Introduction sur la nature du pouvoir du président Deby
Dakar le 12 octobre 2006
Dr Albissaty Saleh Allazam
Avertissement
Ce document ne prétend pas être le résultat d’une étude complète sur les crimes politiques, économiques et sociales d’Idriss Deby Itno, en 16 ans de pouvoir, de même qu’il ne pourrait, en aucun cas, être pris pour un exposé sur la situation que vivent les tchadiens.
Il s’agit, en fait, d’un aperçu général sur les méfaits du régime qui sont, par ailleurs, connus de tout le monde y compris par ceux qui le soutiennent contre vent et marée comme la France qui l’a reconnu coupable de trafic de fausse monnaies, mais l’a aussitôt gracié, du moins momentanément, afin qu’il puisse faire face à la contestation populaire.
En effet, sur les crimes du président Deby, les organisations internationales, rien que pour la période allant de son avènement au pouvoir jusqu’à l’année 2000, ont estimé à plus de 25 000, le nombre de citoyens tchadiens qui sont assassinés par ses hommes. Il faut ajouter à cela, les crimes à lui reprochés pendant le règne de son prédécesseur Hisseine Habré dont il était le chargé de la sécurité, et donc premier responsable devant le peuple tchadien.
Par cet aperçu, nous voudrons donc brosser un tableau bien qu’incomplet, mais significatif, de la mauvaise gestion qui, du reste, une fois de plus, n’est pas méconnue non seulement du peuple tchadien, mais aussi des puissances qui, aujourd’hui, courent à son secours sous divers prétextes dont, entre autres, la peur de la catastrophe de l’après Deby.
Il est à rappeler que la majorité de ceux qui lutte contre le régime de Deby les armes à la main ne l’a fait que contrainte parce que le pouvoir ne lui a laissé aucun autre choix de combat politique.
Aussi, bien qu’insuffisant, nous espérons que ce document puisse donner une idée général sur la réalité du pouvoir de Deby.
I La nature du pouvoir Deby
Dans ce chapitre, il convient de rappeler que l’avènement au pouvoir, le 1er décembre 1990, du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), d’Idriss Deby, a suscité à la fois un réel enthousiasme et un espoir sans égal pour le peuple tchadien qui, depuis l’accession du pays à la souveraineté internationale, le 11 août 1960, vivait sous le joug des régimes d’exception ; avec des systèmes de parti-Etat.
Malheureusement, dès les premières semaines du nouveau régime, le peuple tchadien voit son enthousiasme et son espoir diminuer puis s’effondre totalement en découvrant qu’au lieu d’une démocratie, c’est une dictature en règle qui s’exerce sur son âme.
En effet, toutes les institutions de l’Etat se trouvent être prises en otage par des individus sans compétence aucune, autre que la fidélité aux ambitions démesurées de l’homme Idris Deby Itno. Il n’est pas rare de rencontrer des individus illettrés à la tête des institutions qui requièrent des compétences bien spécifiques.
La gestion de l’Etat est entièrement confiée à des hommes et des femmes quasi-analphabètes, issus de sa tribu dont nombreux sont des ressortissants du Darfour soudanais.
Les membres de la communauté zaghawa, la tribu du chef de l’Etat, ceux qui ont accepté de collaborer avec lui, n’ont jamais besoin de diplômes, moins encore de stages pour occuper les plus hautes fonctions de l’Etat et au sein des institutions paraétatiques. Ils confondent allégrement les biens de l’Etat à leurs biens personnels. Ce comportement de la tribu de Deby a créé une atmosphère d’apathie générale chez les cadres du pays qui ne font rien qui puisse améliorer les conditions de vie des citoyens.
Cela dit, il est à préciser que pour donner au pillage de la patrie « un visage national », Deby et ses têtes pensantes ont sélectionné des individus issus d’autres tribus tchadiennes qui se sont avérés, économiquement parlant, des vulgaires vandales ; qui n’ont rien à envier aux parents du chef de l’Etat en matière de détournement des biens publics.
De ce fait, le trésor public est chroniquement vide ; il n’existe que de nom. Les recettes de l’Etat vont tout droit dans les poches du président si ce n’est dans celles de ses proches parents.
II L’opposition démocratique :
Malgré ses promesses, et, surtout ses engagements devant l’opinion internationale, le président Deby n’a jamais respecté les règles du jeu démocratique les plus élémentaires.
