Un groupe de citoyens réclame un dialogue inclusif – Le Temps N° 484 du 21 au 27 juin 2006
LES MEMBRES du GRAC-Paix (Groupe de Réflexion et d’Action Citoyenne) ont organisé une conférence de presse au Cefod le 14 juin dernier. La tenue du dialogue national figure en bonne place de cette rencontre avec les hommes de médias.
La paix, ce mot, comme un refrain, domine ces derniers jours les conversations des Tchadiens.
Seul gage de développement, les Tchadiens de tout bord la réclament de tout coeur quand bien même, les tenants du pouvoir en ont une vision très restrictive de cette paix. L’organisation d’une conférence de presse, le 15 juin dernier au Cefod, par le Groupe de Réflexion et d’Action Citoyenne pour la Paix traduit la ferme volonté de beaucoup de Tchadiens de la voir s’instaurer définitivement dans le pays. Dans sa déclaration liminaire, le professeur Facho Balaam a rappelé les souffrances du peuple tchadien. Une souffrance exacerbée par la misère et le ras le bol exprimé par la population, lors du référendum de juin 2005 dont les résultats ont été grossièrement manipulés. La gestion du pouvoir selon des critères obscurs qui ne tiennent pas compte des compétences, les frustrations enregistrées tant au niveau de l’armée qu’au sein des partis politiques et de la société civile et la contestation du pouvoir par le clan sont à l’origine du climat malsain que nous vivons aujourd’hui, a souligné le conférencier.
L’intervenant constate qu’avec l’exploitation du pétrole, rien n’a changé dans la vie quotidienne des Tchadiens. L’on croyait que le niveau de vie de la population allait s’améliorer mais malheureusement, à ce jour, affirme le conférencier, nombre des familles n’arrivent pas à s’assurer un seul repas dans la journée. De plus, les salaires des fonctionnaires ne sont pas payés à terme échu.
Faute de ne pas tenir compte des avis des uns et des autres, un dialogue des sourds caractérise les relations qui existent entre l’opposition démocratique et le pouvoir, souligne le conférencier.
En prenant cette initiative, le Groupe de réflexion et d’action citoyenne veut donner son point de vue et explorer les voies et moyens pour sortir le pays de cette crise qui n’a que trop duré. A l’heure actuelle, la situation est bloquée sur tous les plans. C’est pourquoi, estime le professeur Facho, il faut ouvrir le dialogue à toutes les sensibilités du pays. Le retour de la paix sociale, dit-il, passe nécessairement par une table ronde ouverte à toutes les filles et tous les fils du Tchad tant de l’intérieur que de l’extérieur. Toutes les résolutions qui seront prises lors de ces assises devront être effectivement appliquées, souhaite le conférencier.
Pour réussir ce dialogue, M. Facho Balaam demande aux partenaires extérieurs d’accompagner les Tchadiens dans la recherche de solutions durables pour parvenir à la stabilité et à la paix, valeurs essentielles pour 1e développement et l’enracinement de la démocratie. Cela permettra aux Tchadiens de combattre la pauvreté qui est véritablement la source de tous leurs conflits. Et le conférencier d’émettre le voeu de voir les partenaires contribuer à la restauration de la paix au Tchad dans la stricte neutralité et le respect mutuel.
Le groupe de réflexion par la voix du Pr Facho invite la communauté internationale à s’impliquer sincèrement pour qu’au sortir de ces assises, le peuple tchadien soit réconcilié avec lui -même afin de savourer la paix et le bonheur de vivre sans méfiance.
Soucieux de sortir, le Tchad du cercle vicieux de la guerre, le Groupe de réflexion et d’action citoyenne pour la paix prône :
– le pardon mutuel;
– l’ouverture d’un dialogue national pour une réconciliation véritable. Au cours de ce dialogue, aucune question ne devrait être considérée comme tabou afin d’assainir une fois pour toute le climat sociopolitique;
– l’implication des partenaires extérieurs ( communauté internationale) comme caution morale;
– l’arrêt des hostilités sur l’ensemble du territoire national ;
– le choix judicieux du lieu devant abriter ce dialogue national pour permettre la participation de toutes les parties prenantes.
Le GRAC- Paix, enfin, tout en demeurant attaché à la paix, à la stabilité, à l’unité et à la cohésion nationale, dit prendre acte de l’élection présidentielle du 3 mai 2006 malgré qu’elle se soit déroulée sans l’aval de tout le peuple tchadien.
Laldjim Narcisse Mbainadji
Le Temps N° 484 du 21 au 27 juin 2006