Billet d’humeur : Prière d’un fils au père
Papa Déby, maman nationale a écrit un gros livre étalant l’étendue de ton amour, de ta bonté et de tes projets salvateurs pour les fils de Toumaï. Nous te connaissons maintenant mieux sur ce que tu nous faisais à l’ombre ainsi que celui que faisais notre maman nationale.
Walaï, si maman nationale n’a pas menti, tu es un bon philantrophe. Honnis, ceux qui t’en veulent ! Bien que tu ne sois pas arrivé au pouvoir par un billet d’Air Afrique, tu te prives vraiment du sommeil pour nous. Comme dit maman nationale, tu lis beaucoup pour pouvoir imiter les bonnes vertus ou chercher une source d’inspiration qui t’aidera à sortir le peuple tchadien de l’éternelle monstrueuse misère. Tu te préoccupes réellement du bien-être du peuple tchadien.
Quand tu demandes le soutien du grand-père Gaulois pour chasser la dictature ou repousser les rebelles, par plusieurs fois, tu apparaîs comme une poule qui déploie sincèrement ses ailes sur ses poussins, même si tu n’as pas gagné, de toi-même, une seule fois, la victoire avant 1990. L’essentiel, c’est le concret. La vraie vie qui marche, c’est l’action réussie et non la nature de l’action. Car, le malin est celui qui est intélligent. Tu es arrivé et tout le monde t’a vu.
A ton entrée triomphale en décembre 1990, tu as déclaré que tu ne nous apportes ni or ni argent mais la liberté. Nous t’avons cru, applaudi et nous étions gais. Très, très gais. Sur parole, Papa Déby, je te crois vraiment. Fermement et sans vergogne. J’arrivais à prendre rapidement ta défense quel qu’en soit le prix. Mais au fond, tu nous cachais beaucoup de choses. Tu gardes des secrets comme des shaolings. Ton sourire est secret, ton rire est secret… et tout ton mouvement est secret… tout chez toi est couvert de mystères. Ces mystères, maman nationale ne les connaît pas. Sinon, elle allait les déballer dans son livre de-main-sur le cœur-.
Mais, maman nationale a tout le temps. Astafourlaï ! Papa Déby ne tue pas sans arrière pensée. Que dis-je ? Mon éducation m’interdit d’énerver les victimes et ceux qui sont affligés par la disparition de leurs chers disparus. Mais pour Ibni Oumar Mahamat Saleh là, je n’arrive pas à croire. Même si c’était un conte de fée…
Alors papa, tu as mis le Nord à feu et à sang ! Le Sud à feu et à sang ! L’Est à feu et à sang ! L’Ouest à feu et à sang !… A feu et à sang ! Un à un, et puis tout le monde, un petit matin en se réveillant d’un seul pied. Mais tout compte fait, un cadavre aura toujours besoin d’un vivant pour l’inhumer.
De grâce, toi grand-père Gaulois, dis-lui de nous montrer là où son corps est caché. Parce que Ibni Oumar Mahamat Saleh est un grand. Son funéraille doit être à la hauteur de sa personnalité. Toi au moins, quand tu lui dis quelque chose, il exécute sans broncher. Je ne peux pas te rappeler l’affaire Arche de Zoé, non ? L’exécution de cette affaire a été à l’espèce expéditive !
Et puis papa Déby, je n’arrive pas à comprendre que toute ta fortune-là est bâtie sur les tombes des gens. Même de tes chers bien-aimés. Finalement, je me laisse croire, walaï, que tu es un grand créateur. Ton génie créateur est unique pour le monde moderne. On aurait dû te décerner un prix pour tes œuvres. Parce que tu as crée une démocratie qui s’appelle « démocratie machiavélique ». Tu as tapé du poing sur la table face à la Banque mondiale. Tu lui as dit que tu protégeais les intérêts des générations futures, le peuple tchadien ne considère pas le mot pauvreté, etc. il est bien nourri, soigné, éduqué, vêtu, du 1er janvier au 31 décembre, 24 heures sur 24. Attari, y a anguille sous roche. C’est la Banque mondiale qui a vu cette anguille sous roche, tardivement.
Si tu achetais beaucoup de tracteurs et de matériels d’élevage, chaque tchadien va manger à sa faim. Sûrement du 1er janvier au 31 décembre, 24 heures sur 24. Au BET, il y a à gogo des chameaux, des chevaux, des bœufs, des dattes, etc ! Au Centre, il y a de la céréale de diverses variétés, de l’élevage, etc ! Au Mayo-Kebbi, il y a du sorgho, du maïs, de l’élevage, du tabac, du riz, du tarot, des aubergines, des tomates, etc. Au Kanem et au Lac-Tchad, il y a du poisson, des tomates, du blé, du maïs, des patates douces, de la courge, du natron, etc ! Dans les deux Logone, il y a du mil, de l’élevage, des aubergines, des tomates, des patates douces, etc. et les mêmes se trouvent au Moyen-chari, dans la Tandjilé et le Batha… sans compter nos ressources minières. Vraiment, papa, nous sommes riches. Très, très riche ! Mais, c’est toi qui nous rends malheureux de la planète.
Aucune personne ne pourrait te déranger si tu mettais un accent dans ces domaines. Mais, tu continues à te créer pour rien des problèmes en achetant chaque jour des tonnes et des tonnes d’armes. Pour tuer qui ? Moi ? Tes grands-parents, tes parents, tes femmes, tes fils, tes rivaux, tes ennemis ou ?…
Ta relation avec le grand-père Gaulois est cynique et te rend aveugle. C’est pourquoi, tu ressembles à un rouleau compresseur dans tous les sens. Pour ton fauteuil.
Aujourd’hui, les Tchadiens sont en quête perpétuelle de la denrée rare qu’est La Paix. Un tracteur coûte dix fois moins cher qu’un hélicoptère, char et autres armes de tout calibre.
Si j’étais toi, papa, je démissionne. Walaï, je démissionne ! Je me dirai qu’en 18 ans, j’ai assez amassé de péchés. Qu’un autre tchadien me remplace !
Ereck Dinar