Mairie de N’Djaména: Adoudou s’enfonce – L’Observateur N° 397 du 8 novembre 2006
Suite à notre enquête sur la gestion de plusieurs maires de la ville de N’Djaména, le maire actuel, Adoudou Adil Artine a estimé nécessaire d’apporter un certain nombre d’éclairages à l’opinion nationale, lors d’un point de presse organisé le 1er novembre dernier. Tout en saluant cette initiative louable, nous avons toutefois relevé que le maire a enfoncé le clou plus qu’il n’a justifié son action. Prenant au mot le maire qui demande d’être critiqué, il sera servi.
Fait curieux, tout au long de son point de presse qui a duré environ une heure de temps, le très prolixe Adoudou Artine n’a pas évoqué un seul instant le cas des cinq agents de recouvrement qu’il a recruté et classé à des catégories réservées aux agents de conception. Prenant acte du fait que le maire affirme avoir recruté des cadres, conseillers juridique et économique, suivant un plan de recrutement dessiné en Comité de Gestion de la ville, nous réitérons notre doute quant à sa bonne foi lorsqu’il s’agit de reclassement du conseiller juridique en catégorie A échelon 10. Contrairement à ce qu’affirme Adoudou dans son point de presse, ce grade est la dernière du genre à la mairie. Peut-être le fait que le fils du gendarme, « Abba gendarma », comme l’appellent affectueusement les habitants de Klemat, lui est recommandé par une personnalité haut placée? Etant tous des N’Djaménois, nous savons quels sont les liens qui unissent Mme Mbaïlemdana, la SGA, Adoudou Artine et le jeune économiste. Est-ce que c’est aussi en référence à leur marraine que le maire n’a pas estimé nécessaire de demander à Mme Marie Thérèse Mbaïlemdana, de rembourser les 37 millions des moustiquaires imprégnées qu’elle a détourné? Ne pouvant donc pas réclamé les 37 millions, Adoudou Artine Alexandre aurait pioché 21 millions dans la caisse de la mairie pour acheter avec des moustiquaires imprégnées. Bien sûr, nous n’allons pas demander à Adoudou de nous dire comment il a distribué ses moustiquaires. Toutefois nous sommes en droit de lui demander pourquoi il prend l’argent du contribuable pour réparer une malversation commise par une personne. Est-ce que Marie Thérèse Mbaïlemdana est une intouchable? Dans tout ça, où sont les seize millions restants, monsieur le maire? Sans compter l’exclusion et le procès gagné contre lui par les ex-employés de la mairie. Et comme un malheur n’arrive jamais seuls, le voilà pris a partie au moment où il se mettait à dos tout le monde à commencer par la presse avec son affaire de véhicules qui n’apparaissent ni à la mairie, ni au parc de la mairie comme promis?
Comme vous le savez, Adoudou Artine est un maire sympathique. Nous l’estimons bien, mais ne dit-on pas que la confiance n’exclut pas le contrôle? C’est pour cela que nous trouvons qu’il faudrait qu’on regarde de plus près sa manière de mener notre chère mairie, spécialisée dans l’art de construire des ronds points à tout vent (tous aussi moches, les uns que les autres et servants d’alibi pour justifier un temps soit peu les magouilles qui règnent à la mairie), et aussitôt de les détruire. Il a révélé dans son point de presse qu’il a donné 75% de frais de curage de caniveaux et de l’entretien de la voirie urbaine aux chefs d’arrondissement de la capitale. Malheureusement, comme dans leurs habitudes, ils ont préféré mettre cet argent dans leurs poches sans exécuter leurs tâches. Fâché, Adoudou a affirmé devant toute la presse nationale qu’il a refusé de leur verser le reste de l’argent. Mais, monsieur le maire nous sommes d’accord avec vous. Là où nous ne partageons pas le même point de vue c’est au niveau des sanctions. Qu’est ce que vous avez fait pour que ces chefs d’arrondissements remboursent l’argent qu’ils ont indûment perçu? C’est naturel puisqu’ils n’ont pas exécuté la tâche pour laquelle vous leur avez donné cet argent. Jusqu’aujourd’hui, nous constatons, très malheureusement que ces messieurs continuent à diriger les arrondissements alors qu’ils devraient être sanctionnés.
Monsieur Adoudou Artine, nous sommes au regret de maintenir à votre charge que votre fournisseur des engins a bel et bien perçu les 374 millions de Francs CFA du compte spécial que vous avez ouvert pour la mairie à la CBT. Ceci est flagrant en matière du respect de la procédure de passation de marché public. Nous vous comprenons lorsqu’on lit le patronyme du bénéficiaire de ce marché, peut-être que des personnes du cabinet civil de la présidence de la République vous ont recommandé. Mais, nous sommes dans l’obligation d’attirer votre attention sur le fait que dans ce cabinet civil, il y a des personnes hautement placées qui étaient condamnées pour de détournements de centaines de millions de Francs CFA. Prenez vos responsabilités monsieur le maire. Comme aime si bien à le ressasser le Président Idriss Déby Itno : »le chien aboie, la caravane passe ».
La Rédaction
L’Observateur N° 397 du 8 novembre 2006