Toutes les élections qui se sont déroulées au Tchad, depuis l’avènement du MPS, étaient truquées. L’opposition démocratique tchadienne est forcée de jouer, pendant longtemps, les faire-valoir ; donnant ainsi une coloration démocratique au système.
Au Tchad de Deby, jamais des élections libres, transparentes et équitables n’ont été organisées. Celles qui avaient eu lieu n’étaient que des simulacres d’élections dont les résultats biaisés sont connus d’avance, par le biais d’une prétendue Commission Electorale Nationale Indépendante ( C.E.N.I) acquise à la cause du pouvoir.
Pour service rendu au chef de l’Etat, tous les membres de ladite commission étaient nommés à des postes de responsabilités au sein du gouvernement aussitôt après les proclamations des résultats.
Les chefs des partis politiques font constamment l’objet d’actes d’intimidations voire de persécutions de la part du régime. La quasi-totalité d’entre eux a au moins visité une fois la prison; d’autres étaient contraints à l’exil ou étaient entrés en dissidence armée.
III Les droits de l’Homme et la sécurité du citoyen :
Au Tchad, la situation des droits élémentaires tels que la liberté d’expression et la sécurité du citoyen est plus grave que la situation du Darfour qui intéresse tant la communauté internationale.
Sur ce chapitre, il n’est pas superflu de mentionner que ce sont les ressortissants du Darfour, venus dans les rangs des troupes de Deby, qui sèment la terreur parmi les populations tchadiennes. Aucun acte de crime commis par ces soudanais n’a fait l’objet d’une poursuite judiciaire ne serait-ce que de manière folklorique.
Les tchadiens ont le sentiment de vivre sous une domination étrangère. Ce sentiment est d’autant plus fort que nombre de citoyens préfèrent une recolonisation du pays qu’une soi-disant indépendance sous la tutelle des occupants barbares qui n’ont comme culture que la razzia, le viol et l’assassinat.
Les responsables politiques et administratifs d’origine tchadienne assistent impuissants aux actes de violences et autres brutalités policières et militaires commis par des proches parents du régime au pouvoir à cause de l’absence d’un appareil judiciaire indépendant.
Les organisations tchadiennes de défense des droits humains sont, à leur tour, soumises à toutes sortes de contraintes réduisant leur marge de manœuvre dans la réalisation de leurs activités de soutien aux citoyens.
Pire, la propre sécurité des militants des organisations des droits de l’homme n’est pas garantie.
A titre d’exemple, Me Joseph Behidi, vice-président de la Ligue Tchadienne des droits de l’Homme ( LTDH), a été froidement abattu en 1992 par des hommes commandités par le président Deby en personne. Sa voiture était retrouvée, vingt quatre heure (24) après l’assassinat, à la présidence de la république. L’enquête qui a été ouverte a été étouffée quelques jours après son démarrage. Quant aux citoyens ordinaires, il ne se passe pas un seul jour où on n’enregistre pas des dizaines de cas d’assassinats parmi eux ; aussi bien dans la capitale qu’en milieu rural.
IV La mal gouvernance et l’exclusion :
Classé, premier pays corrompu au monde, par l’organisation internationale de lutte contre la corruption, Transparency International, le Tchad, sous le régime d’Idriss Deby, s’illustre par une gestion dont le qualificatif de catastrophique est plus que euphémique.
Le pays est soumis à un pillage systématique par les dignitaires du régimes dont la plupart se trouvent être les parents du président Deby et les ressortissants du Darfour arrivés dans sa suite.
Aucun projet de développement n’a été réalisé proprement. La plupart des projets annoncés à grande pompe sont restés sous forme de papiers dans les tiroirs de l’administration parce que les fonds qui leur sont alloués par les bailleurs sont purement et simplement transformés en villas et véhicules de luxe par les dignitaires du régime. Les rares projets, soi-disant réalisés, le sont en fait qu’au dixième voire au centième.
Quant à la manne pétrolière, personne, au Tchad, n’en connaît exactement la production nationale ni le montant qu’elle génère.
L’absence d’équité dans la distribution des ressources du pays est l’une des causes du rejet du système, en bloc, par la population. La politique de l’exclusion, perceptible dans le pays, a engendré un sérieux problème de cohésion sociale qui s’est manifestée par l’effritement du tissu social.
