Déclaration des partis politiques de la majorité

L’accord pour le renforcement du processus démocratique est le ciment de notre démarche en faveur de la paix. Les réformes auxquelles nous sommes parvenus à l’issue du dialogue, nous ne les percevons pas comme une entente entre deux groupes de partis. Pour nous, il s’agit d’un cadre politique pour tous les Tchadiens afin de rendre la guerre inutile. Plus fiable sera le cadre démocratique, moins forte sera, pensons-nous, la tentation pour les hommes de recourir aux armes.

Les violents combats qui ont secoué notre capitale au début du mois nous ont prouvé encore que l’accord en vue du renforcement du processus démocratique est notre meilleur refuge.

Nous œuvrons pour que les Tchadiens préfèrent les urnes aux armes ; nous œuvrons pour que les partis politiques soient encore plus viables et les élections encore plus crédibles. Nous espérons que les groupes armés se transformeront en partis politiques. C’est pourquoi dans tous les accords de paix avec les groupes armés, est insérée une disposition qui permet à leurs membres de transformer leur organisation en parti politique. En même temps, nous mettons en place un cadre politique susceptible de permettre aux hommes politiques de s’exprimer librement.

Ce cadre, nous l’avons défini à l’issue de longs échanges entre chefs de partis politiques, en analysant nos expériences locales et en nous inspirant des expériences d’autres pays. Nous croyons que l’accord du 13 août est la meilleure solution pour une paix durable au Tchad car il nous propose un cadre de débat et de compétition pacifique. Mille accords militaires ne nous apporteront pas la paix. De meilleures élections, si.

Je rappelle devant les témoins du dialogue que l’accord du 13 août est le résultat de la bonne volonté de la majorité. Nous avons fait, pour parvenir à cet accord, des concessions au-delà de ce qu’espérait l’opposition elle-même. En tout cas, c’est ce qu’ont déclaré MM Lol et Salibou lors de notre rencontre avec le secrétaire général de l’ONU.

Aujourd’hui encore, nous sommes déterminés à conduire ce processus jusqu’au bout avec nos compatriotes pour que son application apporte les résultats que nous avons projetés au cours de nos discussions.

A l’issue des cinq premiers mois du calendrier d’exécution de l’accord, le Gouvernement a rédigé les projets des lois prévus dans le chronogramme d’application de l’accord : loi sur la CENI, loi électorale, loi sur le statut des autorités traditionnelles et coutumières. Les projets ont été soumis au comité de suivi et d’appui qui y a apporté ses amendements.

Pour ne pas connaître un retard par rapport au chronogramme, le Président de la République vient de promulguer par ordonnances les projets déjà validés par le comité de suivi et d’appui. Malgré l’interruption causée par l’agression, nous sommes dans les délais pour mettre en place la commission électorale paritaire et commencer les préparatifs du recensement de la population, puis le recensement électoral.

De même, nous sommes attentifs aux préoccupations de l’occupation concernant la démilitarisation et la dépolitisation de l’administration territoriale. Nous avons déjà expliqué au cours de nos réunions communes que ces objectifs ressortent dans les réflexions de tous les partis politiques.

Depuis l’ouverture du dialogue, notre bonne volonté n’a jamais fait défaut. Quand des difficultés sont apparues, nous les avons résolues avec nos partenaires sans hausser le ton. Mais nous sommes au regret de relever que nous portons seul cet accord. Ce qui nous inquiète dans nos rapports avec les partis de l’opposition, en particulier ceux de la CPDC, c’est la surenchère permanente et leur alignement systématique sur les groupes armés. Nous percevons à chaque offensive venant du Soudan des hésitations dans les rangs de nos frères chefs des partis de l’opposition. Nous avons l’impression qu’ils traitent avec nous faute de mieux. Il nous semble que leur espoir profond repose sur une victoire des oppositions armées. Par leur alignement sur les revendications des rebelles, par les enchères qu’ils font monter à chaque frémissement armé, ils se comportent comme la branche politique de ces rébellions.

Ce que nous souhaitons de nos interlocuteurs chefs des partis politiques, c’est un engagement sincère pour construire un système démocratique, pacifique, débarrassé des armes. Nous osons espérer que les hommes politiques de ce pays s’accrocheront à la démocratie plus qu’à la force.

Le double jeu mérite d’être dénoncé. Mais nous ne disons pas cela pour menacer les autres chefs de partis. Nous sommes les premiers à plaider pour leur intégrité, pour leur sécurité et pour leur liberté d’action. Nous faisons le pari de préparer avec un cadre politique plus attrayant que la solution des armes.

Nous espérons refermer rapidement cet épisode guerrier sans retarder notre démarche et sans rompre les liens que nous avons tissés depuis le début du dialogue.

Les partis de la majorité remercient la communauté internationale, les pays et les organisations qui ont préparé le terrain pour le dialogue politique entre Tchadiens et qui continuent à accompagner cette démarche. Nous vous remercions, Monsieur le Président, Monsieur le commissaire, Monsieur le ministre, de votre intérêt pour la paix et la démocratie au Tchad. Nous avons besoin de vos conseils, de votre expérience et de votre assistance matérielle pour rompre le cercle vicieux de la guerre. Ne vous découragez pas à cause des soubresauts commandités par le Soudan. Vous avez devant vous des hommes conscients de leurs responsabilités, amoureux de la paix et qui sont prêts à donner pour recoller les morceaux d’un pays meurtri.

Naringué LOALNGAR
manalo35@hotmail.com


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