Les activités sont moins chaudes à Nguéli: Les recettes douanières sont en baisse – Le Progrès N° 1963 du 19 mai 2006

L’air calme, les sourires secs, des rictus qui appa­raissent des visages des douaniers postés à la frontière avec le Cameroun, au niveau du pont de Nguéli, transparaissent une certaine chute d’activi­tés à cette grande entrée du pays. Les gens, sur des motocycles et dans des voitures, traversent, tran­quillement, le pont.

Mais, les entrées de camion­nettes et camions chargés de marchandises se font au compte-gouttes. Les exportations, pire encore les importations, sont considérablement en baisse. La situation est aussi perceptible dans les regards des policiers, gendarmes et autres agents de renseigne­ment en service à Nguéli. Le contrôle est moins rigoureux. Les douaniers sont là, mais ne s’activent pas comme par le passé. Dans la grande cour du bureau des Douanes, la situation est pareille. Les marchandises stockées se comptent au bout des doigts. Les camions transportant les marchandises ne font pas leur entrée. Les dockers sont en chôma­ge. Transitaires, commissionnaires et autres inter­médiaires de négoce se lamentent et faufilent les couloirs de différents services, soit pour adresser un bonjour à un compère, soit en train de fouiller de gauche à droite comme s’ils cherchent dans l’urgen­ce quelqu’un pour parer au plus pressé. Dans les dif­férents services (section agents visiteurs, section visite, section économique, comptabilité), les agents sont présents, mais rien, ou presque, ne semble bouger. Certains se plongent dans la lecture, d’autres discutent, surtout sur des détails des résul­tats provisoires de la CENI, le dimanche 14 mai dernier.

Au niveau du régisseur, des liasses de billets de banque sont déposées sur la table. L’agent compte et recompte l’argent avant de le placer dans le coffre-fort. Le régisseur ne reçoit pas les visiteurs sauf l’entrée des recettes. Un gendarme en faction devant le portail fait régner l’ordre. Le cogne annonce la visite d’un journaliste en quête d’information. Le régisseur le reçoit, mais se garde de livrer informations sur l’entrée des recettes. «S’il vous plait, allez voir le chef de bureau pour qu’il vous donne toutes les informations dont vous besoin.» Celui-ci n’est pas à son bureau. La secrétaire fait comprendre qu’il est en visite dans les magasins. Une source proche des transitaires Nguéli confie que les recettes douanières sont nettement en baisse ces derniers temps. «Bien avant l’attaque du 13 avril 2006, le bureau des Douanes de Ngueli faisait au moins des recettes de l’ordre 400 millions à 500 millions Fcfa par jour. La psychose de l’attaque rebelle qui a échoué aux ports N’Djaména a semblé faire chuter les recettes entre 150 millions et 200 millions Fcfa par jour»

Sur la route de Nguéli, les contrebandiers, les handicapés marchands se frottent les mains et passent sans être inquiétés, sous les regards des brigadiers douaniers placés aux abords de la route. Les douaniers font de va-et-vient, mais ne croisent, apparemment, presque pas de fraudeurs sur leur passage. Ils ne sont plus armés, pour la plupart. A la sortie du pont de Chagoua, il n’y a pas de contrôle strict. Les douaniers sont perchés sur les garde-fous du pont.

Adoum M.A.
Le Progrès N° 1963 du 19 mai 2006


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