Au Moyen Chari, le calme côtoie la soif: L’eau potable manque à Kyabé et Ro-ro – Le Progrès N° 1972 du 1er juin 2006
La préfecture de Kyabé, située à 100 kilomètres à l’est de la ville de Sarh, dans le Moyen Chari, est hors de tout danger des rebelles en débandade l’après échec de leur attaque du 13 avril à N’Djaména. Les habitants vaquent normalement à leurs occupations quotidiennes.
Contrairement aux rumeurs qui circulent ça et là, aucun signe d’inquiétude n’est perceptible dans la ville. Cependant, la ville historique de Kyabé (souvenance du séjour du conquérant Rabah), qui est choisie, cette année, pour célébrer la fête du 1er décembre, manque, cruellement, d’eau potable. L’unique château, situé juste à l’entrée de la ville, est en panne depuis deux mois. D’après les témoignages des habitants, lors du passage du Premier ministre pendant la campagne présidentielle, les autorités locales en charge de la gestion du château ont informé le chef du gouvernement de cette situation. Le Premier ministre aurait promis de trouver une solution dans l’immédiat. Mais, rien n’est fait jusque-là. La population consomme l’eau de puits, non traitée. Selon le trésorier du comité de gestion du château, M. Hassan Youssouf, malgré plusieurs interventions de techniciens partis de Sarh, les pompes sont restées toujours hors d’usage. Le préfet de Kyabé, Abadi Sahir déclare qu’il continue de multiplier les appels vers N’Djaména. «J’espère que, dans les jours à venir, des solutions seront trouvées», dit-il. Ce n’est pas tout. La sous-préfecture de Ro-ro, qui est aussi située à une trentaine de kilomètres à l’est de la ville Kyabé, vit le même problème de manque d’eau potable. Pourtant, cette localité constitue un pôle économique important pour la région du Moyen Chari. Le marché hebdomadaire du bétail de la ville fait entrer des centaines de millions au trésor départemental de Kyabé. Chaque semaine, les commerçants viennent de plusieurs localités de Sarh, Koumra, Doba, Moundou, N’Djaména et bien d’autres villes et villages. D’après le sous-préfet Ahmat Djermaye, il n’existe aucun forage d’adduction d’eau potable dans là sous-préfecture de Ro-ro. «Je ne comprends pas pourquoi les ONGs intervenant depuis longtemps dans cette localité et connaissant bien les problèmes de la population, n’orientent pas leurs interventions dans ce sens?» s’interroge-t-il. A part le manque d’eau potable, l’école primaire de Ro-ro manque aussi d’enseignants. Le bâtiment construit par le programme micro-réalisation sur fonds de l’Union européenne est resté fermé pendant des mois. D’après les membres du bureau des parents d’élèves, l’Etat n’affecte pas d’enseignants à leur école. Et, le bureau de l’APE ne dispose pas de ressources pour payer les maîtres communautaires.
Adoum M.A
Le Progrès N° 1972 du 1er juin 2006