L’UST entre de nouveau en grève – Le Temps N° 482 du 7 au 13 juin 2006

Au cours d’une assemblée générale tenue à la bourse du travail le samedi 3 juin dernier, les travailleurs réunis sous la bannière de l’UST ont décidé à l’unanimité d’observer une grève d’une semaine avec un service minimum dans les secteurs sensibles, comme à la santé à compter de lundi 5 juin 06. Le président de l’union des syndicats du Tchad estime que sa centrale s’est fait gruger par les autorités.

Et d’ajouter que compte tenu du manque de volonté sincère du gouvernement de prendre au sérieux les préoccupations des travailleurs, la lutte reste le seul moyen pour le contraindre à écouter le cri de détresse des agents de l’Etat. Pour ce faire, Barka Michel a exhorté les militants de l’union des syndicats du Tchad à se mobiliser car, dit-il, c’est une cause juste qu’ils défendent.

Dans son compte rendu, le Secrétaire général adjoint de l’UST François Djondang souligne que depuis la suspension de la grève, le gouvernement n’a même pas daigné appeler le syndicat pour la reprise des négociations. Il est préoccupé plutôt par la tenue de son scrutin présidentiel du 3 mai dernier. D’après le seecrétaire général adjoint de l’UST, le Premier ministre a appelé le 22 mai 2006 le bureau exécutif de l’Union des syndicats pour s’informer de l’état d’avancement des négociations comme si cela pouvait se passer en dehors de lui. Le PM a saisi cette occasion, rapporte le SGA, pour dire à la délégation de l’union des syndicats du Tchad que des efforts ont été consentis par le gouvernement pour apurer les arriérés de salaire et des pensions et qu’en retour la centrale syndicale devait assouplir sa position. Mais, elle est restée toujours figée, déplore le premier des ministres qui a, dans la foulée, signifié que le président de la République voulait que les négociations reprennent pour déboucher sur la signature d’un pacte social.

Il ressort également de ce compte rendu qu’une autre rencontre a regroupé les ministres de la fonction publique et des droits de l’homme mais celle-ci a accouché d’une souris. Aucune proposition concrète n’a été faite.

Le chef du gouvernement a rappelé que le collectif budgétaire sera bientôt adopté et que les 5% promis par le gouvernement seront pris en compte qu’à partir de ce mois malgré la concession de taille faite par la centrale syndicale au gouvernement. Cette dernière a en effet abandonné une partie de ses revendications. Selon François Djondang sans consulter sa base, sa centrale a concédé les 5% de l’année 2005 mais pour l’année en cours, pas question d’accepter à compter de juin comme le veut le PM qui est resté intransigeant.

Pour les travailleurs du secteur public, dans tous les pays pétroliers au monde, les gouvernants ont augmenté le salaire de leurs agents en tenant compte de la cherté de la vie mais celui du Tchad refuse de voir ses travailleurs vivre décemment. Il préfère les rouler dans la farine.

Certains militants ont dénoncé la mauvaise gestion des maigres ressources par des individus sans qu’ils ne soient punis. Pour eux, les agents de l’Etat ne doivent pas payer le pot cassé des roitelets de la république. Ils avertissent que la lutte qu’ils vont engager dans les jours à venir sera celle d’un travailleur qui cherche à retrouver sa dignité bafouée par les princes du pays de Toumaï. L’on ne doit pas céder aux intimidations et aux chantages de certains responsables zélés, déclarent en choeur les travailleurs plus que déterminés à obtenir leurs droits.

Le président de l’union des syndicats du Tchad a exprimé son étonnement par rapport à la mauvaise foi du gouvernement. Barka Michel informe les travailleurs que le pétrole d’après les autorités devraient générer pour l’année en cours une bagatelle de 600 à 750 milliards de francs CFA pour le trésor public. Le patron de l’UST parle en connaissance de cause puisque lui-même est membre du collège de contrôle et de surveillance des ressources pétrolières. Malgré ces ressources financières colossales, on refuse de voir s’améliorer les conditions de vie des travailleurs, soutient-il. Tous les travailleurs doivent se serrer les coudes pour les grandes batailles qui s’annoncent. Les projets des statuts particuliers du personnel de greffes et des communicateurs ont été également abordés aux cours de ces deux rencontres.

La question de l’avance solde des fonctionnaires nouvellement intégrés et affectés dans l’arrière pays et les frais de leur transport ont été débattus. Pour ces points, des promesses ont été faites pour qu’une solution idoine soit trouvée à ce problème qui ne cesse de perturber le bon fonctionnement de l’administration.

Les travailleurs indiquent que si cette grève d’une semaine n’a pas produit l’effet escompté, la deuxième sera une grève sèche et illimitée, le gouvernement seul est tenu pour responsable d’éventuelles conséquences.

Laldjim Narcisse Mbainadji
Le Temps N° 482 du 7 au 13 juin 2006


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