Le régime se trouve conforté dans sa politique liberticide par le comportement des autorités françaises qui lui apportent tout le soutien nécessaire au détriment de toute la population tchadienne qui ne demande qu’un peu de liberté et de sécurité. La France a en effet privilégié la dictature au détriment de la démocratie.
C’est fort de ce soutien que Deby a réussi à annihiler toute expression démocratique.
Le soutien français à Deby inclus l’entrée en ligne de l’armée française dans le conflit tchado-tchadien comme lors des attaques des forces de l’opposition en avril 2006. Cette intervention de l’armée française dans le cours des combats était capitale dans l’échec de la chute du régime.
Tout récemment encore, l’aviation française a participé aux côtés des troupes de Deby lors des derniers accrochages du 12, 13 et 14 septembre entre les forces de l’opposition de l’Est et celles du régime de Deby.
Pour pérenniser son pouvoir, Idriss Deby Itno, a créé une armée dont l’ossature est formée par les membres de sa tribu, qui n’ont comme seule compétence que l’élimination physique de citoyens tchadiens souvent sans raison aucune; juste pour le plaisir de tuer. Il n’est pas rare d’entendre des jeunes issus de la tribu du Président commentant en riant l’« abattage »d’un citoyen sans défense.
Aussi, pour illustrer les actes de répression contre les différentes communautés de la nation tchadienne, quelques exemples s’imposent.
– Le 13 octobre 1991, soit dix mois après sa prise de pouvoir, le président Idris Deby Itno a inventé un complot « Hadjeraï » contre son régime qui lui permit d’en découdre avec son principal allié, issu de cette communauté tchadienne, M. Maldoum Bada Abbass, aujourd’hui décédé.
Petit détail concernant la mort de M. Maldoum Badda : ce dernier était mortellement tombé malade juste après son retour d’un dîner en compagnie du président de la République. Assassinat politique ?
S’en suivit une chasse à l’homme en règle contre les membres de cette tribu tchadienne. Plusieurs soldats, officiers et sous-officiers de cette ethnie ont été exécutés. D’autres s’étaient retrouvés réfugiés par crainte d’une mort certaine chez eux.
– Le 22 octobre 1993, Le colonel Abbas Koty Yacoub, pourtant issu de la communauté zaghawa, a été froidement abattu au domicile du M. Bichara Djigui, en plein ville de N’djaména, alors qu’il était signataire d’un accord de paix sous les auspices de la Libye et du gouvernement soudanais, le 17 août 1993.
Rappelons que M Bichara Digui a été, à son tour, criblé des balles par les forces spéciales de Deby, en pleine circulation alors qu’il se dirigeait vers son deuxième domicile.
Le colonel Abbass Koty, pour avoir refusé une gestion tribale de la chose publique, a été indexé par les membres du clan de Deby comme un traître qui met en mal leur ambition de mainmise totale sur le pays. Son corps n’a pas été restitué à sa famille jusqu’à nos jours.
– Le capitaine Ketté Moise comme le lieutenant Laokein Bardé après lui, opposants au régime, ont été lâchement assassinés pendant qu’ils étaient en négociation avec les émissaires de Deby.
– En 1993, Hassaballah Ahmat Soubiane, un des piliers du régime de Deby a été mis en résidence surveillée pendant plus d’une année, après l’échec d’une tentative d’arrestation. Il a eu la vie sauve grâce à la vigilance d’un certain nombre de soldats qui lui sont fidèles.
V Les actes de répression massive contre des populations :
– Les massacres des villages Ninguilim et Chokoyon, dans le Ouaddaï.
– Le massacre d’un groupe de manifestants à N’Djamena, protestant contre les massacres de Ninguilim et de Chocoyon. Le carnage a été supervisé par Deby, personnellement. Ces citoyens ont été tout simplement soumis à un feu nourri de la garde présidentielle.
– les massacres répétitifs de la population du sud de la patrie notamment dans la zone de Bodo qui a défrayé la chronique pendant longtemps.
A l’aide de son armée clanique, Idriss Deby a réussi à prendre en otage, sans distinction, tout le peuple tchadien. En plus, cette armée a été utilisée de façon transfrontalière par Idriss Deby, dans la sous région, à savoir : dans les deux Congo puis pour déstabiliser la Centrafrique et évincer du pouvoir le Président Ange Félix Patassé.
