La furie d’IDI – Notre Temps N° 255 du 18 au 24 avril 2006

Raid des rebelles du Front uni pour le changement démocratique (Fuc) sur N’Djaména jeudi 13 avril. Contre-attaque de l’Armée nationale tchadienne. Déby piqué au vif, et comme d’habitude, pointe un doigt accusateur sur le régime d’El-Béchir. Du coup, le Tchad rompt ses relations diplomatiques avec le Soudan et envisage d’autres mesures de rétorsion. La France s’immisce. La communauté internationale s’inquiète. Le conflit est ainsi internationalisé. Le point.

24 heures exactement après offensive échouée des rebelles du Fuc sur N’Djaména, le gouvernement de la République du Tchad a, lors d’un conseil des ministres décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Soudan voisin. Au cours du même conseil des ministres, il a été décidé de la fermeture de la frontière Tchado-soudanaise. De la même manière le Tchad annonce son retrait de la médiation du conflit du Darfour. Comme pour manifester son soutien à un ancien allié, la Rca de François Bozizé a annoncé la fermeture de ses frontières terrestres avec le Soudan. Bangui entend ainsi mettre un terme à l’instabilité causée par les milices Soudanaises qui opèrent à ses frontières nord-est. Ce n’est pas tout, le gouvernement du Tchad menace officiellement et ostentatoirement d’expulser les 250 000 réfugiés soudanais campés à l’Est du Tchad. Ce sont là les conséquences logiques de cette crise désormais ouverte entre Déby et El-Bechir, crise dont les effets peuvent lourdement peser sur les populations civiles des deux pays et pourquoi pas, sur la communauté internationale. « Nous ne pouvons mettre enjeu la sécurité de nos citoyens pour sécuriser les réfugiés Soudanais. Il appartient à la communauté internationale de trouver une solution à la crise de Darfour » a déclaré le président Déby avant de renchérir que le Soudan a programmé la déstabilisation du Tchad. L’accusé, depuis toujours ne fait que démentir. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, le Soudan déclare que sa stabilité dépend de celle du Tchad.

Des menaces et incertitudes persistantes

Mais pour revenir à l’offensive des rebelles proprement dite, si l’Ant de Déby estime avoir remporté la bataille en repoussant les colonnes des rebelles qui ont eu l’audace d’infiltrer certains quartiers de la capitale, ces derniers n’ont pas encore dit leur dernier mot.

Des sources concordantes font état d’infiltrations des hommes de Mahamat Nour dans certains quartiers de la capitale ainsi que les services des renseignements militaires de l’Ant. Les rebelles qui ont qualifié de repli tactique, l’échec de la prise de N’Djaména, ont promis lancer dans les jours à venir des offensives décisives afin de déloger Idriss Déby Itno du Palais rose. Cette menace n’est pas tombée dans les oreilles d’un sourd. Car du côté de l’Ant, des patrouilles diurnes et nocturnes sont intensifiées ainsi que des fouilles musclées sont opérées dans les quartiers périphériques du Sud et de l’Est de N’Djaména soupçonnés d’avoir hébergé les infiltrés.

Déby, ennemi commun des rebelles

C’est dans cette atmosphère de menace et d’incertitude que le Mdjt, du moins la tendance de Choa Dozi, annonce avoir encerclé les villes de Bardâi et de Zouar coupant toute communication avec les autres villes de la région. Ce mouvement rebelle déclare être tout a fait d’accord avec les offensives du Fuc malgré que ce dernier ait fait cavalier seul. Même son de cloche du côté de Scud de Yaya Dillo, qui pour sa part, se félicite de cette percée fulgurante. Ce raid, estime Dillo est un signal très fort pour le régime de N’Djaména.

La Banque mondiale indexée

Mais l’étonnement, c’est quand Déby a poussé sa colère jusque contre la Banque mondiale en la sommant de débloquer au plus tard mardi 18 avril les millions de pétro-dollars Tchadiens scellés dans les coffres-forts de City Bank à Londres; sans quoi le Tchad va suspendre son exploitation pétrolière. Comme un fauve blessé, le Gouvernement sort ses griffes.

Et la France dans tout ça!

Dans cette situation, il est difficile de situer la position de la France qui a déclaré dans un premier temps n’avoir pas les preuves de l’implication du Soudan dans ce conflit, mais qui ensuite conseille à Idriss Déby Itno de saisir le Conseil de sécurité de l’Onu. Alors que cette même France par la voix du porte-parole de l’opération Epervier, Jacky Fouquereau, reconnaît avoir mis à la disposition de l’Armée nationale tchadienne des renseignements militaires et accordé une assistance dans le domaine du transport aérien et faire des tirs de semonce contre les positions rebelles.

Djimrabé Nadji-Adjim
Notre Temps N° 255 du 18 au 24 avril 2006


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