Changer de vision – L’Observateur N° 378 du 31 mai 2006
Le Conseil Constitutionnel a donné les résultats définitifs de l’élection présidentielle du 3 mai, dimanche dernier. Le candidat Idriss Déby Itno a donc été réélu sans surprise avec 64,67% des voix, suivi de très loin par Nouradine Delwa Kassiré Coumakoye, 15,13%.
Le couple présidentiel (Inda-IDI) soutenu par ceux du PM et du SG du MPS ont fêté « l’événement » au flambant neuf Hôtel kempeski. Reste maintenant à savoir ce que fera IDI de sa victoire, lui qui est harcelé de tous les côtés. D’abord par son opposition armée qui n’entend pas déposer les armes et tente d’allumer les foyers de tension un peu partout sur le territoire national. On signale en ce moment la présence des rebelles à la frontière tchado-centrafricaine, notamment du côté de Sido, tandis que le BET, depuis le départ de Mahamat Nouri, suivi de bon nombre de ressortissants de cette région, bouge lui aussi.
Les occidentaux de leur côté, notamment l’Union Européenne et les USA font la fine bouche et n’ont pas encore donné leur onction bénédictine quant à cette victoire à la pyrrhus. Ils estiment que toutes les conditions d’une élection transparente et démocratique n’ont pas été réunies, surtout qu’une partie importante de la classe politique, notamment l’opposition, a boycotté celle-ci. En attendant, le MPS, lui, a déjà embouché la trompette du lynchage politico-médiatique et du dénigrement. Des mercenaires de l’éditorial enflammé ont déjà commencé le sale boulot. L’opposition radicale et une certaine société civile constituent le menu de leur diatribe quotidienne. En fait, au lieu de s’engager sur la voie du dialogue national que réclame depuis fort bien longtemps la majorité de nos compatriotes, et qui demeure la seule issue véritable de sortie de crise, c’est plutôt le durcissement ! Beaucoup malheureusement oublient que c’est aussi la radicalisation et le mépris de l’autre qui ont conduit notre pays dans l’impasse actuelle. II serait grand temps pour nos dirigeants d’avoir une autre vision de la façon dont ils veulent gérer ce pays. Sinon…
Sy Koumbo Singa Gali
L’Observateur N° 378 du 31 mai 2006