VI L’intervention tchadienne dans le conflit du Darfour et ses conséquences au Tchad
Pour mieux comprendre le phénomène de la rébellion du Darfour et ses conséquences sur le Tchad, il serait erroné d’approcher le sujet sans faire un bref rappel historique qui prendra en compte les motivations réelles de Deby depuis sa rébellion contre le pouvoir de Hisseine Habré jusqu’à son installation au fauteuil présidentiel.
Nous faisons ce petit rappel sans rentrer dans les détails.
Ainsi donc, le 1er avril 1989, l’actuel chef d’Etat tchadien, Idriss Deby, prit la tête d’une colonne de militaires composée uniquement des membres de sa tribu en direction du Soudan.
Déjà à cette période, les observateurs nationaux et internationaux considèrent que cette défection était motivée par une ambition purement présidentielle. C’est pour dire que la révolte de Deby n’était pas sérieuse, selon l’avis de ceux qui le connaissaient très bien.
D’autre part, le général Deby crut qu’une tribu, bien organisée, pourrait gouverner, seule, un pays. Selon plusieurs témoignages, Deby et ses complices cachaient des armes pendant qu’ils semblaient, aux yeux des citoyens, des fidèles alliers du président Habré. Et, à la faveur de la deuxième guerre du Golf, Habré étant devenu beaucoup trop proche des américains, les Français saisirent l’occasion pour se débarrasser de cet homme qui osa refuser la démocratie clé en main du président français, François Mitterrand.
Les armes libyennes et le territoire soudanais lui ont été généreusement disponibilisés, avec la complicité de la France.
Pour donner une coloration nationale à son acte de défection, Deby sollicita et obtint le soutien d’autres tendances politico-militaires telles que les FAT (forces armées Tchadienne) représentées par Djibrine Dassert, le CDR (Conseil Démocratique Révolutionnaire) représenté par Ahmat Hassaballah Soubiane, le MOSANAT du défunt Maldoum Bada Abbas ainsi que d’autres mouvements d’opposition plus au moins importants. C’est fut la création du Mouvement Patriotique du Salut « MPS » à Bamina.
Remarquons que tous ces leaders sont soit assassinés par Deby soit entrés en dissidence contre son régime.
Le Soudan, non seulement s’accommodait de la propagande anti-habré de Deby sur son territoire, mais semblait même accepté celle qui visait à drainer les tribus zaghawa soudanais dans ses rangs pour l’ « accompagner » à sa nouvelle demeure, le palais présidentiel tchadien.
VII Le MPS prit le pouvoir le 1er décembre 19990.
Au pouvoir, Deby ne tarda pas à se manifester sous son vrai visage. La ville de N’Djaména a été soumise à un pillage systématique par les nouveaux conquérants. Ils tiraient, et tirent encore, à bout portant sur tout motocycliste pour lui arracher son engin.
Il fut un moment où la ville était vidée de presque tous les engins à deux roues, communément appelés « C-175 ». Les boutiques et autres kiosques éventrés. Quant au nouveau président, lui, s’attela à deviner tous les alibis susceptibles de lui donner raison contre ses compagnons de lutte qui l’ont porté au pouvoir.
L’assassinat, la diffamation, l’intox ; tout est utilisé pour parvenir à ses fins, et ce, jusqu’à nos jours, pour écarter ses camarades de la gestion de la chose publique.
Une rumeur tenace affirme voire confirme que à l’entrée du MPS, le colonel Hassan Djamous, serait encore en vie. Deby l’aurait découvert dans une des cellules de la présidence de la république ; il l’aurait achevé de sa propre main.
Hasssane Djamous, un vaillant officier qui fit défection avec Deby et qui était le véritable commandant de l’expédition contre le régime de Habré, fut capturé par l’armée du régime au cours des combats alors qu’il était blessé.
VIII L’implication de Deby au Darfour
Certains éléments de l’armée de Deby, d’origine soudanaise, retournaient dans leur Darfour natal non sans emporter une richesse colossale et même des femmes et des filles quidnapées du Tchad. L’argent et la puissance de feu acquis au Tchad leur accordaient une certaine suprématie sur leurs compatriotes du Darfour. Se fut alors les exactions contre les habitants locaux non zaghawa.
