Interview accordée par le député Yorongar au journal Notre Temps N°559 du 4 au 10 juilllet 2006
Notre Temps: M. le Député, la Ministre déléguée de la Coopération Française a séjourné récemment au Tchad. Elle a eu une rencontre avec la Cpdc et les Adh. Vous avez été exclu de cette rencontre. Voudriez-vous nous donner les raisons de cette exclusion ?
Ngarlejy Yorongar: Depuis 1990, comme je ne baisse pas la culotte devant eux comme certains collègues, je suis devenu la bête noire, l’homme à abattre par des Ambassadeurs de France au Tchad, notamment, MM. Yves Aubain de la Messugières, André Janier, Jacques Courbin, De Boispéan, Jean-Pierre Berçot etc. Il suffit de lire les fiches que ceux qui quittent définitivement laissent à mon sujet à ceux qui arrivent. Tenez :
- Interpellé par le gouvernement australien, le gouvernement français demande à M. Yves Aubain de la Messugières de lui donner des éléments de réponse à propos de mes fréquents séjours en prison (treize fois à ce jour). Mais que n’a pas été ma surprise de lire que, sans aucune preuve, M. Yves Aubain de la Messugières répond en écrivant noir sur blanc c’est parce que je suis le vrai patron des Farf (Forces Armées de la République Fédérale) de Laoukein Bardé Frisson. Cette grave accusation est intervenue après mon refus catégorique dans le bureau de du premier conseiller et de M. Yves Aubain de la Messugières de céder ou de cautionner préparation de la falsification des élections de 1996 pour le maintien d’Idriss Déby au pouvoir (cf. Tchad, le Procès d’Idriss Déby, témoignage à charge, Editions L’Harmattan, 2003).
- M. André Janier copilote, entre autres, mon arrestation, ma condamnation à 3 ans de prison ferme, ma relégation au bagne de N’Djaména de juin 1998 à février 1998 soit neuf mois dans la cellule n°32. En effet, je suis invité par le parlement européen à prendre la parole au P7 (les sept pays les plus pauvres du monde). Pour des raisons de sécurité, l’Ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne alors Président local de l’Union Européenne (UE) m’avait proposé de venir me chercher pour m’emmener à l’aéroport de N’Djaména afin de dissuader, entre autres, mon arrestation dont le but serait de m’empêcher d’aller à Bruxelles. Informé de l’objet de cette visite, M. André Janier le convoque pour l’en dissuader «parce que, lui dit-il, c’est décidé que Yorongar soit arrêté, envoyé en prison… » (cf. Tchad, le Procès d’Idriss Déby…, op.cit).
- A ma sortie de prison, M. De Boispéan écrit au Ministre français des Affaires Etrangères qu’il faut s’attendre à ce que j’aille manger dans les râteliers d’Idriss Déby comme tant d’autres après ma libration ou de retourner encore en prison pour mieux réfléchir sur son sort (cf. Tchad, le Procès d’Idriss Déby, idem).
- Quant à M. Jacques Courbin, il a purement volé les victoires de Far /Parti Fédération aux élections présidentielle de 2001et législatives de 2002 pour le compte d’Idriss Déby (cf. Tchad, le Procès d’Idriss Déby, idem). Rappelez-vous qu’en appelant, ce 11 juin 2001, la garde prétorienne d’Idriss Déby pour bousiller les femmes aux mains nues venues pour lui remette juste une motion de protestation, M. Jacques Courbin savait que les dégâts sur ces pauvres femmes seraient énormes. Il a, de ce fait, les mains pleines de sang. C’est sous l’œil vigilant à travers les fenêtres de son bureau que M. Jacques Courbin observent les éléments de la garde prétorienne qui de déchaine sur ces pauvres femmes dont certaines ont été déchiquetées par les grenades. Parmi elles, Maître Jacqueline Moudeina, avocate des parties civiles dans l’affaire Hissein Habré spécialement visée par la garde présidentielle d’Idriss Déby a été évacuée sur Paris où elle avait subi des délicates interventions chirurgicales, les Députées Koumandial Marie et Balingar Dina, Mesdames Delphine Ndoubanadji, Blane Delphine, Témengdi Sidonie, Nadjialdongar Thérèse, Dénéyoloum, Nangoudoum Rahama, Ndoninga Ruth, Tédibé Ruth, Achta Mahamat, Touadé Eléanore , Boumié Fatimé etc. Vous voyez comme le dépôt pacifique d’une motion de protestation contre le vol électoral, l’arrestation des leaders des partis politiques et de la société civile, et les tortures dont j’étais victime par Idriss Déby en personne peut-il provoquer un tel crime de la part de M. Jacques Courbin (lire avec intérêt ma réplique à l’interview qu’il vous a accordée dans le numéro 143 du 21 au 27 octobre 2003 en annexe) ?
