Pourquoi IDI est indéboulonnable! – Le Temps N° 498 du 8 au 14 novembre 2006
Aujourd’hui, il apparaît clairement qu’avec les dernières démonstrations de force des rebelles, le pouvoir est prenable au bord du Chari. Mais attention la guerre n’a jamais été une science exacte où, à coup de théorèmes et autres savantes formules, on peut s’en tirer à bon compte. Dans une guerre, c’est le plus malin qui gagne. Et sur ce point, IDI semble avoir pris plusieurs longueurs d’avance sur ses adversaires empêtrées dans de querelles de leadership puériles.
Depuis près de trois semaines, avec la fin de la saison des pluies et les dernières échauffourées dans les montagnes de l’Est, les Tchadiens ont les oreilles tendues vers l’Orient. Les dernières et meurtrières batailles de Hadjer Meram ont convaincu tout le monde que rebelles et gouvernementaux se battent maintenant à armes égales sinon les premiers ont maintenant un avantage certain sur les loyalistes grâce aux redoutables missiles sol-air et à leur détermination.
Ainsi aujourd’hui les rebelles n’ont, en notre humble avis, comme ennemis qu’eux-mêmes. En effet, on aura remarqué que depuis l’échec de la conquête de N’Djamena en avril dernier, aucun de ces groupes rebelles n’a daigné s’associer à l’autre pour mener des actions communes. Le FUC a implosé au lendemain de cette attaque puisque même si le RDL est resté le fer de lance de ce regroupement auquel on peut joindre les éléments de Tollimi, beaucoup d’autres avaient rejoint le mouvement du capitaine Mahamat Nour par pur opportunisme. Bien plus, les raisons évoquées par les adversaires du capitaine selon lesquelles ce dernier serait limité intellectuellement ou bien serait trop porté sur le secret sont totalement et souvent fallacieuses pour le seul motif que ces gens ont plus souvent voulu ou cru vouloir utiliser Mahamat Nour comme une marionnette. A 1a bataille de Hadjer Marfaine, le RAFD et alliés ont eu seuls à affronter le feu des loyalistes. A Hadjer Meram, l’UFDD fut seule devant l’armada des gouvernementaux.
Au regard de ces trois situations, on serait amené à croire que leur lutte semble consister à remporter des batailles, rien que ça et surtout seuls. Et cela, malheureusement pour eux, fait que beaucoup de Tchadiens refusent de les prendre au sérieux. Des concertations et autres contacts ont lieu depuis plusieurs semaines entre les trois principaux groupes rebelles selon des sources concordantes mais jusque-là aucune décision sérieuse ne semble être prise pour leur unité d’action. Peuvent-ils demander un dialogue inclusif à IDI quant à eux mêmes, pour des questions d’ego très poussé de chaque leader, sont incapables d’une quelconque entente ?
Les dissensions actuelles au sein de la rébellion relèvent souvent du tribalisme de leur leader et de l’opportunisme de certains agitateurs professionnels qui ont fait de la lutte politico-militaire une profession juteuse même si, c’est souvent le cas pour ces agitateurs, leurs combattants ne remplissent même pas une cabine téléphonique. Et cette cécité politique fera, qu’en l’absence d’une proposition politique forte, ces mouvements rebelles présentent souvent peu de crédibilités. Ces maladresses répétées font qu’ils reprennent souvent point par point les erreurs qu’eux-mêmes reprochent à IDI.
Aujourd’hui, il apparaît clairement qu’avec les dernières démonstrations de force des rebelles, le pouvoir est prenable au bord du Chari. Mais attention la guerre n’a jamais été une science exacte où à coup de théorèmes et autres savantes formules, on peut s’en tirer à bon compte. Dans une guerre, c’est le plus malin qui gagne. Et sur ce point, IDI semble avoir pris plusieurs longueurs d’avance sur ses adversaires empêtrées dans de querelles de leadership puériles.
La mort des généraux Moussa Sougui et Abakar Youssouf Itno était pourtant des signes forts pour que le locataire du Palais Rose puisse fléchir. Au lieu de cela, IDI est plutôt déterminé à sacrifier jusqu’au dernier de ses combattants. Mais surtout l’homme sait à merveilles mettre en branle sa diplomatie qui, avec la verdeur de langage d’Ahmad Allam-Mi, fait autant de dégâts dans les rangs rebelles que les SAM 7 ont semé la panique dans les cieux de Goz-Beida. Contrairement à ce que beaucoup pensent, IDI, derrière son visage naïf et ou de brute comme le clament ses adversaires, est doté d’une intelligence terrifiante qui l’emmène à tourner à son avantage les situations les plus désespérées. Il ne suffit pas de lâcher des Toyota sur N’Djamena un matin mémorable du 13 avril 2006 malgré le « coup de semonce » des Mirages français ou encore de semer la trouille à coup de missiles SAM 7 pour l’éjecter du Palais Rose. L’homme ne se sent à l’aise que dans l’adversité et sait jouer avec et contre le temps. Ce que pourtant les rebelles qui les connaissent pourtant bien ne semblent pas avoir compris.
Michaël N.Didama
Le Temps N° 498 du 8 au 14 novembre 2006