En fait, c’était un programme qui ambitionne la mainmise totale sur tout le territoire du Darfour et la soumission des autres ressortissants de la région par la force. Ceux qui résistent à leur hégémonie étaient physiquement liquidés.
Parler du conflit du Darfour comme étant un problème entre deux communautés du Darfour (arabes et négro-africains) alors qu’il concerne toutes les tribus du territoire, témoigne bien de la capacité du régime de Deby à cacher les vérités.
Le discours de Timane Deby, frère du président Deby, décrété roi des zaghawa, face aux dignitaires du Ouaddaï, prouve que les rebelles soudanais n’ont pas que les arabes comme ennemies. La sévère mise en garde de ce monsieur contre les autorités traditionnelles de la région du ouaddai est éloquente à ce sujet. Puisque, simultanément, les autres tribus telles que les Tamas, Dadjos, les ouaddaiens sont harceler par les parents de Deby et les zaghawa soudanais
La propagande de Deby donné au conflit du Darfour une coloration arabo-zaghawa, au départ, et entre les arabes et les négro-africains ensuite, alors que le conflit concerne toute la région du Darfour et le Tchad qui est sous la férule des conquérants darfouriens.
Les milieux onusiens et autres organisations non gouvernementales ont mordu à l’hameçon tendu par Deby.
Les darfouriens aux commandes de l’Etat tchadien, et avec l’aide inconditionnelle du président Deby, comprirent qu’aucune force ne pourra leur faire face. Deby tentât donc de les organiser pour prendre le pouvoir au Soudan ou au moins obliger le régime de Khartoum à faire des concessions substantielles à la faveur desquelles Deby et son clan puissent trouver refuge au cas où le pouvoir leur échapperait au Tchad. Par la suite, ils devraient se réorganiser et mettre en marche leur plan qui consiste à la création du GREAT ZAGHAWA LAND, prenant ainsi l’exemple sur la création de l’Etat d’Israël. Les relations très étroites avec Israël s’expliquent aussi par cela.
Malheureusement pour ce fin stratège militaire qu’est Deby Itno, le GREAT ZAGHAWA LAND ne semble pas avoir l’approbation de la majorité d’entre les membres de cette ethnie tchadienne. Car les plus proches de ses collaborateurs ont pris les armes contre son régime.
Aujourd’hui, tous les indicateurs prouvent que les zaghawas qui ont pris les armes semblent être beaucoup plus déterminés à le renverser que toute autre composante de la population tchadienne.
De même, il serait injuste d’incriminer tous les membres de cette communauté pour des délits commis par Deby Itno. Et si le colonel Abbas Koty, son ministre de la défense, un zaghawa, a été assassiné, c’est justement parce qu’il aurait combattu, entre autre, ce projet diabolique.
Pour revenir sur les relations entre le régime du président Deby et l’Etat d’Israël, et pour s’assurer le soutien indéfectible de cet Etat, le président Deby n’a pas manqué d’affirmer à ses interlocuteurs israéliens que sa tribu est, en fait, d’origine juive à l’instar des fallachas Ethiopiens.
Pour convaincre, il développe une campagne sans pareil contre la communauté arabe tchadienne, allant jusqu’à leur denier leur droit de citoyenneté comme d’autres tchadiens.
Son ministre des Affaires Etrangères, Ahmed Allami, un homme connu pour sa haine hystérique contre les arabes, appelait presque ouvertement au nettoyage ethnique des arabes tchadiens. Il ne rate aucune occasion pour les vilipender, les diaboliser. Et, le conflit du Darfour est l’une des occasions inespérées pour que le ministre appelle, de manière passablement voilée, au génocide des arabes tchadiens.
Mais, malheureusement pour le ministre et son président, en développant cette thèse arabophobe, ils croyaient avoir la sympathie des autres tchadiens, mais ils ont perdu de vue que les premiers qui ont souffert de leur système étaient bien les non arabes. Et donc, leur appel fut tombé aux oreilles d’un sourd.
Ce qui a fait dire au frère de Deby, lors d’une rencontre avec les dignitaires du Ouaddai ceci : « les arabes sont comme des moustiques la nuit et des mouches le jour ; quant à vous, les ouaddayens, dadjos, tamas et autres boulalas, vous êtes des traîtres. Vous avez toujours travaillez contre notre pouvoir, vous avez toujours soutenu les djandjawids… les zaghawa soudanais occuperons vos terre par la force… votre tour viendra, attendez qu’on finisse avec les arabes…»
IX Le conflit du Darfour et ses conséquences au Tchad
Le conflit du Darfour, comme il apparaît clairement aux yeux de la communauté internationale, a entraîné des conséquences très graves au Tchad.