- En ce qui concerne M. Jean-Pierre Berçot, il y a lieu de lire attentivement l’interview que j’ai accordée à votre confrère, L’Observateur n° 377 du 24 mai 2006. J’ai raconté dans ce journal pourquoi il est venu au Tchad ? Quelle mission s’est-il assigné ? Comment et pourquoi invite-t-il, à tour de bras, nombre de leaders des partis politiques dont l’un d’entre eux payé rubis sur ongles a séjourné tout dernièrement à Bruxelles et certains responsables des Adh en vue de l’aider à monter une kabbale contre moi afin de me diaboliser avant de me tordre définitivement le cou ? Aussi, je m’apprêtais à révéler, avec preuves à l’appui, l’illégalité flagrante de l’intervention de l’armée tchadienne dans le conflit qui oppose la rébellion armée tchadienne au gouvernement en avril dernier quand Jean-Pierre Berçot tente de m’empêcher de parler tout en élevant la voix sur moi au cours de la rencontre, le 29 mai 006, avec la délégation de l’Union Européenne dirigée par SEM. Georg Lennkh, Ministre des Affaires Etrangères de la République Autrichienne. Ma réponse était à la hauteur de la provocation. Je l’ai sèchement et vertement rabroué et je lui ai interdit formellement de me parler sur ce ton. Savez-vous qu’il a supplié cette délégation pour qu’elle ne fasse pas allusion de cet accro dans son rapport? Surpris et humilié par cet accroc public, la décision de M. Jean-Pierre Berçot de ne pas me convier à la rencontre avec Mme Brigitte Girardin, Ministre déléguée à la Coopération n’était-elle pas légitime même si elle procède d’une haine viscérale, d’une revanche sevrée par la haine viscérale et d’une rancune noire? Ceci n’explique-t-il pas cela? Croyez-vous que dans ce climat malsain, je répondrai présent à cette rencontre tout en sachant que la proposition qui allait y être faite était concoctée dans les officines du même Jean-Pierre Berçot ? Pour quelqu’un comme Jean-Pierre Berçot devant lequel tout le monde se prosterne et se vautre par terre, un tel accroc est insupportable. Donc, j’assume.
Notre Temps: Avez-vous une idée sur le contenu de cette rencontre ?
Ngarlejy Yorongar: Etaient inscrites à l’ordre du jour, les propositions concoctées dans d’obscures officines aux odeurs macabres de M. Jean-Pierre Berçot, acceptées et déroulées comme un tapis persan au conseil des Ministres par Idriss Déby, propositions d’ailleurs rejetées catégoriquement par la Cpdc et les Adh comme moi. M. Jean-Pierre Berçot croyait qu’avec mon absence à la rencontre, il allait obtenir l’accord de la Cpdc et des Adh pour la suite de sa carrière. Il se frottait les mains en faisant revenir deux membres de la Cpdc en voyage en Europe (MM. Alingué et Kebzabo) pour meubler la galerie à Mme Girardin, mais hélas, il est complètement passé, pour la seconde fois, à côté de la plaque étant entendu que pour la première fois, il promettait à ses patrons et à Idriss Déby qu’il allait débaucher contre les espèces sonnantes et trébuchantes les candidatures de MM. Lol, Kamougué, Kebzabo, Alingué, Ibni, Naïmbaye etc. pour accompagner Idriss Déby et par conséquent crédibiliser la mascarade électorale du 3 mai 2006. Ici, également, il a mordu la poussière. Pour Jean-Pierre Berçot, les partis politiques de l’opposition sont là pour amuser la galerie politique au Tchad. Comme des moutons de Panurge conduits à l’abattoir, il doit les amener de force ou de gré à reconnaître la réélection d’Idriss Déby en échange du CFA, des postes ministériels et de leur participation à l’élection législative prochaine. Voilà comment cette gent d’hommes n’a que mépris pour les Noirs qu’elle infantilise à merci et considère moins que leurs chiens.
