Ces multinationales qui nous négligent.
Comme un peu partout en Afrique à l’ère de la mondialisation, le Tchad est devenu l’une des destinations de prédilection pour les investisseurs étrangers. Vous aviez certainement constaté comme moi, la ruée des entreprises étrangères dans notre pays ces dernières années. Mais tirons- nous assez avantage de ce phénomène ?
Dans plusieurs pays en voie de développement, les politiques gouvernementales imposent des conditions rigides et non négociables aux investisseurs étrangers. Parmi ces conditions, celles relatives au recrutement du personnel local, l’aménagement des postes clés, la formation du personnel local, la rémunération, la santé et la sécurité des travailleurs. C’est le cas de Venezuela, de la Chine, de la Guinée Équatoriale, de la Namibie et du Zimbabwe, etc.
Cette mesure, ont souligné plusieurs experts en phénomène de Délocalisation, est la seule façon de faire profiter à la population la mince part des retombées de l’exploitation éhontée de la richesse nationale. Le gros magot (dividendes et bénéfices) est rapatrié vers les pays d’origine. Les impôts et les taxes perçus par le trésor public, nul ne s’en doute, font l’objet de détournement par nos gouvernants.
Au Tchad les normes légales et socio-économiques sont moins exigeantes et d’une flexibilité sans pareil. Il est connu, les dirigeants Tchadiens ne se contentent toujours que du court terme. Une fois empochés des millions en pot-de-vin, ils déroulent le tapis aux multinationales et détachent leur regard du sort réservé à la main-d’œuvre locale.
Il n’est donc pas surprenant de constater l’absence déplorable des cadres Tchadiens dans les instances directionnelles de ces entreprises étrangères. 90% d’elles elles font appel aux compétences d’ailleurs pour assurer les titres retentissants (Directeurs Généraux, Directeurs Administratifs et Financiers, Directeurs Marketing et Commerciaux, Directeurs Techniques, etc.). Ces cadres expatriés, s’ils ne sont pas occidentaux, ils sont originaires d’autres pays d’Afrique (Burkinabé, Ivoiriens, Congolais, Maliens, Camerounais, Sénégalais, etc.). C’est le cas des principales entreprises étrangères telles que Celtel, ex Brasseries du Logone, AGS, SDV, Ciment-Tchad, Financial Bank, MCT, ex Libertis, Tchad Motors Industrie, SIMAT, Bouygues, BCC, Groupe Guinness, BGT, les Entreprises Pétrolières, etc.
Point n’est besoin de rappeler le salaire prodigieux que se taillent ces expatriés. C’est au delà de tout endentement.
Quelle excuse avancent les dirigeants de ces entreprises pour défendre leur pratique cynique? Manque de cadres qualifiés au Tchad. Quelle gifle!
Que font nos écoles et facultés supposant former des élites et dirigeants du pays? Doit- on croire qu’elles ne fabriquent que d’éternels agents d’exécution? Quelle humiliation pour les filles et fils du Tchad ayant réussi brillamment leurs études dans les grandes universités occidentales et/ou africaines? Ou bien sommes-nous simplement victimes de discrimination systématique dans notre propre pays?
Sew de Séwé
levieuxpere@gmail.com