Le nombre des réfugiés soudanais dans la région du Ouaddai est déjà plus de la moitié de la population du Ouaddaï. Et, puisque les réfugiés sont essentiellement installés sur ce territoire, cela a créé un problème démographique pour lequel la région n’était pas préparée. Ce déséquilibre démographique a déjà donné des conséquences négatives sur le niveau de vie des autochtones. Les fusils en bandoulière, les nouveaux venus se comportent comme des conquérants des siècles de ténèbres. Les autochtones sont contrains de quitter leurs champs et vergers. Ceux qui résistent sont abattus sans autres formes de procès.
La ville d’Abéché, capitale de la région, jadis calme et accueillante est devenue un enfer pour ses habitants qui ne savent à quel saint se vouer.
Le prix des loyers a quatriplé du jour au lendemain. Les cas des maisons arrachées par force à leurs propriétaires ne se comptent pas. Timane Deby, le frère du président, n’avait-il pas dit aux dignitaires de la région que « les zaghawa du Soudan vont arracher vos terre par force et ceux qui ne sont pas d’accord n’ont qu’à quitter le MPS (parti de son frère de président) ».
Le viol est devenu chose courante. Le comportement belliqueux de nouveaux venus, soutenus par Deby et une opinion internationale leurrée, a créé un état d’esprit de rejet et de haine chez les tchadiens qu’il faudrait un travail de longue haleine pour n’importe quel nouveau régime pour que les uns et les autres reviennent à des sentiments meilleurs.
Il faut un temps pour que cette plaie ouverte par Deby et les siens pour qu’elle se cicatrise. Aujourd’hui, voyager au-delà d’Abéché sans rencontrer les rebelles Soudanais, qui se confondent allégrement aux soldats de Deby pour arracher les biens des citoyens, relève bien du miracle.
Sur le plan nutritionnel, il semble même que pour des raisons incompréhensibles, la communauté internationale s’inquiète beaucoup plus du bien être des Soudanais que des tchadiens envahis dans leurs propres terres.
Ainsi, selon le haut commissariat de réfugiés le nombre des enfants tchadiens malnutris a atteint les 40%. Le prix de denrées alimentaires de premières nécessités a grimpé de façon vertigineuse. La région est condamnée à la famine qui rivalise d’atrocité avec les réfugiés. La sécurité de biens et de personnes est au bon vouloir des « réfugiés ».
Il arrive souvent qu’un policier, un gendarme ou un fonctionnaire tchadien soit abattu par un réfugié pour n’importe quoi et n’importe où.
Arracher les déjà maigres ressources des tchadiens devient une affaire banale. On n’en parle pas. Les tchadiens n’évoquent que les cas de tuerie, mais très rarement de spoliations.
A N’Djamena même, il ne se passe pas un seul jour où les éléments de l’armée de Deby dont une grande partie est d’origine soudanaise ne tuent pas au moins une dizaine de personnes.
X Rapport tchado-soudanais au sujet du Darfour
Les tchadiens que nous sommes, sont fatigués des guerres, de n’importe quelles guerres, internes soient-elles ou avec des voisins. Le peuple tchadien n’a nullement l’intention de se créer des ennemis imaginaires comme c’est le cas avec le Soudan voisin.
Contrairement aux allégations du régime de N’Djamena, le gouvernement soudanais n’a ni l’ambition moins encore les moyens de s’offrir le luxe d’un conflit en plus de ses problèmes internes.
Au contraire, comme il apparaît aux yeux de ceux qui veulent voir, le régime soudanais actuel a été d’un grand secours à Deby en s’impliquant comme médiateur pour faire regagner plusieurs opposants à N’Djamena, et ce, depuis 199 3.
En effet, plusieurs « réconciliations » ont été faites entre le pouvoir tchadien et les différentes factions de l’opposition armée grâce à la médiation du gouvernement soudanais.