Notre Temps: Quelle est votre position par rapport au dialogue qu’envisage le gouvernement tchadien ?
Ngarlejy Yorongar: Présent ou pas à la rencontre de Mme Girardin, le Far/Parti Fédération n’est pas partie prenante d’un dialogue à la Jean-Pierre Berçot dont l’objectif est de prolonger la souffrance des Tchadiens. Pour nous, le dialogue ne doit pas être exclusif comme le veut le couple Berçot-Déby. Il est inclusif ou ne l’est pas. Et ce dialogue inclusif doit arrêter un calendrier précis pour le toilettage du code électoral, le recensement électoral et les élections présidentielle et législatives couplées sous le contrôle de la communauté internationale (ONU-UA) etc. Dès qu’Idriss Déby s’engage publiquement sur cette voie, nous pouvons le rencontrer en présence des hauts représentants de ladite communauté internationale. Nous serons prêt à nous impliquer pour la réussite de ce dialogue même si Idriss Déby a prouvé à plusieurs reprises qu’il n’est pas homme de parole. Il vous souvient que depuis la victoire de notre parti à l’élection présidentielle de 2001 et législative de 2002, la gent de diplomates comme Jean-Pierre Berçot ne veulent pas entendre parler des élections justes, libres, démocratiques et transparentes au Tchad de peur que leur protégé Déby soit éjecté, à coup sûr, du palais de Djambalngato. D’où la fébrile agitation de Jean-Pierre Berçot et consorts pour le sauver du désastre électoral. Comme Idriss Déby est venu par la force au pouvoir, il faut envisager désormais le faire partir aussi par la force d’autant plus que la communauté internationale se fait sa complice. Il est temps d’y penser sérieusement afin d’éviter la somalisation de notre pays. Comme si, au Tchad, il n’y a pas d’hommes capables pour le gouverner, les gens comme Jean-Pierre Berçot répètent invariablement et inlassablement à ceux qui envisagent le départ d’Idriss Déby par les urnes: «qui allez-vous mettre à la place d’Idriss Déby? Savez-vous qu’Idriss Déby ne gagnera pas une seule élection transparente au Tchad… ?». Pour ces derniers, tous les Tchadiens sont des tarés. Et pourtant, ils l’ont déjà dit au temps de Tombalbaye, Malloum, Goukouni et Habré sans empêcher les changements. A bon entendeur salut !
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Annexe pour la meilleure compréhension des lecteurs
Fédération, Action pour la République
(Far/Parti Fédération)
yorongarn@yahoo.fr
Le Député Fédéraliste Ngarlejy YORONGAR
Président du groupe Parlementaire Fédération
Monsieur Jacques Courbin, ancien Ambassadeur de France au Tchad
Monsieur,
Vous mentez, M. Jacques Courbin, comme vous respirez.
Dans un journal de la place (Notre Temps n°143 du 21 au 27 octobre 2003), vous vous êtes livré à des diatribes contre ma modeste personne. Vous avez défié «… quiconque de prouver que la France est impliquée dans les fraudes des élections au Tchad». Puis, vous ajoutez sans me nommer : «Même certains qui se sont employés à faire quelques faux documents, justement dans la presse, me mettant en cause. Je ne suis pas rancuneux (sic). Quand il s’agit de quoi il était question (sic), il faut le demander à eux»
Quelques précisions cependant:
Vous avez, heureusement, agi en votre nom propre et non à celui de la France. A ce titre, votre comportement, vos agissements et vos propos n’engagent que vous et vous seul et non la France. Et mon droit de réponse ne s’adresse qu’à vous et à vous seul. En refusant de me nommer, vous avez oublié que la loi tchadienne sur la presse m’autorise à vous répondre si je me reconnais dans vos insinuations. Ou de vous poursuivre devant des juridictions compétentes si je le veux.
1)- Je confirme formellement que vous comme votre prédécesseur André Janier, avez, pour le compte d’Idriss Déby, participé aux fraudes électorales et aux manipulations des candidats. C’est ainsi que d’autres voix et la mienne se sont élevées contre votre immixtion flagrante dans les élections au Tchad (cf. le livre d’Antoine Bangui et mon livre, Le procès d’Idriss Déby, témoignage à charge, édités par l’Harmattan). A ce propos, je suis en train d’écrire pour l’histoire un autre livre relatif à toutes les élections référendaires, présidentielles et législatives au Tchad. J’y raconterais le rôle qui est le vôtre et celui de vos collègues tendant à imposer Idriss Déby au Tchad contre la volonté des électeurs.
