Chasse aux occupants anarchiques de villas: M. Djarkodé se plaint de bavure policière – Le Progrès N° 1964 du 22 mai 2006

La Police nationale a entrepris, la semaine der­nière, une opération pour déloger les habitants de villas occupées anarchiquement par des officiers supérieurs et des civils. Pendant cette opération, une dizaine de villas a été récupé­rée, semble-t-il, et remise aux ayants droit. D’un côté, certains bénéficiaires se félicitent et encouragent l’action de la Police nationale.

Ils souhaitent que cette opération se poursuive dans tous les arrondissements de la capitale et toutes les grandes villes du Tchad. D’autres se plaignent que l’opération se déroule par une complicité de certaines personnes mal inten­tionnées, pour régler des comptes à M. X ou Mme Y. Dans cette opération de délogement, le représentant du chef de canton de Anakaza, Mahamat Djorkodé serait arrêté pendant quelques heures, le jeudi 18 mai 2006, dans la mi-journée, par des éléments des forces de l’ordre, avant d’être libéré tard dans la nuit. On l’accuse d’avoir occupé anarchiquement une concession d’autrui et d’opéré une offensive contre les policiers descendus sur les lieux.

La victime dénonce le comportement et la maniè­re de son arrestation. « Je suis quand bien même un représentant d’une autorité adminis­trative traditionnelle. Mon arrestation n’a pas besoin d’une descende brusque et forcée. D’ailleurs, je n’ai même pas tenté de résister devant les forces de l’ordre. J’ai même deman­dé, au contraire, de m’accorder quelque temps pour faire sortir mes effets. Malheureusement, on ne m’a pas accordé ce laps de temps », explique Mahamat Djarkodé. Il indique qu’il n’est pas au courant que la concession, qu’il a achetée, depuis 1992, figure sur la liste des vil­las identifiées par la Police nationale pour être vidées. Aucun délai, selon lui, ne lui a été accordé pour évacuer ses effets. Par ailleurs, le représentant du chef de canton informe que, l’affaire de la concession est encore pendante à la Cour suprême.

Il détient des documents

L’affaire Mahamat Djorkodé contre Salama Ahmat a fait l’objet d’un pourvoi en cassation n014-/05 du 04-10-05 contre l’arrêt civil n°156­-05 du 26-09-/2005.

Une attestation d’instance, datant du 15 février 2006, délivrée par un greffier en chef de cette juridiction supérieure lui est remise, pour servir et valoir ce que de droit. Il détient également, comme documents, un procès-verbal de vente de conces­sion, un acte de vente d’immeubles etc. Après avoir été libéré, Mahamat Djakodé est autorisé à remettre ses effets. Le vendredi 19 mai dernier, au sein de la concession du représentant du chef de canton, en face du lycée Génération moderne, au quartier Klémat, des femmes et hommes sont venus l’aider à arranger ses effets cas­sés et jetés de force.

D’après les témoins oculaires, dans son opération, la police a beaucoup fait de dégâts qui ont arrangé les bandits. La villa où habi­te Mahamat Djarkodé est presque vidée de ses effets par les policiers. La famil­le a pu sauver quelques biens impor­tants, et déposer chez les parents voi­sins. Les vitres des portes et fenêtres sont brisées. La ligne téléphonique est coupée. Le réfrigérateur, les tapis, les ampoules et bien d’autres objets traînent par terre. « De retour de l’école, après avoir appris l’arrestation de son père, la fille du représen­tant du chef de canton, Mlle Amné Mahamat, environ douze ans, est tombée. On l’a condui­te à l’hôpital avant d’être rétablie. Une femme en grossesse, sous le choc, est actuellement malade », raconte un membre de la famille.

Mahamat Hassan Adoum
Le Progrès N° 1964 du 22 mai 2006


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