Editorial: De la mer à boire! – Le Temps N° 484 du 21 au 27 juin 2006
Décidément, le troisième mandat de IDI s’annonce difficile : Pendant que tous les projecteurs sont braqués sur la probable tenue d’une table ronde regroupant tous les acteurs politiques et politico-militaires du pays, sévit une insidieuse crise sociale avec en trame de fond, une grève sèche et illimitée lancée depuis le 12 juin par la centrale syndicale l’UST.
De la tenue de ce dialogue non exclusif comme le souhaitent l’opposition la politique et les politico-mllitaires, la communauté internationale, restée longtemps spectatrice de la crise tchadienne a décidé de mettre la main à la pâte. Après le passage du sous-secrétaire d’Etat adjoint américain pour les affaires Africaines Donald Yamamoto fin mai 2006. Celui des parlementaires de l’Union Africaine mi-juin et des représentants du conseil de paix et de sécurité des Nations Unies, le 09 juin 2006 ; c’est au tour de la ministre française déléguée à la coopération, Brigitte Girardin de rencontrer du 15 au 16 juin les autorités tchadiennes.
Une valse diplomatique jamais enregistrée depuis 1990, date de la prise du pouvoir par IDI. Toutes ces délégations ont au finish un seul objectif, celui de faire pression sur IDI et les opposants pour qu’ils enterrent la hache de guerre et de s’asseoir autour d’une table. Car la lassante crise tchado-tchadienne dont l’ampleur de la gravité va crescendo n’a que trop perduré dans l’indifférence. Ainsi, la communauté internationale a décidé d’entrer dans cette interminable crise afin d’ouvrir la difficile question, celle d’un dialogue sincère entre les frères ennemis, celle d’une réconciliation nationale entre les Tchadiens.
Seulement, des différentes rencontres des représentants de ces institutions avec les acteurs politiques tchadiens, il ressort que les opposants politiques doivent prendre acte de la réélection de IDI et accepter le dialogue à l’issue duquel sera mis sur pied un gouvernement de transition avec un premier ministre doté d’un « plein pouvoir ». Cette proposition très renforcée par le passage récent de la ministre française déléguée à la coopération sera-t- elle acceptée par l’opposition pour qui, il ne pourra avoir dialogue que si IDI accepte le principe du dialogue inclusif ? Wait and see !
Mais en attendant de revenir sur ce dialogue qui déjà, s’annonce compliqué, le pays est paralysé par une grève sèche et illimitée. Cette grève largement suivie par tous les travailleurs du secteur public intervient après le refus du gouvernement d’accéder aux revendications de l’UST. Il s’agit de l’augmentation du salaire de 5%, une promesse faite depuis septembre 2004 aux fonctionnaires par IDI lui-même ; de la levée de la mesure gelant les effets financiers des avancements des fonctionnaires ; d’assurer les frais de transport des fonctionnaires affectés et de verser les 10% des agents du ministère de la santé conformément au statut particulier de ce ministère adopté depuis plusieurs années. Ce qui inquiète, c’est que dans cette grève qui perdure et qui semble ne pas émouvoir le gouvernement, la victime se trouve être le citoyen lambda. A-t-on donc tort de tenir le gouvernement de IDI responsable des crises que connaît le pays?
Assurément non ! Car, le pouvoir de IDI n’a plus d’autorité. Irrespectueux de la parole donnée, ceux qui nous gouvernent n’ont de promptitude que pour des intérêts bassement matériels, se souciant peu de la vie des citoyens. Depuis deux semaines, tous les hôpitaux du pays ont cessé de fonctionner. Les morts se comptent par milliers… et cela, sans aucune réaction du gouvernement, Depuis deux semaines, l’administration est paralysée et le gouvernement, sourd des revendications de l’Ust. Où allons-nous ? Certainement vers une banqueroute dont l’histoire tiendra pour seul responsables IDI et son parti le MPS.
La Rédaction
Le Temps N° 484 du 21 au 27 juin 2006