Transcrit de l’ interview du Dr Albyssati Saleh Allazam recuillie par RFI le 26.04.2006

Albissaty Saleh Allazam, bonjour.

Bonjour Monsieur.

Quelle est la situation sur le terrain?

Ben, la situation est calme en ce moment là. Je parle du coté militaire quoi.

Apres les violents combats du 13 avril dernier, où sont passées vos colonnes rebelles?

Eh bien nos colonnes se trouvent un peu partout à l’intérieur. Au sud, au centre, un peu au nord et surtout à l’est.

C’est-à-dire que la colonne qui a attaqué N’djamena a fait un repli tactique?

Bien entendu. Nous l’avons dit à son temps.

Et qu’est devenu le chef de cette colonne, Mahamat Issa?

Mahamat Issa était blessé.

Confirmez-vous les informations selon lesquelles il serait mort à la suite de ses blessures?

Bon on a souvent parlé de ça. Mais personnellement je ne me suis pas intéressé à la question. Parce que voila c’est un soldat. Il est quand même le commandant en chef de nos forces armées. Je sais que momentanément il ne tiendra pas la tête des troupes. C’est tout.

Donc pour l’instant vous ne savez pas ce qu’est devenu Mahamat Issa?

Ben! No comment!

Comment expliquez-vous votre défaite devant la ville de N’djamena?

Je crois que ce n’est pas une défaite en tant que telle. Peut être qu’il y a eu une certaine légèreté de notre part quant au soutien que pouvait avoir le régime. C’est tout. Et là le rôle des forces françaises était déterminant

De quelle façon les français ont il joué un rôle déterminant à votre avis?

Ils ont tiré non? Ils ont reconnu. Le porte-parole du ministère de la défense française l’a reconnu. Il a appelé ça coup de semonce. Pour nous c’est un bombardement qui a fait des dégâts dans nos rangs et dans les rangs des civils.

Les français affirment qu’ils n’ont tiré qu’un coup de semonce la veuille de la bataille de N’djamena à environ 200 km de la capitale.

Ca c’est ce qu’ils le disent. Nous on voit la réalité sur le terrain. Même si on écarte la thèse, disons des bombardements, offrir des informations concernant l’avancée de nos troupes, le nombre de nos troupes, notre armement, d’où on vient, c’est déterminant dans le cours des combats

Alors, les autorités tchadiennes disent de leur coté que vous êtes soutenus militairement par les soudanais.

Je vous dis que le soudan a simplement fermé les yeux, sur nos activités parce que excédé par Deby. Voila. Il fut un moment où le soudan nous persécutait. Le soudan a arrêté bon nombre de nous bailleurs qui venaient justement au Soudan pour nous aider. Ils étaient incarcérés.

Mais franchement, Dr. Albissaty, d’où viennent vos centaines de véhicules pick-up armés notamment des canons antiaériens?

Ca vient de partout. Des cotisations. Nos militants qui sont un peu partout au monde nous soutiennent.

Quand vous avez attaqué N’djamena, n’êtes-vous pas aller trop vite et trop loin?

Peut être, peut être. Mais nous on n’a pas trop compté sur le fait que Deby serait soutenu de manière aussi déterminante par la France. C’est tout. On croyait que la France serait neutre.

Mais que répondez-vous par exemple à un autre chef rebelle, Timan Erdimi, qui affirme que vous vous êtes trop éloignez de vos bases?

Je vous dis une chose. Dans cette guerre le plus rusé gagne. Deby, quand même, est un type rusé. Il a les moyens de l’état et puis il a tout. Nous, je crois qu’en lançant cette attaque sur la ville de N’djamena, ce n’était pas une erreur. On a frappé. On a pris Mongo. On a pris Haraze-Manguegne. On a pris plusieurs villes avant d’arriver à N,djamena. Donc je crois que ce n’était pas un échec en tant que tel.

Oui mais aujourd’hui, vous êtes retournés à vos bases et vous n’êtes plus en mesure apparemment de prendre N’djamena.

Retourner à nos base, c’est vous qui le dites. Où sont-elles nos bases? Nos bases sont un peu partout au Tchad maintenant. Nous sommes éparpillés un peu partout à l’intérieur du territoire national

Préparez vous une nouvelle offensive?

Bien entendu. Tant que Deby persiste dans son intransigeance, nous allons toujours lancer des attaques contre son régime. Ça c’est clair.

Et qu’allez vous faire d’ici l’élection présidentielle du 3 Mai prochain?

Là je ne vais pas vous le relever. D’ici le 3, certainement il y aura quelque chose qui va subvenir.

Une action militaire?

Quelque chose, j’ai dit. Une action quelconque.

Et sur le plan politique, que va faire le FUC?

Un congrès, une réunion. On est en train maintenant de faire un bilan de l’ensemble de nos activités politiques et militaires.

Est-ce qu’il y a un rapprochement avec la rébellion Zagawa des frères Erdimi (RaFD ndlr) est envisageable?

Bien entendu. Ils sont en train de se battre contre le régime à leur manière, de manière sincère. Je ne vois pas pour quoi on rompt le lien avec eux. Ils sont des tchadiens.

Alors dans la communauté internationale, beaucoup des pays estiment que vous êtes très proches des Djandjawid soudanais. N’est ce pas la raison pour laquelle vous êtes isolés sur la scène internationale.

Mais seul le régime Deby qui parle de nos relations avec les Djandjawid. Nous, on a rien à voir avec les Djandjawid. Nous ne sommes pas des soudanais nous. Je vous en prie! Nous sommes des tchadiens. Nous nous battons contre un régime dictatorial, sanguinaire. Les Djandjawid, ça ne nous regarde pas. On ne peut pas travailler pour les soudanais et en même temps chercher le pouvoir au Tchad. Ou combattre plutôt, excusez-moi le terme, mais combattre le régime tchadien.

Il n’empêche, Docteur Albissaty, est-ce que vous n’êtes pas isolés sur la scène internationale?

Je ne crois pas que isolés, parce que personne ne nous a condamnés fermement. Tout le monde disait qu’il ne faut pas prendre le pouvoir par la force. C’est tout. Nous sommes contre la prise de pouvoir par la force. Avec Deby il faut seulement la force. Nous sommes obligés d’utiliser la force. Bon maintenant, à l’extérieur peut être qu’on va mettre un peu en marche les choses pour qu’on soit compris par l’extérieur. Voila.

C’est-à-dire qu’à l’heure actuelle vous envoyez un certain nombre d’émissaires à l’étranger?

On est en train de travailler dans ce sens.

Avez-vous des contacts avec des pays clés comme la France?

No comment. Nous ne voulons pas parler de quelque chose qui n’a pas abouti à quelque chose.

Quelle est la solution pour sortir de cette crise. Est-elle politique ou militaire?

La solution peut être aussi politique. Il suffit que le chef du régime actuel démissionne. (…). Nous allons tous regagner N’djamena. Au cas contraire, eh bien c’est la lutte armée!

Albissaty Saleh Allazzam merci


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