de banque informe un des présidents de centre de la place. Au centre du lycée Sacré-Coeur, le président a pris la main dans le sac un individu se réclamant de l’ANS (Agence na­tionale de sécurité) un service de contre espionnage du régime qui a déjoué la vigilance de tout le monde pour tenter de s’introduire en salle où se trouve son protégé. Mal lui en a pris et c’est le prési­dent du centre qui l’a surpris et l’a fait déguerpir sous le regard ahu­rissant des candidats et sur­veillants.

Le premier jour du déroulement, les candidats mécontents ont failli lapider un proviseur de la place. Ce dernier sans gêne aurait bouffé l’argent d’une vingtaine des can­didats qu’il n’a pu envoyer leurs dossiers à l’office du Bac. Ce chef d’établissement malhonnête pour se sauver la peau aurait promis aux victimes qu’il va rembourser leurs dus d’ici à la fin du mois lorsqu’il va gagner son salaire. Selon les té­moins, des sueurs chaudes et froi­des ont perlé sur son front par ce que les candidats malheurs qui n’entendent pas de cette oreille son propos ont promis faire sa peau si d’ici là une solution adéquate ne leur est pas trouvée. Une fois de plus la jeunesse a été sacrifiée sur l’autel des intérêts bassement ma­tériels. Sous d’autres cieux les autres de ce genre de forfaits sont sévèrement sanctionnés mais au Tchad comme l’impunité a été éri­gée en système de gouvernement rien n’arrivera à ces agents indéli­cats, il pourra même bénéficier d’une promotion.
Toujours dans la même jour­née, les candidats camerounais qui avaient payé régulièrement et ont présenté des fameux probatoires authentifiés et ont reçu les billets d’accès en salle n’ont pas leurs noms sur les listes des candidats autorisés à composer. Très remonté, ils ont décidé de faire un sit-in dans la cour du rectorat pour atti­rer l’attention des organisateurs. Ceux-ci ont pris peur et ont fait appel à la police pour les disper­ser des lieux. Mais devant l’insis­tance de ces candidats qui se font menaçant, une solution intermé­diaire leur a été trouvée. Ils étaient tous casés dans un centre crée pour la circonstance dans les lo­caux des facultés d’Ardep­Djoumal.

Tout autour de ce dit centre, les responsables des photocopieurs ont été chassés. Ils favorisent la fraude à grande échelle. Il y a des gens qui se sont caché dans les alentours pour faire des bonnes affaires. Ils traitent les sujets et multiplient pour les ven­dre aux candidats les plus offrants sous le regard complice de certains surveillants véreux et des agents de sécurité. Informé de la situation, le président dudit centre a or­donné illico presto leur départ de ce coin.

Au lycée Féminin, le président du centre pour empêcher toute fraude, était obligé de monter une stratégie. Il fait la ronde malgré la présence massive des éléments de la police et de la gendarmerie der­rière les salles qui abritent les can­didats. Cette stratégie a permis de déjouer les manœuvres de certains filous et ripoux habitués aux gains faciles.

Au lycée Félix Eboué, un indi­vidu qui se fait passer d’un jour­naliste était entré dans la cour où il tente d entrer dans une salle est tombé dans les mailles de la po­lice. On a trouvé sur lui des sujets de Philosophie traités. Il est en­train de méditer sur son sort entre les quatre murs depuis quelques jours.

Le vendredi 2 juin 06 un groupe de camerounais très amers parce qu’il n’a pas réussi à s’inscrire aurait occupé brièvement le pont de Nguéli côté camerounais pour attirer l’attention de leurs autori­tés. Cette source indique que les autorités qui avaient pris l’affaire au sérieux aurait dépêché une mission auprès des organisateurs afin de débloquer la situation de certains candidats qui étaient en règle.

Il faut dire que contrairement aux années précédentes, l’on a enregistré plus de 3000 camerounais. Jamais de mémoire de Tchadiens, l’on a vu le déroulement d’un baccalauréat en­taché d’irrégularité sans pareil mal­gré le matraquage médiatique dont ils se sont rendu maîtres depuis un certain temps, les organisateurs. Les correcteurs doivent prendre leur courage à deux mains et sanc­tionner les éventuelles copies identiques surtout pour les centres de N’Djaména. Beaucoup de candi­dats camerounais ont pleuré à chaude larme cette année parce que la date de l’examen du Bac chez eux a un peu coïncidé avec celle du Tchad. Là bas, il s’est déroulé le 31 mai 06. Donc certains candidats de Douala par exemple n’ont pas eu le temps nécessaire pour venir régulariser leur situation. Les or­ganisateurs ont attendu la dernière minute pour lancer un appel à l’endroit de ceux-ci pour des éven­tuelles réclamations et cela s’est passé un jour non ouvrable. Faute de quoi leurs dossiers ne seront pas pris en compte avertit l’office du Bac.

Il faut dire que depuis que la corruption est entrée dans la cul­ture des Tchadiens, tout est argent. Tous les concours sont marchan­dés. Ce sont les plus offrants qui réussissent. Le mérite n’existe pas dans le langage des Tchadiens malgré qu’un ministère d’un titre ronflant à savoir moralisation été crée le phénomène perdure.

Au centre de Sarh, un surveillant qui a tenté d’aider un candidat contre un billet craquant été séance tenante renvoyée de salle tandis qu’à Moundou l’épreuve des sciences physique a été remplacée à la dernière minute. La majorité des candidats possédaient déjà des corrigés du sujet de cette discipline. Les organisateurs se sont rendu compte ils ont procédé à l’annulation. Ce qui a permis de couper l’herbe sous les pieds des auteurs. Cette montée en puissance de la fraude cet année serait renforcée dit on par des réseaux des faussaires qui a pour seule ambition de racketter les candidats naïfs.

Selon plusieurs sources même si des cas de fraude sont enregistrés, les dégâts sont limités dans certains centres de provinces. Par contre dans la capitale le baccalauréat a permis aux petits débrouillards de se faire un peu de frics.

Laldjim Narcisse Mbainadji
Le Temps N°483 du 14 au 20 juin 2006


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