Retour de rebelles dans la légalité – Le Progrès N° 1974 du 5 juin 2006
L’ANT accueille 107 éléments de l’APRD
Le samedi 3 mai 2006, à 11 heures, s’immobilisent, à l’entrée du centre de formation militaire de la Loumia, les véhicules du ministre de l’Administration du Territoire, M. Mahamat Ali Abdallah Nassour, et du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Droits de l’Homme et des Relations avec l’Assemblée Nationale, M. Abdraman Djasnabaille. Les 330 jeunes soldats en formation et leurs officiers d’instruction accourent de tous les côtés. Les deux ministres descendent, l’un après l’autre. La fanfare militaire retentit.
Passage en revue des troupes. La cérémonie de reversement des éléments de l’Armée Populaire de Restauration de la Démocratie (APRD) dans l’ANT commence. Le centre accueille l’arrivée de 107 nouveaux éléments. «C’est un jour important dans le sens de la politique de la main tendue du président de la République», lance M. Abdraman Djasnabaïlle, qui organise la cérémonie en accord avec le ministre délégué à la présidence de la République, chargé de la Défense nationale. Les 107 anciens éléments de l’Armée Populaire de Restauration de la Démocratie (APRD) ont fait défection des rangs du regroupement rebelle pour regagner la légalité.
Abdoulaye Miskine, Centrafricain d’origine tchadienne, ancien bras droit de l’ex-président Ange Félix Patassé, envoyé au Nord de la RCA, en son temps, avait pris l’APRD, sous ses ailes, pour profiter et opérer en territoire tchadien. Les plaintes du gouvernement tchadien ont abouti, sur insistance des autorités de l’Afrique centrale, à son envoi par Patassé au Togo. C’est pendant que l’ombre de Miskine plane encore auprès des «ex-libérateurs », pour, peut-être, reprendre ses exécutions en pleine sud du Tchad, en particulier, que, sous la direction de leur chef d’Etat-major, Yacinthe Naldjibaye, avec son adjoint Jean-Batiste Mbaïnodji, les jeunes hommes et femmes de l’APRD, dont la moyenne d’âge est de 20 à 22 ans, ont décidé de tourner le dos à la rébellion.
Au moment où les ex-libérateurs, qui ont rompu les rangs du président François Bozizé, après l’avoir aidé à arracher le pouvoir de Patassé, sont entrés, récemment, en complicité avec les rebelles tchadiens du FUC, pour venir se faire prendre au piège de l’échec de l’attaque du 13 avril 2006 à N’Djaména, les éléments de l’APRD ont gardé position au Sud du Tchad. Puis, ils ont regagné la légalité.
Pour le ministre de l’Administration du Territoire, M. Mahamat Ali Abdallah Nassour, le retour de ces frères Tchadiens constitue un geste patriotique et émouvant. «Je me réjouis infiniment du retour de ces frères. C’est un geste patriotique et émouvant. Les Tchadiens, dans leur ensemble, ont marre de la guerre qui a causé assez de dommages aux familles. Beaucoup de personnes qui ont regagné le bercail après avoir passé plusieurs années en brousse comprennent qu’il n’existe pas d’objectifs nobles dans les mouvements armés. Il existe simplement des manipulateurs qui ne sont pas les maîtres de leur propre destin», déclare le ministre de l’Administration du Territoire, M. Mahamat Ali Abdallah.
Dans leurs demandes, les éléments de Yacinthe Naldjibaye souhaitent rencontrer le président de la République. Ils se sont éclatés en sous-groupes. Parmi eux, il existe des gens qui veulent rester dans l’armée. D’autres veulent aller, soit à la Police nationale, à la Gendarmerie nationale ou à la Douane. Un autre groupe a choisi la vie civile. Ils étaient rassurés par les deux ministres que leurs doléances seront examinées et des réponses appropriées leur seront données.
Ahmat Adoum
Le Progrès N° 1974 du 5 juin 2006