Editorial: Des actes! – Notre Temps N° 259 du 04 au 10 juillet 2006

Les dirigeants tchadiens veulent se parler, dialoguer, disent-ils. En quelle langue ? En arabe, Kanembou, Sara, Ngambaye, Banana, Gorane, Zagawa ou français? En Arabe ? Mais non voyons, c’est la langue des assimilés! Vous voulez que les Soudanais nous commandent ou quoi ? Vous n’avez pas vu les Djandjawids ? Mais ce sont des Arabes! Et puis après les Djandjawids, bonjour les terroristes et vive la Somalie!

Bon ça va se passer en Kanembou alors! Quoi! Vous voulez que ces ambulants transforment tout le pays en marchandise et nous vendent au Nigeria et à Dubai ? Pas question de Kanembai.

Donc, soyons sérieux on va le faire en Sara. Vous n’êtes pas sérieux justement. Comment voulez-vous dialoguer avec ces indolents qui n’ouvrent la bouche que pour manger ou pour dire merci tout va bien!

Allons chez leurs cousins Gambaye. Ces perroquets là! Vous aurez mis un siècle qu’ils n’arrêteront pas de parler. Pour la tchache, ils sont champions. Le problème c’est qu’il n’en sortira jamais de résultat.

Essayons le « Banana » donc! Ça c’est le comble! Ils ne s’entendront jamais, ils veulent tous être autonomes.

Vous voulez donc qu’on cause en Gorane ou en Zaghawa? Vous dites bien causer n’est-ce pas ? Vous savez que pour causer il faut être tranquille; le coeur posé et vous dites qu’il faut causer avec ces agités qui ne savent que mettre le feu aux poudres pour faire tout exploser ? Zaghawa et Gorane ! En trente ans, nous les avons suffisamment entendu causer… avec des armes.

Bon eh bien, nous allons dialoguer en français. Oui! Le Français, vive la France! C’est la seule chose sur laquelle nous les Tchadiens nous entendons bien. La France nous la détestons tous très fort. En tout cas, suffisamment pour lui courir après et lui demander son avis quand rien ne va plus. Va pour la France alors! Maintenant tout le monde est branché à l’indicatif français, dites-nous de quoi nous allons parler. ,
Je ne vous arrache pas la parole mais tout ce que vous avez dit c’est du gna gna gna, du bla bla ! de la parole en l’air! Qui vous a dit que les Tchadiens veulent du dialogue?

L’homme tchadien veut qu’on pose des actes. Des actes concrets.
Vous lui bottez le cul et il vous respecte. C’est ce que Tombalbaye a appris des Français et appliqué pendant quinze ans. Il est toujours aimé des Tchadiens. Vous lui arrachez les doigts, les couilles et les oreilles et ils s’écrasent devant vous. Habré l’a expérimenté pendant huit ans et il se trouve encore des Tchadiens pour regretter son absence et ses actes concrets. Si tout cela vous le faites sans distinction, sans discrimination de sexe, d’ethnie et de rang social, ils vous adorent les Tchadiens:
Mais commencez par la démocratie et la liberté; organisez des assassinats ciblés et tribaux, puis passez par la DCP, tripotez les articles de la Constitution, trompez tout le monde autour de vous, mangez l’argent du coton, de la viande, des impôts et du pétrole, refusez le dialogue même et dites enfin que vous êtes pour le dialogue. Ils vont vous rire au nez. Pour parler sérieux, les Tchadiens en ont marre des dialogues, et des réconciliations. Il y en a eu des dizaines, sinon des centaines depuis les indépendances. Ils veulent des actes. Des actes concrets, non pas du genre des brèches colmatées pour perturber la circulation et fêter l’investiture de Déby. Mais des actes concrets, de l’eau, de l’électricité, les salaires, le retour de la sécurité, de la paix, du pain, de la joie et de la quiétude. Bref, les petits rien qui font le bonheur du citoyen lamda quoi. C’est ce que demande l’UST, c’est ce que souhaitent les ADH et les partis politiques. Tout le monde devrait être derrière eux pour parler d’une même voix et d’une même langue. Celles de la liberté, de la justice et du droit pour tous.

Nadjikimo Bénoudjita
Notre Temps N° 259 du 04 au 10 juillet 2006


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