Opération de chasse sous haute pression : La police vide les squatteurs de villas – Le Progrès N° 1963 du 19 mai 2006

La Police nationale a engagé, depuis quelques jours, une vaste opération de déguerpissement des villas occupées anarchiquement par des individus à travers la ville de N’Djaména. Une dizaine de villas occupées arbitrairement est déjà récupérée et restituée aux propriéta­ires. Il s’agit de logements apparten­ant à des sociétés, des particuliers ainsi qu’à l’Etat.

Ces villas ont été occupées, en grande partie, par des officiers supérieurs, mais également par de simples civils. Certaines villas appartenant à des expatriés ont été squattées, pendant que ces derniers étaient partis juste en vacances dans leur pays d’origine ou ailleurs. Les militaires ont défoncé les portes pour s’installer définitivement. La villa d’une jeune veuve tchadienne, au quartier Béguinage, autrefois louée par des Soudanais, a fait également l’objet d’une occupation anarchique par des militaires, après la rupture des relations diplo­matiques avec le Soudan.

Les militaires ont avancé comme argument que la villa était une propriété des Soudanais. Et, comme ils sont parrtis, cela leur reviendrait de droit. La Police nationale vient de la récupérer et l’a restituée à la veuve. Parmi les habitations occupées, cer­taines ont aussi fait l’objet d’arrêts de la justice. D’après le directeur général de la Police natio­nale, le général de Brigade Moussa Haroun Tirgo, l’opération n’est pas terminée, il reste encore une dizaine de villas à récupérer « nous allons user de tous les moyens légaux pour rétablir l’autorité de l’Etat», avertit le général de Brigade Moussa Haroun Tirgo. Le mercredi 17 mai dernier, lors de cette opération, les éléments de la Police nationale se sont heurtés à de très fortes résistances. Certains occupants, armés de gourdins, de couteaux et autres moyens de défense, se sont organisés pour empêcher les forces de sécurité de faire leur travail. C’est ce qui a obligé la police à se faire renforcer par la brigade prévôtale pour faire face à certains occupants, surtout les militaires, qui ne veulent pas vider les lieux. D’après le directeur général de la Police nationale, depuis le lancement de cette opération, la police ne fait qu’enregistrer des menaces.

Une forte pression pèse, parti­culièrement, sur le directeur général de la Police nationale. Plusieurs responsables lui demandent de revoir sa position. D’autres encore lui demandent d’abandonner ce projet. Même hier, jeudi 18 mai 2006, plusieurs hautes autorités, des militaires, surtout des officiers supérieurs, ne font que défi­ler au bureau du directeur général de la Police nationale, pour demander de tempérer un peu la situation. Certains, depuis leur bureau, inter­viennent par téléphone, pour des cas de proches déguerpis. D’autres justi­fient que, si ces personnes sont déguerpies, elles risquent de rega­gner la rébellion. Si tout peut servir de prétexte pour aller en rébellion, le général Moussa Haroun Tirgo reste ferme sur sa décision. «Nous ne pouvons pas faire des omelettes sans casser les œufs», réplique le direc­teur général de la Police nationale. Selon lui, il n’est pas question de reculer. «Nous serons en position de faiblesse, si nous reculons devant ces intimida­tions. Si ces personnes menacent de regagner la rébellion qu’elles partent et nous verrons. Combien de Tchadiens sont entrés en rébel­lion, qu’est ce que cela a changé ? Je ne recu­le pas, sinon je démissionne», menace-t-il de son côté. «Je remercie beaucoup la police pour nous avoir restauré dans nos droits. Je ne croyais pas retrouver ma villa. Mais, ce que les forces de l’ordre viennent de faire m’a sérieu­sement réconfortée», se réjouit la veuve Hadjé Noura Yaya, mère de cinq orphelins.

Abel Nayalta Tossi
Le Progrès N° 1963 du 19 mai 2006


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