Et la couronne est définitivement posée – L’Observateur N°378 du 31 mai 2006

cour Deux semaines après la proclamation des résultats provisoires du scrutin du 3 mai par la Commission Electorale Nationale Indépendante (Ceni), c’est au tour du Conseil Constitutionnel de valider définitivement le 28 mai dernier ces résultats. Ainsi le président sortant IDI est reconduit pour un 3ème mandat de 5 ans, avec 64,67% de voix. C’est sans surprise aucune­ qu’après quatre heures d’horloge de lecture des résultats, région par région, le docteur Houdeïngar David Ngarimaden a déclaré devant la presse nationale et quelques membres du parlement Panafricain présents dans la salle la réélection d’Idriss Déby Itno au premier tour. Les requêtes de ses fidèles accom­pagnateurs, notamment Kassiré Delwa Coumakoye et Mahamat Abdoulaye demandant l’annulation de certains bureaux de vote ont été pris en compte partiellement, plus de 3000 bureaux de vote ayant été annulés. Contrairement à la CENI, le Conseil Constitutionnel a revu à la baisse les chiffres.

De 77,55% Deby gagne les élections avec 64,67% des voix alors que le taux de participation est retombé à 53,08% au lieu de 61,49%. Si, lors de la proclamation des résultats provi­soires par la Ceni, il y avait eu de l’am­biance à l’hôtel Kempinski, ce n’était pas le cas cette fois-ci au Conseil Constitutionnel où la salle était quasiment déserte. Les militants du MPS et leur candidat Idriss Déby Itno, eux, ont choisi de suivre la retransmission en direct des résultats au siège national du MPS. Ensuite, un grand banquet de victoire a été offert par le bureau du MPS à l’hotel Kempinski pour couronner la soirée. Signalons que pour célébrer nationalement cette victoire, une enveloppe de 20 millions de FCFA aurait été débloquée à chacune des délégations venues des provinces pour repartir faire la fête dans leur localité respective. Mais la célébration de cette victoire commence déjà à faire ses premières victimes. A N’Djaména où cette fête a été célébrée à travers les conseils des arrondissements, au niveau communal et à la direction nationale, le ballet national a été tenu à l’é­cart. Et pourtant ce groupe artistique avait battu compagne activement en faveur du candidat du MPS. Et lors de la visite de IDI au siège du ballet national, la Directrice du ballet, Mariam Mayoumbila avait reçu les encouragements du Chef de l’Etat qui lui avait promis soutien et assistance. Nous ne sommes qu’au seuil du nouveau man­dat et certains commencent déjà à regret­ter le zèle manifesté pendant la période de la campagne électorale.

Cette fois-ci, après la proclamation des résultats définitifs, les tchadiens n’ont pas eu droit au show musical dont seul le pré­sident a le secret. II n’a pas chanté son « on a gagné » légendaire. C’est plutôt sur un ton mesuré que Déby a déclaré à la presse: « mes impressions sont les impres­sions de satisfaction totale. Pour la troisiè­me fois le peuple tchadien vient de me faire confiance au 1er tour de ces élec­tions. Je remercie tous les tchadiens qui m’ont voté et ceux qui ne m’ont pas voté, c’est leur droit. Comme je le dis souvent, je vais toujours me mettre au service de mon peuple. Et comme je suis élu sur la base d’un programme, je tiens à réaliser toutes les promesses faites pendant la campa­gne pour ne pas décevoir ». Attendons maintenant de voir!

Car l’on se souvient, il y a 5 ans, lors de son investiture, du haut de la tribune du Palais du 15 janvier, devant ses pairs afri­cains, Déby avait pris l’engagement solen­nel suivant: « Je prends l’engagement, publiquement: je ne serais plus candidat à l’élection présidentielle en 2006. Je ne modifierais pas la Constitution quand bien même j’aurais une majorité de 100%. Je dis haut ce qui me reste à faire au cours de mon dernier mandat; c’est de préparer le Tchad à l’alternance au pouvoir, une alter­nance démocratique, pacifique sans ruptu­re. Je veux que ce pays passe d’une étape à une autre en douceur sans déchirure. Voilà la responsabilité qui sera la mienne, quoiqu’il arrive ».

Quelques fois, l’histoire finit par nous rat­traper. Et les actes que nous posons ou les paroles qui sont dites sont là pour nous juger…

Takadji Edouard
L’Observateur N°378 du 31 mai 2006


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