Editorial : Tchad : La tombe des projets – Le Temps N°498 du 8 au 14 novembre 2006

Du Développement Humain Durable, concept inspiré d’un ensemble de réflexions menées par la com­munauté internationale sur les échecs et les conditions de réussite en matière de développement, du concept déve­loppé par des grandes institutions internationales permettant à cha­que être humain d’exploiter et d’accroître son potentiel dans tous les domaines, de disposer d’un revenu décent, de devenir un agent actif de son développement bref des résolutions de la conférence de Rio de Janeiro de 1992, qui préconise que le développement ne doit pas être seulement humain mais aussi durable dans le sens où les générations futures doivent pouvoir disposer aussi d’un potentiel de développement comme les générations actuel­les, ni les résolutions des travaux de la conférence internationale sur la population et le développement du Caire en 1994, ni ceux de développement social tenu à Copenhague en 1996 n’ont connu de succès au Tchad. De toutes ces rencontres internationales qui ont jeté les bases des solutions de développement durables, le Tchad a brillé par sa mauvaise gestion. Il a été l’un des mauvais élèves parmi tous les pays qui ont pris part et adopté les résolu­tions de ces différentes rencontres. La table ronde de Genève qui a fait tant de vague en 1998 et qui a fait rêver plus d’un Tchadien n’est finalement qu’un bluff.

Au Tchad, plus rien ne porte espoir. Des centaines de projets financés, pas un seul n’a vu son aboutissement. Depuis 1990, des milliards de francs CFA injectés par les institutions internationales et pays amis, destinés à sortir le Tchad de l’extrême pauvreté ont pris des destinations inconnues. Des milliards de francs, alloués au Tchad pour la réalisation des différents projets sont tombés droit dans les poches des individus véreux, catapultés (avec la complicité du pouvoir), pour gérer ces projets. PDIS, PSAP, PNE, Mini-raffinerie de Farcha, les Télécommunications, le contrat-plan de la STEE, le Polder du Lac Tchad, le projet Mamdi, le PSOAP bref, tous ces projets ont capoté faute de bonne gestion. Ce qui surprend le plus c’est que tous ceux à qui ces projets sont confiés; sortent toujours du sérail, des proches du clan au pouvoir. Une ribambelle d’individus, d’ailleurs sans aucune compétence, même apparente, certains formés au rabais dans ces instituts qui pous­sent dans nos villes comme des champignons. Les centaines de milliards alloués par les institutions internationales et pays amis retombent donc droit dans les poches des proches du pouvoir, des membres du clan et autres valets gravitant autour du pouvoir. Ces fonds ont servi à construire d’imposants et d’insolents châ­teaux, garnir les comptes bancaires, agrandir les parcs-automobi­les et multiplier les conjointes. Il est donc surprenant de constater que ceux-là même qui, hier, pillaient le pays, s’érigent aujourd’hui en donneurs de leçon. Tous ceux-là qui ont dilapidé les fonds des­tinés à développer le pays qui sont tous promus à des postes en­core plus juteux, qui ne sont jamais inquiétés et continuent à nar­guer le peuple.

Pourquoi le gouvernement a-t-il donc attendu tant d’années pour réagir ? Les gesticulations ces derniers jours des parlementaires à l’hémicycle n’est-elle pas une simple comédie. Une mise en scène pour amuser la galerie ? Car, à procéder par une cure de tous ceux-là qui peuplent le pouvoir aujourd’hui, personne n’a les mains propres. Ceux qui aujourd’hui crient au voleur ! ont tous été les voleurs d’hier. Le pouvoir tiendra-t-il parole et infligera-t-il une sanc­tion exemplaire à ces voyous de la République ? Wait and see !

La Rédaction
Le Temps N°498 du 8 au 14 novembre 2006


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