En guise d’exemple, nous pouvons citer, entre autres, la réconciliation couronnée par la signature d’un accord signé à Aldjinena, le 14 mai 1993, entre le front national tchadien (FNT), dirigé par le Dr.Al Harith Albachar et le gouvernement tchadien.
Suite au désaccord entre Idriss Deby et le défunt Abbas Koty, sur les politiques et les orientations de l’Etat, le Soudan a pris l’initiative de les réconcilier. Un accord de paix a été signé, à Tripoli le 14 août 1993, entre les deux parties. Mais une fois rentré au pays, accompagné d’une délégation soudanaise, Abbas Koty fut froidement assassiné.
Le Soudan a chassé Hisseine Koty, petit frère de Abbass KOTY, ainsi que d’autres opposants au régime de Deby le 24 mars 1997.
Le 22 octobre 1997, le Soudan a réconcilié le gouvernement tchadien avec quatre mouvements d’opposition tchadienne suivant :
- Le Front National Tchadien (FNT), tendance politico-militaire de M.Babikir Ismail Kombo.
- Le Front National Tchadien Rénové (FNTR), de Adam Ahmed.
- Le Mouvement pour la Justice Sociale et la Démocratie (MISD), dirigé par Abdoul Khaligh Abdoul Malik.
- Le Conseil Démocratique Révolutionnaire (CDR), de Hamid Al Dirediga Outman.
Le soudan a également conduit le processus de négociation entre le gouvernement tchadien et le Mouvement pour la Démocratie et le Développement (MDD), en juillet 1999, de Moussa Madella.
Rappelons que ceux qui ont signé des accords de réconciliation avec Deby étaient contraints de repartir en rébellion à cause de son absence de sérieux à honorer ses engagements.
Parallèlement aux bons offices du gouvernement soudanais pour rapprocher Deby de ses opposants, l’armée, la police et les services de renseignement soudanais persécutaient les opposants tchadiens jusque dans leurs bases à l’intérieur du Tchad.
Dans sa logique de poursuite des opposants tchadiens qui refusent de se rendre à Deby, les forces soudanaises utilisent la force comme se fut le cas, en octobre 2005 dans la région de Djabal Moune.
En avril 2003, une force mixte tchado-soudanaise, sous supervision de Deby en personne, a quitté Tiné pour les montagnes de Bamechi où elle avait lancé une attaque contre les forces de l’opposition tchadienne basée à l’Est.
En avril 2006, avec la bienveillance du Soudan, les forces de Deby ont attaqué celles du RaFD de Timan Erdemi à Hadjar-marfaine. Le RaFD a administré une majestueuse gifle aux attaquants.
XI Le rôle de Deby dans la création de la rébellion du Darfour
Depuis l’indépendance du Tchad jusqu’à nos jours, aucun régime n’a eu à mettre les tchadiens dans une situation de guerre permanente intérieure et extérieure comme le fait actuellement le régime de Deby Itno.
En effet, après son implication dans des nombreux conflits en Afrique centrale, Deby a engagé son armée tribale au Darfour de manière arrogante.
En observant le paysage politique de la rébellion du Darfour, on constate que N’Djamena est l’instigatrice du conflit du Darfour. Ce constat est d’autant plus frappant que lorsqu’on jette un coup d’œil sur les dirigeants de la rébellion soudanaise.
Les faits parlent d’eux-mêmes :
• Tidjani Salim Djerou, le fondateur du Mouvement pour la Justice et l’Egalité « MJE », dirigé par Dr. Khalil Ibrahim, est un officier de la garde nationale tchadienne.
• Ahmed Tagod Lisan, adjoint du responsable des relations extérieures du MJE est un officier de la douane tchadienne qui a étudié au Soudan.
Bref, tous les officiers de la rébellion suivants sont, en fait, des tchadiens. Il s’agit de :
Abdul Allah Bunda, le colonel Abdul Allah Abakar, mort dans la bataille d’Abou Guimra, le colonel Djibril, le Lieutenant-colonel Saleh Aguid qui supervise les entraînements des forces rebelles ainsi que le commandant Djirdi Abdallah de l’armée nationale tchadienne.
Le 12 décembre 2005, colonel, Mahamat Ali Fakki a rejoint la rebellion du Darfour dans la région de Wadi Hor à la tête d’une force tchadienne composée de 150 soldats.
La tendance de Mini Arkawi composée à presque 60% des tchadiens, a, quant à elle, reçu de la part du régime de Deby des spécialistes en déminage le 27 décembre 2005.
