Différence de vue n’est pas synonyme de division: Les oulémas appellent à la tolérance – Le Progrès N° 1970 du 31 mai 2006

oule La pratique de l’Islam ne doit se faire, ni avec excès et ostentation ni avec exclusion de certains principes fondamentaux. Cette notion du juste milieu a été réitérée, plusieurs fois, dans les débats du deuxième congrès du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Tchad (CSAI), dont les travaux ont pris fin ce lundi 29 mai 2006 au Palais du 15 Janvier.

Les 250 congressistes ont échangé pendant quatre jours, autour du thème «Islam, religion du juste milieu». L’Islam, qui a fait sa pénétration dans le pays vers la fin du neuvième siècle, avec la créa­tion du Royaume du Kanem, a touché presque toutes les régions du Tchad. Ce deuxième congrès a été une véritable occasion pour les oulémas, professeurs d’universités, chercheurs, prédicateurs et les 50 présidents des conseils régionaux, d’explorer les principes de l’Islam.

Les oulémas ont remis sur la table les maux qui minent la pratique de la religion musulmane. Ils ont souhaité que, toute division au sein de l’Islam sera bannie. Dans un entretien exclusif avec les présidents des conseils régionaux, le président du CSAI, cheikh Hissein Hassan Abakar, les a exhortés à entretenir de bons rapports avec les autorités administratives et coutumières.

« Une bonne relation vous permet d’éviter certains problèmes qui peu­vent surgir dans vos localités res­pectives», a-t-il conseillé. Pour une unité entre tous les musulmans du Tchad, l’imam précise que, toute divergence de points de vue ne signifie pas division. Mais, dit-il, que chacun accepte ce que l’autre croit bon et l’autre doit faire autant. «Toutes les branches de l’Islam ont un seul fondement, le Coran et la sunna du prophète. Si les uns et les autres se retrouvent dans les prin­cipes fondamentaux, il est compré­hensible que chacun comprenne son prochain. La seule solution à nos divergences est le débat paci­fique, l’entente, en excluant la vio­lence », plaide l’imam Hissein Hassan. Les congressistes ont exprimé le souci que le CSA1 et le gouvernement travaillent en étroite collaboration. Ils demandent au gouvernement d’impliquer le Conseil Supérieur des Affaires Islamiques dans la signature de pro­tocoles d’accords avec les organisations islamiques étrangères exerçant au Tchad, d’interdire toute entrée au pays des journaux et films à caractères préjudiciables à l’Islam et aux musulmans… En général, les oulémas souhaitent que les diver­gences au sein de l’Islam soient acceptées par toutes les branches ou confréries existant dans le pays et, surtout en respect des principes fondamentaux de l’Islam. Ils exhor­tent le CSAI à doubler d’efforts dans la construction de mosquées, de centres de formation religieuse et d’encourager les jeunes à l’appren­tissage du Saint Coran. Ils deman­dent que la prière pour les fêtes reli­gieuses soit pratiquée le même jour sur toute l’étendue du territoire. Aussi, proposent et sollicitent-ils du CSAI d’organiser, tous les cinq ans, un congrès. Car, ce congrès se tient 30 ans après celui des années 70.

Au départ c’était le comité

En effet, après l’indépendance, un comité islamique est créé en 1970, sous le règne du président François Tombalbaye Ngarta, pour gérer cer­tains problèmes islamiques et facili­ter la tâche aux pouvoirs publics. En 1971, le cheikh Moussa Brahim devient le premier président du comité islamique. Il est remplacé, en 1981, par Djibrine Moussa. Une année plus tard, l’imam Mahamat Badaoui devient le président du comité et imam de la Grande mos­quée Roi Fayçal. Avec l’avènement de la démocratie en 1990, la donne change. Le cheikh Hissein Hassan prend les rênes du comité jusqu’en 1991, date à laquelle l’organe devient Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Tchad. Le comité islamique, en son temps, a pu organiser le premier congrès. Au cours de ces assises, les oulémas ont débattu, selon l’actuel secrétaire général du CSAI et président du comité d’organisation du deuxième congrès, cheikh Adam Abdal-Ghani, de la question du jeûne. D’après lui, les congressistes de l’époque ont tranché sur le début du mois de ramadan. Ils ont décidé que, désor­mais, tous les musulmans tcha­diens doivent jeûner le même jour et fêter le même jour. En plus de cette décision, le congrès a débattu d’autres sous-thèmes.

Adam Hassane Deyé
Le Progrès N° 1970 du 31 mai 2006


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