Voici quelques uns de vos hauts faits pour rafraichir votre mémoire, M. Jacques Courbin:
a)- Pour vous donner un beau rôle et laver votre conscience trouble, vous avez utilisé le nom de la France pour vos fantasmes néo-coloniaux. Surpris par mon élection dès le premier tour, vous avez mis toute une stratégie diabolique en place pour la gruger en faveur de Déby. C’est toujours vous qui poussez les 5 candidats (Kamougué, Kebzabo, Alingué, Kassiré et Ibni) à contrôler mes faits et gestes pour m’empêcher de m’autoproclamer Président élu au cours d’une conférence de presse prévue pour ce 30 mai 2001 à 09 heures. Vous avez manipulé à souhait des gens comme Widal Kamougué alias Wadal Abdelkader (Urd), Jean-Baptiste Laoukolé (Pld) … pour me phagocyter jusqu’aux faux résultats de la Céni. Rassuré par vous, Kamougué ne m’a-t-il pas dit en présence de ses quatre collègues candidats pourtant liés à moi par un accord électoral: « Yorongar, tu me vois, moi Kamougué être ton Ministre? Etre dans ton gouvernement…? » Ce à quoi un témoin averti lui réplique sèchement: « En quoi Goukouni, Habré et Déby dépassent Yorongar pour que tu sois leur Ministre…? Et être dans leur gouvernement? »
b)- Après le scrutin du 20 mai, voulant téléphoner à mon Directeur de campagne, M. Ali Golhor, pour le manipuler, vous vous êtes trompé de numéro de téléphone. Vous avez composé plutôt le mien en déclinant une fausse identité. Mais, comme j’ai reconnu votre voix, je vous ai fait savoir que ce n’est pas M. Ali Golhor qui est au téléphone mais c’est plutôt moi, Yorongar, avant de vous demander si je peux lui laisser un message de votre part. Confus, vous me disiez de lui dire d’aller vous voir au bureau. Comme vous le savez, par précaution, j’ai adjoint à M. Ali Golhor quelques militants pour assister à cette audience pour le moins insolite. Les propos que vous tenez à mon propos se passent ici de commentaires
c)- Pour me phagocyter, vous avez piloté, à travers certains candidats, le coup d’Etat militaro-électoral dont la suite est connue: mon arrestation par 22 véhicules bourrés de militaires de la garde présidentielle armés jusqu’aux dents et les tortures que votre protégé, Idriss Déby, en personne, m’a faites subir.
2)- Quant aux faux documents que j’aurais falsifiés pour vous mettre en cause dans la presse, je confirme que vous-même ou sur vos instructions, un de vos services a envoyé un message notamment à Moundou pour inviter les Français qui résident dans cette ville à ne pas accueillir, chez eux, les militants fédéralistes qui, traqués par les sbires de Déby, tenteraient de se réfugier chez eux.
3)- Les rapports que vous inondez le Ministère français des Affaires étrangères à mon sujet sont des plus fantaisistes etc..
4)- « Il ne suffit d’écrire des bouquins pour dire qu’il y a ceci ou cela… » lâchez-vous à propos du livre d’Antoine Bangui sur les élections de 1996 et 1997 et le mien qui vient d’être publié par les Editions L’Harmattan. Je vous mets au défi d’en apporter les moindres preuves contraires, M. Jacques Courbin.
(5)- Il faut ajouter à vos hauts faits d’autres âneries telles « Yorongar se rend régulièrement en France sous prétexte de se soigner alors qu’il n’est nullement malade… », âneries reprises en compte par des hommes politiques tchadiens comme Kassiré, Kamougué etc.
Le moment venu, témoigneront les médecins samaritains tchadiens de N’Djaména et les médecins français de renom, qui m’ont soigné en l’occurrence, Dr Sari-Leret, Dr Gibert à la demande du Dr Jaffée de l’association AVRE; Dr Nathalie Monbet, Dr Florence Bardinet, Dr Fabrice Giraud et Dr Mireille Joussemet etc. tous du centre Primo Lévi et surtout le Professeur Pierre Bourgeois, chef de service de la Rhumatologie de l’hôpital Pitié-Salpêtrière qui m’a hospitalisé et soigné grâce à la prise en charge délivrée par l’Assemblée Nationale Française. Tant au Tchad qu’en France, mes dossiers médicaux ainsi que les certificats médicaux que délivrent ces différents médecins prouvent que je suis réellement malade. Un jour viendra où vous et vos complices en l’occurrence Kamougué, Kassiré… seront obligés de faire les preuves de vos allégations devant les instances compétentes.
