Pour célébrer le mariage de leur chef: Les militaires sèment la psychose à Am-Dam – Le Progrès N° 1963 du 19 mai 2006

Les habitants d’Am-Dam, chef-lieu du départe­ment de Djourf-AI-Ahmar (région du Ouaddaï) ont vécu le 13 mai 2006, comme les N’Djaménois ont passé la journée du 13 avril. A 16 heures mathématiques, ce samedi, des tirs nourris d’armes automatiques commencent à retentir dans la ville. Ce n’est pas une attaque de rebelles.

C’est la célébration du mariage d’un commandant. Une simple manifestation de joie se transforme en véritable démonstration de forces. Des jeunes militaires, à bord de Toyota et motos, que leur conduisent certains civils, font le tour de la ville et tirent en l’air dans leur mouve­ment. Les habitants qui constatent que les tirs d’armes ne proviennent pas d’un lieu fixe, pen­sent que leur localité fait l’objet d’une attaque de rebelles. La panique commence à s’installer. Les gens qui ne sont pas présents chez eux se précipitent pour regagner leur domicile.

Dans la rue, les habitants courent dans tous les sens. Une fille, une main sur la poitrine, des larmes aux yeux, se précipite dans la rue pour regagner ses frères qu’elle a laissé seuls à la maison. Elle tient tête à une famille qui lui conseille d’attendre que la situation se calme. La ville vit dans ce cli­mat de panique pendant un quart d’heures, avant que les gens n’apprennent que ce sont les militaires qui manifestent leur joie au mariage de leur chef. Très vite, une rumeur faisant état d’at­taque d’Am-Dam circule sur les localités envi­ronnantes. Beaucoup de personnes ajournent leur déplacement pour Am-Dam.

Les autorités administratives ne réagissent pas au comportement des militaires. Et, ces derniers continuent à tirer, tantôt le matin, tantôt la nuit, pendant trois jours (du 13 au 15 mai 2006). Pourtant, le directeur général de la Sûreté natio­nale a signé un communiqué interdisant les tirs d’armes à cette période de troubles. «C’est ça la mentalité de ces hommes recrutés pour assurer la sécurité de la population ?» se demande un vieil homme, qui s’étonne du comportement des militaires.

A.T.
Le Progrès N° 1963 du 19 mai 2006


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