6 mois de prison avec sursis pour Brahim Déby==L’Observateur N° 379 du 7 juin 2006==
Brahim Déby, fils aîné du Président de la République a été condamné à six mois de prison avec sursis le week-end der¬nier à Paris pour « Port d’arme » et « détention illégale de dro¬gue » mais pas de consommation, par le tribunal correctionnel de Paris. Le compagnon de Brahim Déby, un certain Alioune Bâ, condamné lui, à trois mois de prison avec sursis a tenté de justifier l’existence de la drogue dans leurs affaires par » un cadeau empoisonné « . « On nous fait beaucoup de cadeau parce qu’on veut être ami avec le fils du président » devait-il dire. Drôle de cadeau n’est ce pas ?
En tout cas, tout a commencé dans la nuit du mercredi au jeudi 7 juin où au cours d’une altercation dans une disco¬thèque d’un quartier chic de Paris, une arme semi-automa¬tique chargée est tombée de son pantalon. La police appe¬lée à la rescousse, ayant constaté que le fils Déby n’avait pas de permis de port d’armes l’a aussitôt interpellé et placé en garde à vue. La perquisition de son domicile qui s’en est sui¬vie a permis à la police de découvrir 375 grammes de can¬nabis et 2 grammes de cocaïne. Jugé en comparution immédiate samedi 3 juin, il écopera de « six mois avec sursis » peine bien clémente au regard de la faute commise. Sans doute les relations du père qui ne manquent pas « d’amis » dans le sérail parisien ont joué. Aux dires même de l’avocat de la famille, Me Max Ahoueké, Deby fils aurait pu écoper de cinq ans de prison ferme au regard de la loi. Mais vu que l’accusé ne connaîtrait pas les arcanes de la loi française et vu aussi sa « jeunesse « et « son insouciance », cette peine clémente serait une leçon pour les prochaines fois. Il a demandé l’indulgen¬ce du jury pour cet enfant gâté de 27 ans qu’est Brahim Deby Et bien entendu le jury l’a suivi dans sa plaidoirie. Ce qui est grave, c’est la manière dont ce togolais parachuté chez nous lors des Etats généraux de la justice présente la situation, comparant presque les tchadiens aux sauvages qui ne savent rien d’autre que de se battre à coup de pistolet. Il semble vouloir justifier les faits reprochés à son client spécial par l’environnement culturel dont il est issu, un environne¬ment caractérisé par la violence. En termes clairs au Tchad la violence est tout à fait naturelle car tout le monde porte une arme comme au bon vieux temps du far-west. On aurait voulu insulter le pays des Sao autre réputé pour sa culture pacifique que l’on ne s’y serait pas pris autrement. Au Tchad même la réaction du père a été tout simplement pué¬rile: le relever, par Décret lu à la radio, de son poste de conseiller technique à la Présidence comme si nul n’ignorait les frasques de ce jeune homme qui à N’Djaména tire sur tout ce qui lui déplait en toute impunité au point d’avoir été épinglé comme « le tireur d’élite de Klémat « . Si la loi avait été la même pour tous, il n’y aurait sûrement pas eu assez de place dans son casier judiciaire, car contrairement à ce qu’a affirmé Me Max Ahoueké qui connaît vaguement le Tchad pour n’y avoir séjourné que pendant les Etats Généraux de la Justice, la législation tchadienne qui n’est qu’une pâle copie de la loi française n’autorise pas le port d’armes sans permis. Preuve donc que les nominations et autres promo¬tions sont basées sur tous autres critères que la probité morale et autres vertus cardinales auxquelles vous soumet¬tent les hautes fonctions de l’Etat. En fait, l’on ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer car ce nième épisode met à nu la nature d’une République autrement que bananière.
JPAM – L’Observateur N° 379 du 7 juin 2006