Ces quelques hauts faits suffiraient à éclairer les lanternes de vos lecteurs sur le rôle maléfique que vous avez joué lors de l’élection présidentielle du 20 mai 2001. Après tant de grossiers mensonges adressés au quai d’Orsay sous forme de rapports favorables à la réélection d’Idriss Déby, vous ne pouvez vous rattraper qu’en aidant Idriss Déby à conserver le pouvoir par des fraudes et des manipulations au détriment du peuple tchadien pour ne pas vous déjuger.
A en juger par cette fiche intitulée « quelques réflexions sur la situation du Tchad d’aujourd’hui »:
« (…) Seul un chef de guerre tel Déby sachant parfaitement à qui il a affaire et connaissant bien la guérilla pour l’avoir lui-même pratiquée peut gérer cette situation… »avant de conclure par la « conduite à tenir modestement suggérée: Fournir à Déby une aide sans faille pour être « élu démocratiquement »! L’aider militairement et par négociation à résoudre les problèmes des guérillas. Favoriser l’extraction rapide du pétrole. Sur ce fond de paix et de prospérité relative, contraindre progressivement Déby à « civiliser » ses pratiques en matière des droits de l’Homme et de redistribution des richesses du pays. En faire une sorte de Compaoré. Contrôler par l’assistance technique appropriée aux postes stratégiques (impôts, douanes, trésor) la saine gestion des caisses de l’Etat. Ne pas toucher au subtil mélange de francophonie et d’arabophonie tchadien qui a aussi l’avantage de maintenir le contact avec les ombrageux voisins du nord et de l’est sans trop les froisser tout en contenant avec leurs velléités expansionnistes territoriales et religieuses. Une vraie confrontation avec eux ou sans l’appui des populations tchadiennes musulmanes tournent au fiasco. Il reste cependant une ombre au tableau: la population semble exaspérée par le pouvoir actuel tant par la sévère crise économique qui sévit que par le comportement des « combattants ». Mais, existe-t-il un pays africain, même parmi ceux qui viennent de se plier aux règles du suffrage universel, ou le pouvoir ne soit pas vilipendé par les populations. On peut encore se poser une question subsidiaire: pourquoi ne pas coopter au pouvoir un autre chef de guerre du nord? Il n’aura pas un comportement meilleur que Déby (ni pire). Mais Déby a l’avantage d’une expérience politique certaine pouvant constituer le terreau de la création d’un véritable président… » Qui dit mieux!
Monsieur Jacques Courbin, vous avez, sur votre conscience, le sang des pauvres femmes tchadiennes aux mains nues qui sont venues à l’Ambassade de France pour vous remettre une motion de protestation contre le hold-up électoral dont vous êtes l’un des principaux auteurs. Parmi ces femmes qui ont reçu des grenades jetées par les éléments de la milice d’Idriss Déby que vous avez appelé pour commettre ce forfait il faut citer Maître Jacqueline Moudeina, avocate des parties civiles dans l’affaire Hissein Habré spécialement visée par la garde présidentielle d’Idriss Déby avait été évacuée sur Paris où elle avait subi des délicates interventions chirurgicales, les Députées Marie Koumandial et Dina Balingar, Mesdames Delphine Ndoubanadji, Delphine Blane, Sidonie Témengdi, Thérèse Nadjialdongar, Dénéyoloum, Rahama Nangoudoum, Ruth Ndoninga, Ruth Tédibé, Achta Mahamat, Eléanore Touadé, Fatimé Boumié etc.
Dès lors, à quand l’envoi par la France en Afrique des Ambassadeurs français dépouillés de tout complexe de supériorité comme je l’ai réclamé au cours de mon audition par la commission parlementaire française sur le pétrole et l’éthique en 1999 (cf. rapport de la commission parlementaire française y relative dirigée par Mme la Députée Marie-Hélène Aubert)? Il y va de la crédibilité de la France.
N’Djaména, le 3 novembre 2003