Nouvelles mesures au baccalauréat 2006 : L’innovation limite les Camerounais – Le Progrès N° 1967 du 25 mai 2006

bac

Hagards, les yeux rivés sur des fenêtres closes, Didier et Franck sont dans l’expectative. Ces élèves du Lycée Bilingue de Yaoundé ne savent à quel saint se vouer, ni à quelles âmes se confier. Les fonctionnaires com­mis à la réception des dossiers des candidatures libres s’adon­nent à une autre tâche. Ils distri­buent les cartes d’accès aux salles pour les mêmes candi­dats.

A toute question relative au dépôt de candidature, leurs doigts indiquent la direction d’une affiche. « il est demandé à tous les services concernés par l’organisation de l’examen du baccalauréat, session 2006, de ne plus réceptionner les dossiers de candidature au baccalauréat quelle que soit leur provenance », peut-on y lire. Cette circulaire signée depuis le 16 mai 2006 par le vice-recteur, Zakaria Fadoui Khidir, tombe comme une mas­sue sur la tête des retardataires. Beaucoup de Camerounais espérant déposer leurs dossiers comme aupa­ravant, à la veille même de l’examen, en ont pris pour leur compte. La surprise est grande.

Comme pour Frank et Didier qui ont dû faire le long parcours de Yaoundé à N’Djaména, la déception est indes­criptible.

Contrairement aux années précédentes, le nombre de Camerounais est net­tement en baisse. Les pourtours du rectorat et même des lycées Félix Eboué et tech­nique commercial sont vides de Camerounais. Simplice Bilo’o, élève au lycée classique de Maroua, explique cela par l’obligation faite aux candidats libres camerounais de four­nir le probatoire. «Vous voyez, jus­qu’aujourd’hui on ne remarque pas d’af­fluence à Kousseri, c’est parce que ce sont les mêmes gens qui composent le bac au Cameroun qui le font ici »

André et Jean-Calvin ont d’autres préoccupations. Régulièrement inscrits au lycée de Walia depuis deux ans, ils sont dans l’embarras parce que leurs noms ne figurent pas sur la liste provisoire affichée dans leur établissement. « On nous a dit que les noms de tous les Camerounais seront affichés sur la liste définitive », rassure Jean­ Calvin. Son ami s’inquiète. « On attendra jusqu’à quand? » II ne faut pas que la liste soit publiée à deux jours de l’examen. Cela va créer un scandale, dit André. Que nenni! Pour Mahamat Ali Moustapha, le président du jury de la session 2006, la liste des élèves inscrits régulièrement dans les établisse­ments tchadiens ne souffre d’aucu­ne discrimination. « Les étrangers membres de la CEMAC et les Tchadiens sont régis par les mêmes textes ». A l’Office du Baccalauréat, l’heure est aux der­niers réglages. La date du 6 juin prochain est maintenue. Les présidents de centre et les listes définitives seront dans les centres d’examen une semaine avant le début des épreuves. La chasse aux faux probatoires bat son plein. D’autres mesures sont prévues pour la période d’examen. Le président de l’Office du Bac affirme que le ministre de l’Enseignement supérieur a adressé une cor­respondance à ses collègues de la Sécurité publique, de l’Administration du Territoire ainsi que de la Défense nationale, pour instruire leurs éléments de ne pas s’ingérer dans les affaires du bac. Auparavant, il était établi que des policiers, des militaires et même des préfets favorisaient la fraude à l’examen.

Pour lutter contre le phénomène de mercenariat (composer à la place d’un candidat), dont les Camerounais sont friands, il est désormais établi une carte d’accès qui comporte la même photo que celle qui sera sur le diplôme. «Nous comptons, toutefois, sur la bonne moralité des surveillants pour dimi­nuer considérablement le cas de fraude». L’optimisme des respon­sables de l’organisation du baccalauréat contras­te avec le désarroi de quelques candidats camerounais qui ne savent pas à quelle sauce ils seront consom­més. Déjà, Abdérahim Akacha, le président de l’Office du Bac, annon­ce le rejet de beaucoup de dossiers pour faux ou défaut de probatoire.

Abdelnasser Garboa
Le Progrès N° 1967 du 25 mai 2006


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