Encore un ralliement : Exclusion du Docteur Amine Ben Barka de l’UFDD Fondamentale.
Selon le communiqué signé de Monsieur Abdelwahid Aboud Makaye, Président du Triumvirat, qui comprenait l’Ambassadeur Acheikh Ibn Oumar et le Docteur Amine Ben Barka jusqu’à son exclusion, le Docteur Amine Ben Barka et Monsieur Koma Manoufi « ont rallié unilatéralement » le régime de Ndjamena.
Selon le communiqué publié sur Alwihda, ce ralliement ne s’inscrit pas du tout dans la ligne de conduite du mouvement. Rappelons que l’UFDD Fondamentale fait partie des groupes politico-militaires qui ont signé l’accord de paix de Syrte, pale copie de celui signé par le Capitaine Mahamat Nour en décembre 2006 sous la « médiation » du Guide Libyen. A signaler que les autres signataires sont: l’UFDD du Général Mahamat Nouri, le RFC de Timan Erdimi et la CNT du Dr. Aldjinedi.
Le fait que les autres membres de l’UFDD Fondamentale maintiennent leur engagement en faveur d’une paix globale au Tchad mérite d’être salué. Les ralliements, les défections et autres retours au bercail ne font que retarder l’avènement d’une paix durable et globale au Tchad.
Ainsi, le départ du Docteur Ben Barka et de Koma Manoufi n’est pas la dernière scène dans ce festival de mauvaise comédie tant que les uns et les autres, y compris les tenants du pouvoir ne souscrivent pas clairement à la nécessité d’un dialogue inclusif.
Nous avons déjà évoqué les raisons banales avancées de part et d’autre par ceux qui rejoignent « la légalité. » Il convient peut-être de rappeler aussi que ceux qui ont pris les armes eurent, à tour de rôle, à nous expliquer que leurs actions procédaient du refus de la modification de la Constitution de 1996, notamment l’Article 61, qui ouvre la voie à la présidence à vie pour le Général Idriss Deby Itno, et peut-être même vers la royauté pour les Itno au Tchad.
Jusqu’à preuve du contraire, cette modification de la Constitution n’a pas encore était rectifiée. La dictature est bien installée et a entrainé le pays dans l’abime. Les déclarations ou ralliements individuels ou semi-collectifs ne mettent pas fin aux difficultés réelles posées par la crise politique que traverse le Tchad. A l’instar des autres ralliés, le Docteur Ben Barka et Koma Manoufi doivent savoir qu’ils n’ont pas le droit de fouler aux pieds les revendications légitimes d’un peuple qui aspire à l’établissement d’un pays de paix, de justice et d’opportunités pour tous les citoyens sans distinction. Qu’ils ne nous disent pas que le pays a retrouvé sa place dans le concert des nations qui mettent tout en œuvre pour l’instauration d’une démocratie réelle. La démocratie réelle se manifeste par l’alternance pacifique à travers des élections libres et transparentes. Le Tchad n’a pas encore amorcé les étapes qui vont dans ce sens.
Nous ne le répéterons jamais assez, le retour de la paix au Tchad passe nécessairement par un dialogue inclusif qui permette aux tchadiens de poser les jalons pour un avenir meilleur. Toute autre approche ne vise que la réalisation d’objectifs politiques éphémères qui ne font que retarder le retour de la paix durable. Nous avons l’obligation de tout faire pour arriver à ce dialogue pour identifier, ensemble, les causes de la crise qui secoue notre pays depuis si longtemps.
Djimé Adoum