Ces ingérences tchadiennes dans les affaires intérieures du Soudan sont doublées des actes de subversions commanditées par Deby lui-même.
L’illustration en guise d’exemple est la tentative du lieutenant-colonel tchadien, Bahraddine Djar Al Nabbi. Ce dernier fut arrêté par les autorités soudanaises, le 14 avril 2004, dans la ville d’Aldjinena alors qu’il était en train de préparer un attentat dans cette ville frontalière du Tchad.
Post-scriptum
1- Du tribalisme du régime
Loin de nous un malicieux mobile de décrire, de manière approximative, le régime du général Idriss Deby Itno comme étant un système de gestion tribale, ce qui est vrai, c’est un constat reconnu par la plupart des membres de sa propre tribu.
Le site tchadactuel, jugé proche du mouvement RaFD, mouvement dirigé par les jumeaux Erdemi, qui sont non seulement des zaghawa mais issus du même clan que le président Deby, fait du tribalisme du régime une arme principale dans sa lutte pour le renverser. Ce constat prouve, si besoin en est, que lorsqu’un tchadien parle du tribalisme du régime, comme il en était le cas, d’ailleurs, de celui de Hisseine Habré avant lui, il ambitionne tout simplement un système de gouvernance dénué de cette tare qui caractérise nos dirigeants successifs.
En observant avec objectivisme les cas d’assassinats et des règlements de compte dont l’auteur est Deby Itno, on constate aisément que plusieurs personnes issues de cette communauté on fait les frets de leurs positions patriotiques.
Pour preuve, Abbass Koty, Bachar Houno et Bichara Digui, cités plus haut, sont du grand groupe zaghawa comme le président lui-même.
2- De la question du Darfour
Parallèlement à ses efforts tendant à ramener la paix et la quiétude au Darfour, la communauté internationale devra nécessairement jeter un coup d’œil sur le calvaire du peuple tchadien qui souffre de la double sujétion de Deby Itno et la bande de pillards soudanais qui sont arrivés au Tchad dans les rangs de ses troupes.
La douloureuse question du Darfour n’aura une issue heureuse qu’en la traitant de pair avec la crise politique et militaire que traverse le Tchad.
Minni Arkou, un chef rebelle du Darfour signataire des accords de paix d’Abuja, disait au Président Bush lors d’une rencontre, «qu’il n’y aura pas de paix au Darfour tant que Deby sera au pouvoir au Tchad».
Les tchadiens, meurtris dans leur chair par un régime prédateur, souhaitent que les dirigeants africains changent de méthodes d’appréciation quant aux causes profondes du drame qu’ils subissent. Une véritable démocratie au Tchad ne serait possible que lorsque les causes de la mauvaise gouvernance seraient écartées.
Aussi, nous pensons qu’il est du devoir de nos dirigeants africains de ne plus soutenir un chef d’Etat qui n’a de Président que le titre.
Les pays africains ont le devoir moral de soutenir le peuple tchadien qui ploie sous la férule d’un homme amorale.
Soutenir Deby au détriment de tout le peuple tchadien est une erreur que les futures générations africaines ne pardonneront pas à leurs dirigeants actuels.
L’Afrique doit grandir; les dirigeants africains n’ont aucune raison de maintenir notre continent dans l’obscurantisme politico-administratif. Les peuples africains ont besoin d’être respectés à l’extérieur, mais ils ne le seront que lorsqu’ils se débarrasseront de leurs dirigeants fantoches.
Chers dirigeants africains, nous vous prions de bien vouloir aider le peuple tchadien à se débarrasser d’un homme qui ne vous honore pas en tant qu’interlocuteur. Vos peuples respectifs attendent de vous de la grandeur d’esprit, de la sincérité dans vos actions tendant à débarrasser l’Afrique d’un dirigeant du moyen âge, car vous n’êtes pas sans savoir que le président Deby n’est toujours au pouvoir que grâce à son instrument d’admonestation que sa police politique qui pratique un terroriste d’Etat qui ne dit pas son nom.
Quant à nous, peuple tchadien, nous ne nous lasseront jamais de lutter pour faire triompher le droit dans notre patrie, même s’il nous faudrait des siècles lutte.
Vive le Tchad Tout-puissant des hommes intègres
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