L’AEPT organise son troisième congrès ordinaire: La presse privée se mobilise – Le Progrès N° 1981 du 14 juin 2006
Le troisième congrès ordinaire de l’Association des Editeurs de la Presse privée du Tchad (AEPT) est ouvert, depuis hier, mardi 13 juin 2006, au CEFOD. Placé sous le thème de « la presse privée face aux défis de l’entreprenariat », ce congrès se termine demain, par le renouvellement de son bureau mis en place depuis 2003 et dirigé par Nadjikimo Bénoudjita, le directeur de publication de l’hebdomadaire NOTRE TEMPS.
Les travaux d’hier ont commencé par la présentation des rapports, moral, du président, d’activités, du secrétaire général, et financier, de la trésorière générale, du bureau. Nadjikimo Bénoudjita, Michaël Didama (directeur du journal LE TEMPS) et Mme Sy Koumbo Singa Ngali (directrice de publication de L’OBSERVATEUR), ont défendu, tour à tour, leur bilan. Plus que ces rapports, l’assistance s’est projetée dans un avant-projet de convention collective, sur la base de la «convention collective-cadre des journalistes de l’espace CEEAC, Communauté Economique des Etats dAfrique Centrale ». « Ce projet ramené par des patrons de presse ne cache-t-il pas des arrière-pensées, puisque, rarement, un patron plaide le sort de son employé? » s’inquiète un journaliste. « Ce n’est pas pour flouer les journalistes que cette initiative est prise, mais c’est pour stabiliser nos structures », se défend Nadjikimo, un patron de presse. « Nous avons de la peine à voir, chaque fois, nos collaborateurs nous quitter pour des questions de traitement et autres conditions de travail », révèle Nadjikimo. Il est fréquent que des jeunes utilisent les rédactions comme de tremplin, « alors qu’un organe de presse a besoin d’une mémoire ». Les patrons de presse estiment que, l’adoption d’une convention collective les mettrait à l’abri des poursuites et autres pépins que leurs employés peuvent leur causer. « Nous voulons cesser avec cette gestion à l’informel déguisé ».
Dans le thème sur la convention collective qu’il a co-animé avec un inspecteur de travail, Nadjikimo a fait l’historique même de la presse privée tchadienne, née après l’avènement de la démocratie. « De la mission d’apostolat, nous sommes aujourd’hui à l’heure de l’entreprise qui génère des profits ». « Nous devons donc évoluer avec le temps et nous adapter, sinon nous disparaîtrons », dit-il, en ébauchant les multiples problèmes que rencontrent les entreprises de presse. Des coûts exorbitants de l’impression aux multiples charges liées à la production, en passant par l’absence d’une culture de publicité des opérateurs économiques et de lecture de la plupart des citoyens, les responsables de presse ont égrené leurs infortunes. En amont, ils constatent que les produits mis sur les marchés ne sont, non seulement pas lus, mais n’atteignent même pas les lecteurs comme ils le souhaitent. D’où le problème de distribution des journaux, qui se pose ave acuité. Des projets de messagerie sont cogités mais le coût d’une telle structure dissuade les patrons. « Qui est ce fou qui va s’aventurer dépenser plus de 40% de ses recettes dans des structures de distribution de journaux »? se réservent-on du côté des patrons de presse. Même Goual Nanassoum, qui a exposé sur les possibilités de mise en place d’une messagerie, plaide plutôt pour l’exploitation des canaux déjà utilisés par les journaux de la place. Des études sur la messagerie et même l’expérimentation d’une mini messagerie n’ont pas encore présenté des résultats probants. Mais, toutes ces difficultés n’empêchent pas les patrons des journaux, les responsables commerciaux et les rédacteurs en chef présents à ce congrès prévu pour se tenir à Sarh, mais annulé au dernier moment, faute de moyens, de se placer dans une optique d’entreprenariat dans l’intérêt des employeurs et employés.
B.I.H.
Le Progrès N° 1981 du 14 juin 2006